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Étrangers, JIFF, projet de jeu, parlons du rugby français

Par Arnaud Rey

Après l'élimination du XV de France suite à une leçon des All Blacks (62-13), le rugby français a pris des claques dans tous les sens. Le Président de la Fédération Française de Rugby avait donc convoqué hier un Bureau Fédéral extraordinaire au CNR de Marcoussis. Le résultat ? Rien pour le moment si ce n'est la création d'une nouvelle cellule technique pour trouver des solutions aux Bleus.

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Pierre Camou, le Président de la Fédération Française de Rugby, au lendemain de la défaite des Bleus face aux All Blacks.

© FRANCK FIFE / AFP
Pierre Camou, le Président de la Fédération Française de Rugby, au lendemain de la défaite des Bleus face aux All Blacks.

En fin d'après-midi hier, la Fédération Française de Rugby s'est fendue d'un communiqué très lisse avec comme clair et unique but de calmer les choses après la montée en pression du début de semaine. Réunis autour d'une table, l’ensemble des membres du Bureau Fédéral élargi de la FFR ainsi que Didier Retière, Directeur Technique National de la FFR, Paul Goze, Président de la LNR et Jean-Pierre Lux, ancien président de l’ERC et membre du Comité Directeur de la FFR, ont donné leur avis suite à la déroute du XV de France dans cette huitième Coupe du monde de rugby.De ses discussions ressort forcément "un objectif commun de mettre le XV de France au centre de l’organisation du rugby français afin de favoriser sa compétitivité". Selon la FFR, "des pistes de travail à court, moyen et long termes ont été évoquées et une cellule technique sera constituée et aura pour objectif d’étudier les mesures à prendre pour donner au XV de France les moyens d’être plus performant". Après le Conseil des sages, censé chapeauter le XV de France en vu de ce Mondial, voici une nouvelle commission sortie tout droit du chapeau des instances fédérales. La composition de celle-ci sera communiquée sous une quinzaine de jour par Pierre Camou et Paul Goze. Mais qu'est-ce qui cloche principalement dans notre système français ?

Trop d'étrangers, pas de place pour les jeunes internationaux

Il y aurait beaucoup de choses à dire après cette défaite sanguinolente face aux Champions du monde en titre. Mais tout n'est pas à jeter dans le rugby français. Le système de formation est plutôt bon mais ce qui cloche c'est l'accession au très haut-niveau de nos jeunes joueurs notamment ceux de l'équipe de France des Moins de 20 ans.Parmi les 28 joueurs retenus avec les Bleus lors du dernier Mondial U20, on en recense peu sur les feuilles de matchs de Top 14 et Pro D2 si ce n'est le talonneur francilien Camille Chat, le troisième-ligne de l'USAP Lucas Bachelier, les trois-quarts bayonnais Martin Laveau et Lucas Méret, le Toulousain Arthur Bonneval, le Parisien Matthieu Ugena, et le Rochelais Eliott Roudil qui tirent vraiment leur épingle du jeu.

Juan Martin Fernandez Lobbe, l'un des étrangers du RCT

© FRANCK PENNANT / AFP
Juan Martin Fernandez Lobbe, l'un des étrangers du RCT

Et encore, il faut prendre en compte l'absence des internationaux convoqués à la Coupe du monde qui a crée des besoins à plusieurs postes dans les clubs...La trop forte présence d'étrangers en Pro D2 et Top 14 y est pour beaucoup. Si on compte les internationaux de l'hémisphère sud convoqués au Mondial 2015 qui jouent en France, ils sont pas moins de 28 en Top 14 et 8 en Pro D2. Mais la proportion d'étrangers est bien plus importante si on rajoute ceux qui ne sont pas internationaux comme par exemple le dernier Néo-Zélandais arrivé au Racing 92, Ben Tameifuna.Aujourd'hui, le quota de joueurs issus de la formation française (JIFF) est de 55% sur une feuille de match. Raisonnablement, une augmentation de ce quota jusqu'à 75% serait déjà une grande avancée pour les jeunes français qui se morfondent chaque dimanche de ne pas jouer en équipe première.

Un vrai projet de jeu

La France possède de très bons joueurs mais s'ils ne jouent pas c'est problématique. Le problème vient aussi du projet de jeu proposé. Si celui qui est mis en place ne colle pas même les meilleurs joueurs du monde traîneront la patte. Le jeu du XV de France doit se structurer en profondeur avec un projet ambitieux, précis, et en accord avec les capacités des joueurs sélectionnés. Par exemple, Yoann Huget et Noa Nakaitaci n'auront jamais la puissance de Julian Savea mais ils pourront le contrer par la vitesse et la technique.Le groupe doit également être plus figé qu'il ne l'a été pendant l'ère de Philippe Saint-André. Pourquoi ne pas fonctionner comme nos voisins britanniques ou comme dans l'hémisphère sud avec un groupe principal composé de nombreux jeunes joueurs talentueux mais avec un besoin de s'aguerrir ? En quatre ans, les résultats pourraient être compliqués au début puis très vite probants. Mais le chantier du nouveau sélectionneur français, Guy Novès, est énorme surtout qu'il va arriver en pleine période de campagne pour la présidence de la FFR.Le calendrier du Top 14 va-t-il s'alléger avec la création d'un Top 12 ? Le salary cap et le quota de JIFF vont-il bouger ? Quoiqu'il arrive, il faut aussi remettre les choses dans leur contexte. Inutile de comparer l'hémisphère nord à son homologue du sud car les systèmes diffèrent totalement. Là-bas, il n'y a pas de clubs mais des provinces, les joueurs sont sous contrats avec leurs fédérations, et le rugby à sept est une rampe de lancement pour le XV d'où ces habilités techniques et physiques beaucoup plus criantes.Sans parler de l'implantation du rugby dans les écoles, collèges, et lycées, des méthodes d'entraînement et des caractéristiques physiques de ces populations. Il est illusoire de penser que le rugby français va changer à très court terme mais si déjà nous faisons certains aménagements comme ceux mentionnés plus haut, il ne fait nul doute, comme l'a souligné sur notre antenne l'ailier argentin Juan Imhoff, que le XV de France pourrait prétendre au titre de "meilleure équipe du monde".

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