Tout avait bien commencé pour le public anglais avec cette cérémonie impeccablement délivrée. L'histoire de William Webb Ellis retracée en un monumental show visuel et pyrotechnique, un grand moment d'émotion. La deuxième couche venait peut après avec cet hymne anglais repris à l'unisson par les 82 000 spectateurs, c'est bon tout le monde était recouvert de frissons. Puis le match a commencé en trombe, les Ang
lais avaient faim de ballon et imposaient un rythme très élevé à leurs visiteurs du jour. Mais la petite bruine anglaise empêchait les actions d'aboutir, le ballon était glissant et les hommes fébriles. Très agressive, la défense fidjienne pliait mais ne cédait pas d'un pouce fasse aux assauts anglais. George Ford s'assurait d'occuper au pied et d'enquiller les trois premiers points de son équipe. Puis à la faveur d'un plaquage cathédrale de Nikola Matawalu, qui sortait sur carton jaune, George Ford ramenait les siens dans les 22 mètres fidjiens. Touche, maul pénétrant, et d'un seul paquet les avants britanniques s'écroulaient dans l'en-but. 8 puis 10 à zéro. Mike Brown faisait grossir le score avec une seconde réalisation après un jeu déployé classique mais la passe volleyée en bout de ligne d'Anthony Watson faisait la différence. 15 à 0, le match était près à basculer en faveur des Anglais. Mais Nikola Matawalu faisait un retour tonitruant sur le terrain. Deux minutes plus tard, cadrage débordement d'école sur Jonny May, course folle de 50 mètres et plongeon dans l'en-but anglais. Malheureusement, le ballon lui échappait et l'essai était refusé dans un second temps. Finalement, c'est Nemani Nadolo qui marquait les premiers points fidjiens après un coup de pied décroisé de Ben Volavola cinq minutes plus tard. 15 à 5, un essai qui remettait les fidjiens dans la partie. Le Swing low, Sweet chariot en prenait d'ailleurs un sacré coup. Une pénalité dans chaque camps et tout le monde rentrait au vestiaire dans une ambiance pesante.
Un deuxième acte fébrile puis complétement fou
La seconde période redémarrait sur le même rythme impulsé par les Fidji. Malgré un jeu décousu, les Fidjiens entrevoyaient la possibilité de faire douter les anglais et essayaient d'enfoncer le clou. En vain, Nadolo échouait par deux fois devant les perches et les Anglais revenaient aux bases de leur jeu : du jeu au pied, des pick and go et des mauls. Seul l'arrière, Mike Brown, impulsait un peu de vitesse dans le jeu britannique. Avec l'entrée des frères Vunipola et de Sam Burgess, le XV de la rose retrouvait un peu de couleur à 20 minutes du terme du match. Mais l'indiscipline anglaise laissait revenir les îliens. 18 à 11, le stade était proche du silence. On dit souvent qu'au rugby tout démarre devant. La 69ème minute sonnait le réveil anglais avec une mêlée enfoncée sur près de 10 mètres. Un ballon joué vite par Richard Wigglesworth et les Anglais étaient sur la ligne fidjienne. Après un jeu déployé sans surnombre, Owen Farrell coupait la ligne et en tombant libérait une chistera à Mike Brown qui n'avait plus qu'à conclure. Un essai à la fidjienne, le paradoxe. 28 à 11 après la transformation. Le XV de la rose se lançait alors dans une course contre le temps pour arracher le bonus offensif. Il fallait attendre le dernier ballon anglais à la 81ème minute pour voir Billy Vunipola aplatir après une relance à cinq mètres. Le stade exultait toute son angoisse. 35 à 11, pari réussi pour Stuart Lancaster malgré une belle frayeur.
Les bruits de vestiaires :Chris Robshaw : "On savait que ça allait être un test compliqué avec l’émotion qu’il y a eu cette semaine, la cérémonie d’ouverture, le coup d’envoi de cette Coupe du Monde. Mais ça a été, on a bien joué, on est resté concentré, c’est une très bonne opération de prendre les cinq points. On se doutait que les cinq dernières minutes allaient être cruciales, on n’imaginait pas que ça se jouerait dans les dernières secondes, donc on est très heureux."
Stuart Lancaster : "Dans le contexte de cette poule, c’est quelque chose d’énorme d’avoir pris les cinq points. C’est inestimable parce que ça va mettre la pression sur les autres équipes. Elles vont devoir inscrire quatre essais face aux Fidji. Or, je suis sûr que les Fidji vont tenir tête aux Australiens et au Gallois."
Le film du match :
Angleterre :
Brown, Watson, Joseph, Barritt (Burgess 61'), May, Ford (Farrell 61'), B.Youngs (Wigglesworth 50'), Robshaw (c), Morgan (B.Vunipola 50'), Wood, Lawes, Parling (Launchbury 50'), Coles, T.Youngs (Webber 73'), Marler (M.Vunipola 50').
Remplaçants : Webber, M. Vunipola, Brookes, Launchbury, B. Vunipola, Wigglesworth, Farrell, Burgess.
Essais : Pénalité (12'), Brown (21'), Brown (66'), Vunipola (81').
Transformations : Ford (13'), Farrell (67', 82')
Pénalité : Ford (4', 33'), Farrell (68').
Fidji :
Talebula, Nayacalevu, Goneva, Lovobalavu, Nadolo, Volavola (o), Matawalu (m), Matadigo, Quera (c), Waqaniburotu (Yato 60'), Nakarawa (48' Cavubati), Ratuniyarawa, Saulo (Colati 75'), Koto (Ravai 73'), Ma'afu (Talemaitoga 73').
Remplaçants : Talemaitoga, Ravai, Colati, Cavubati, Yato, Kenatale, Matavesi, Tikoirotuma.
Essais : Nadolo (27')
Transformations :
Pénalité : Nadolo (35'), Volavola (64')
Carton Jaune : Matawalu (12')