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Fabien Galthié : "les français ont joué à 60% d'intensité maximale"

Par Mathilde Régis

Ce soir sur Sud Radio Sports, Judith Soula recevait Fabien Galthié pour un entretien exclusif. Retour sur le premier match de ce tournoi des six nations de l'équipe de France avec un passionné de l'ovalie, ancien entraîneur du XV.

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Judith Soula : Je suis en compagnie de l'ancien capitaine de l'équipe de France, aujourd'hui consultant pour France Télévisions. Tu viens de commenter ce match de l'équipe de France, qu'en as-tu pensé ? Fabien Galthié : C'est une équipe de France qui débute, soucieuse de s'appliquer et de mettre en place l'animation offensive. On voit que l’équipe se cherche, hésite à mettre de la vitesse et ne joue pas avec des réflexes collectifs acquis. Elle semble jouer à 60% de sa vitesse maximale et de son potentiel. Elle semblait aussi en difficulté défensivement. Ils ont fait des choix, je crois qu'ils ont travaillé essentiellement l'animation offensive et assez peu la défense. Ça a failli leur couter cher. Elle t'a inquiété cette équipe de France ? On aurait pu perdre. Clairement, les Italiens ne sont jamais passés aussi près de gagner à Paris. Guy Novès l'a avoué en conférence de presse, il a pensé à un moment donné qu'il avait perdu le match...À huit points d'écarts quand il reste un quart d'heure de jeu, c’est sur. Mais l'équipe a su réagir et c'est ça qui est positif. Pour moi, Jules Plisson a pris les clés du camion à 20 minutes de la fin, il a pris les tirs au but, le jeu au pied long et l'animation offensive. Je pense qu'il a joué un rôle important dans cette victoire. Justement, c'est une jeune charnière avec Jules Plisson et Sébastien Bézy associés pour la première fois. En tant qu'ancien demi de mêlée, qu'as-tu pensé de Sébastien Bézy ? On l'a senti un petit peu timide. Dans son jeu de demi de mêlée pur, c'était pas mal, franchement. Il a joué juste et il a redressé des situations qui étaient parfois compliquées. Mais à l'image de l'équipe, il n'était pas totalement en place. Ensuite malheureusement pour lui, dans son rôle de butteur c'est un 0%. Et ça, ça a été un échec. Mais Jules Plisson a pris le relai de manière efficace parce qu'il a fait un 100%. Au niveau de l'animation offensive, on va vers autre chose par rapport à ce qu'on nous proposait depuis quatre ans ? C'est totalement opposé. L'ambition offensive de ce match était de jouer large avec des joueurs replacés sur la largeur, un mélange d'avants et de trois quarts sur le centre du terrain. Ça a bien marché parce qu'ils ont quand même marqué trois essais qui se ressemblent. Par contre, ça a aussi laissé place au doute. On est passé d'une équipe qui faisait pratiquement que des mauls et du jeu à une passe à une équipe qui s'est mise à chercher la largeur et le jeu de passe. Peut-être que ce jeu a manqué d'alternance. Il faut aussi être capable de porter les ballons et de défier une équipe dans le sens de la profondeur pour essayer de la resserrer et de lui poser des problèmes de redistribution. Est ce que cette équipe n'a pas manqué de rythme ? On a eu parfois l'impression que c'était les Italiens qui l'imposaient. Parce que les Français cherchaient leurs repères. Pour moi, ils ont joué à 60% d'intensité maximale. Ils ont encore de la marge. Tu t'attendais à voir une aussi belle équipe d'Italie ? Je pense surtout qu'on leur a laissé la place. On va attendre la compétition. Mais je pense que l'équipe d'Italie a autant fait son match que l'équipe de France. Les Français n’ont pas su imposer à la fois le combat et le talent qu’ils ont. Pour toi c'est donc davantage l'équipe de France qui a mal débuté son tournoi que l'équipe d'Italie qui a proposé un très grand match ? C'est les deux. Les Italiens ont été surpris d'avoir autant d'espace, notre défense leur a laissé beaucoup de place. Les Français se sont appliqués, mais ils ont eu du mal à assumer cette transition assez violente d'un jeu à zéro passe à un jeu de passes. La semaine prochaine ce sera l'Irlande, il faudra élever son niveau de jeu et ne pas laisser autant d'espace. On l'a vu, on a aussi laissé beaucoup de ballons. Face à l'Irlande, ça ne pardonnera pas. On ne sait pas trop quoi penser de cette équipe