Judith Soula : Toulon est le favori, c'est pour toi l'équipe la plus homogène des quatre ? Eric Champ : J'ai suivi avec précision les deux matchs de barrage de ce week-end, j'espère ne pas passer pour un Toulonnais de base, bien que j'en sois un, et je le revendique. Mais je n'ai pas vu sur ce qui m'a été présenté entre le Racing et Montpellier, une équipe capable réellement de mettre en difficulté Toulon. Montpellier a sûrement des arguments, on parle de puissance, mais Toulon, ça ne va pas être des benjamins samedi soir. Je n'ai pas vu Montpellier, en mêlée fermée, écraser Castres, je pense que ce sera très clairement une des difficultés de Montpellier face à Toulon. Je les vois très puissants et assez dynamiques en seconde ligne, c'est peut-être là où ils ont un petit plus par rapport à nous. En troisième ligne, on n’aura pas Duane Vermeulen. Son absence sera préjudiciable ?Si on a un Juan Smith au niveau, je pense qu'il va faire plus que relever le défi. Ce sera un grand match, un match d'homme fort notamment devant. Mais il faudra que Montpellier fasse autre chose que ce qu'ils nous ont montré ce week-end. Clermont et Toulon n'ont pas joué ce week-end, c'est un avantage pour les Toulonnais ? Je le crois réellement. Il est clair que quand tu arrives en bout de saison et que tu peux aller un peu te reposer, à la fois physiquement, mais aussi psychologiquement, pendant une semaine supplémentaire par rapport aux autres, c'est un grand atout. Souvenons-nous que ça a beaucoup pesé lors des 4 ou 5 dernières saisons de Toulon qui jouait sur les deux tableaux. On est allé régulièrement en finale sur les deux tableaux, on le sait, les joueurs ne sont pas des machines, ils ne peuvent pas faire cinq ou six matchs internationaux en l'espace de quinze jours ou trois semaines. Je pense que c'est une très bonne nouvelle pour Toulon d'avoir pu se reposer.
"Si le tir au but est au rendez-vous dimanche, on ne sera pas loin de Barcelone"
Cette saison, on a eu le sentiment que les Toulonnais ne savaient pas tuer le match ? Tu as senti cette petite fébrilité ? Si ce n'est le point faible, c'est effectivement un sujet sur lequel on peut disserter. Toulon, les quatre dernières années, encore une fois désolé de faire le Toulonnais, mais Toulon était invincible avec Carl Hayman, Bakkies Botha, Ali Williams,... et Johnny Wilkinson, le Zidane du rugby. On n'a pas remplacé ces gens-là qui sont des joueurs hors normes. Aujourd'hui, on est dans le lot des 6 ou 7 meilleurs collectifs européens, quelques fois quand ces joueurs là, très fort, de grandes maturités tuaient le match, on ne pouvait plus nous rattraper. Le seul gros problème que je vois pour Toulon ce week-end, ce sera réellement le tir au but. Quand on avait Johnny Wilkinson, il aurait tapé à l'envers que ce serait passé. Si on a le tir au but qui est au rendez-vous dimanche, je pense qu'on le sera pas loin de Barcelone. Ça a été l'un des gros points de cette saison. On a vu la mêlée toulonnaise un peu bancale ces derniers mois, comment tu la juges ? Je pense que sur la mêlée, dite titulaire, c'est-à-dire Xavier Chiocci, le capitaine de l'équipe de France, Guilhem Guirado et Levan Chilachava, on a très très grosse première ligne. Peut venir se rajouter à ça Florian Fresia, je ne sais pas s'il sera dans le collectif, mais il est à peu près du même niveau que ces trois joueurs-là. Quand je donne ces noms-là, on a certainement la plus belle première ligne du Top 14, et aussi sûrement au niveau européen. Quand on fait rentrer la relève, parce qu'aujourd'hui on sait que tu ne joues pas des matchs de ce niveau sans relève, c'est un peu plus compliqué. Effectivement, deux ou trois fois sur des matchs qu'on a perdus, c'est là où l'on a été pris, et quelquefois en grande souffrance. Ce sera, en plus du tir au but, la vraie équation de samedi prochain. Est-ce que le banc au niveau de la première ligne sera capable de relever le défi qui sera proposé ?