d’Irlande comme elle était en reconstruction. À chaque début de tournoi des six nations, on ne connait pas trop les équipes parce qu'il se passe du temps, il y a des joueurs blessés, de nouveaux entraîneurs... C'est un peu le saut dans l'inconnu. C'est qui est bien c'est que l’Italie était un entraînement grandeur nature pour l'équipe de France. Cette expérience va compter pour le week-end prochain. Toutes ces minutes passées ensemble sont gagnées dans la maturité, dans la maîtrise et surtout pour élever le niveau de jeu de l'équipe. C'est une victoire étriquée, mais qui permet de cumuler des minutes de temps effectif. Et puis aussi de prendre un peu de confiance ? Je ne sais pas si le mot confiance peut être utilisé sur ce match-là. On a gagné et on dit plutôt "ouf". Ça permet de travailler un peu plus sereinement, mais je ne pense pas que les joueurs aient pris plus de confiance. Peut-être qu’en revanche, ces trois essais vont leur apporter des certitudes sur leur animation offensive. La perte d'un Louis Picamoles au bout d'un quart d'heure de jeu a aussi déstabilisé le paquet d'avants ?Je crois que c'était le meilleur avant français durant la coupe du Monde. La perte rapide de Louis Picamoles a contribué à installer une forme de doute. Tu as quand même pris du plaisir à commenter ce match ? Tout le monde a dit qu'on s'était ennuyé pendant la dernière coupe du monde, la page est-elle tournée ?Je me suis toujours régalé à voir jouer l'équipe de France. J'ai vu un beau match de rugby, les Italiens m'ont régalé autant que les Français. Cinq essais au total, ça me va. La dernière action de Sergio Parisse, cette tentative de drop, comment l’expliquer ? Il cherche la faute et la possession. Ils ont intelligemment pris conscience qu'ils ne feraient pas la différence par les trois quarts. C'est un enchaînement de séquences épuisantes après une mêlée aux quarante mètres. Ils avancent, ils rentrent dans les 22 mètres. On sent plusieurs choses, qu'il cherche la faute, puis le déséquilibre pour mettre leur butteur en position de drop. Le problème c'est qu'ils n'avaient pas de butteur. Ce n'est pas un peu trop d'ego de la part du capitaine italien ? Et s'il le met ? Je l'ai entrainé Sergio Parisse, il les met les drops. Tu commentes les matchs sur France Télévision depuis 11 ans, le terrain ne te manque pas aujourd'hui ? Non, pas du tout. J'ai ma vie privée, je ne vais pas tout dire. Mais question rugby, je regarde essentiellement les matchs et j'ai plaisir à les commenter. C'est déjà pas mal. J'adore jouer à toucher. Le dimanche de 11 heures à 13 heures, j'ai lancé un toucher depuis le début de la saison. Il y a les enfants de 13-14 ans et les parents qui jouent, c'est génial. L'entraînement ne te manque pas ? Le rugby, c'est ma passion, je suis tombé dedans quand j'étais petit donc cela ne me manquera jamais. Après pour l'action dans le rugby, je pense qu'il y a des cycles. Depuis l'âge de six ans, je suis dans les vestiaires, j'en ai bientôt 47. Je n'ai pas vraiment coupé, je suis devenu entraîneur du stade français après avoir joué ma dernière coupe du monde 2003. Après quatre années, j'ai enchainé avec l'Argentine pendant deux saisons puis Montpellier pendant quatre saisons et demie. Ça fait un an que je n'entraîne plus, c'est intéressant aussi de prendre un peu de recul et d'écouter les consultants.Tu parlais de Montpellier, le jugement de ton conflit avec le président Altrad sera rendu le 21 mars, qu'est ce que tu attends de ce jugement ? Je préfère ne pas parler de ce sujet. Pour moi, je n'entraîne plus depuis un an et ça s'arrête là. Je me suis quand même amusé à Montpellier pendant quatre ans et demi. C'est une équipe qui était annoncée à la descente quand on est arrivé avec Éric Béchu. On les a mis dans le dernier carré. Ce n'est pas facile de prendre une équipe qui joue la douzième place et de l'amener dans le dernier carré. Seul joueur français a avoir disputé quatre coupes du monde, tu as déclaré : "on juge souvent la performance d'un sélectionneur sur le tournoi des six nations", cette première s'est plutôt bien passée pour Guy Novès ? C'est une victoire. Si elle s’est bien passée, je ne sais pas, mais c'est une victoire.Pour retrouvez toute l'émission en podcast, cliquez ici.

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