Sud Radio Sports : Perpignan n'a plus vraiment son destin en main pour la qualification, comment le vivez-vous ? François Rivière : On ne le vit pas bien, je préférerais qu'on ait pris suffisamment d'avance pour être à coup sûr en demi-finale. J'ai appris lors de ma toute première année de président sur un match face à Clermont où notre buteur ne passe pas la pénalité face au poteau et où il y a une conjonction d'évènements qui nous sont défavorables et l'on se retrouve en D2. Dans le sport, il faut accepter parfois la loi du mauvais sort. La première année, vous aviez affiché un objectif de remontée immédiate. Cette année vous aviez parlé de qualification en demi-finale. Cette saison a été marquée par beaucoup d'irrégularité. Qu'a-t-il manqué à l'USAP pour jouer les premiers rôles cette saison ? Sur le plan sportif, notre conquête était trop variable et trop imprécise. Quand on n'a pas suffisamment de ballons hors mêlée ou en touche, on peut difficilement faire jouer derrière les lignes de trois quarts. Et globalement, je crois qu'il manque un peu un esprit de combat. C'est certainement ce sur quoi Christian Lanta et les deux coachs vont devoir travailler le plus cet été pour le régler pour l'an prochain. Là vous n'y croyez plus ou vous avez un petit espoir pour cette qualification ? Je dis toujours que le proverbe le plus idiot c'est : il ne sert à rien d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Je pense qu'il faut espérer pour entreprendre et réussir pour persévérer. Dans mon cas de figure, j'ai fait quatre minutes d'arrêt respiratoire il y a quatre mois et derrière trois semaines dans le coma, encore heureux que je croie en la vie et au fait que les choses puissent sourire. C'est évident que ce n'est pas une situation simple, mais à la base du plan ambition, que j'ai rendu public il y a un an, j'avais dit qu'il nous faudrait 4 ans pour remonter en Top 14. On est à la deuxième année, donc on va bosser. On a fait un recrutement assez costaud pour l'an prochain. L'objectif reste le même : un club comme l'USAP ne peut pas rester en D2, l'objectif doit être le Top 14.
"Il faut que j'assume mes responsabilités en tant que patron"
Vous avez déclaré "si je n'y arrive pas, je rends les clés du camion". Est-ce que votre avenir personnel est aussi lié à l'avenir sportif de l'USAP, Top 14 ou Pro D2 ? C'est vrai que j'étais un peu chaud ce jour-là, je le reconnais. C'est comme quand parfois on me fait un procès en catalanité en me disant : "il ne faut garder que des joueurs catalans, que l'avenir de l'USAP ne passera que par cela". Ce à quoi je réponds : "l'avenir de L'USAP passera par les meilleurs joueurs". La meilleure preuve c'est que c'est un Savoyard qui a mis toutes ses économies dans l'USAP qui vous le dit. À un moment donné, il faut se battre, y croire et puis aller de l'avant. Je me suis donné 4 ans pour remettre le club dans l'élite du rugby français. Si je n'y arrive pas, je dois prendre mes responsabilités. Je fais ça par ambition et par passion de l'USAP. Ça n'a aucun sens de rester à la tête d'un club si je ne vais pas au bout de ce que j'estime bon pour le club, à savoir le retour dans l'élite. J'ajouterai que l'usap a encore montré cette année dans les retransmissions télés que c'était la marque du rugby français, en D2 en tout les cas, qui avait la plus forte notoriété. Il faut que pour tout ce pays catalan, j'en fasse quelque chose. C'est vrai que je prends des risques financiers en y mettant beaucoup d'argent à titre personnel et beaucoup d'énergie. Parce que je crois que c'est possible et je dois être clair aussi vis-à-vis de tout le monde, imaginez que je sois à titre personnel, ce que je ne crois pas, en situation d'échec, effectivement il faut envisager de devoir laisser la place à des gens plus compétents. Mais ça ne veut pas dire pour autant que je ne resterai pas actionnaire du club. En tant que patron, si je veux pouvoir donner à un moment donné un signe clair de la stratégie sportive et professionnelle, il faut que j'assume mes responsabilités. C'est ça que j'ai voulu dire. J'ai voulu rappeler aussi tous ceux qui étaient parfois des supporters, mais qui étaient souvent très critiques pour le club en disant attention, dans cette région catalane, il ne nous reste pas des dizaines de marques qui ont la notoriété de l'USAP. Ce que j'attends, c'est que vous soyez tous derrière moi, moi je vous garantis que je fais le job. La meilleure preuve, c'est qu'on n'est pas dans la situation de Bourgoin et ne sommes pas convoqué pour l'examen de nos comptes et une possible relégation. Pourquoi, parce qu'entre temps j'ai donné les garanties de plus de deux millions d'euros et j'ai fait les virements de compte courant pour que les finances de l'USAP ne soient pas enterrées par une saison un peu plus difficile sur un plan sportif.
"Les Catalans vont montrer qu'ils sont tous derrière ce club"
Vous vous rendez à Dax pour le dernier match, un club qui est relégable. Vous le dites, nous avons appris cette semaine la probable relégation pour souci financier de Bourgoin avec Tarbes. Est-ce que cela peut avoir des répercussions dans la tête des joueurs ? Là aussi, j'arrête de me faire des nœuds au cerveau là-dessus parce qu'il y a des cas de figure qui jouent dans tous les sens. Colomiers n'aura aucune envie de nous faire des cadeaux et de passer à côté d'une remontée. À ce niveau-là de la compétition, tous les matchs sont importants. Si l'USAP est à ce moment de la compétition dans une situation un peu compliquée, elle le doit avant tout elle-même. Et puis peut-être aussi par moment par la faute à pas de chance, ce serait bien que le ciel nous sourit un petit peu. La saison prochaine, Christian Lanta arrive en tant que manager sportif et travaillera avec le staff actuel. Il les a entraînés à Agen il les connait bien. Qu'est ce que vous attendiez de ce trio, quel sera le rôle de Christian ? J'avais besoin de quelqu'un qui nous structure le sportif au niveau des recrutements. On s'aperçoit maintenant que le recrutement est un travail à longueur d'année. Deuxièmement, au niveau de la passerelle avec notre centre de formation est un point très important. Troisièmement, pour les conditions d'entrainement et être certain que l'équipe soit optimale. Le public de Perpignan est très exigeant, ils ont même un peu boudé par moment le club cette saison. Vous ne craignez pas un désamour pour la saison prochaine en cas de non-qualification ? Je pense que c'est le contraire. Les Catalans l'ont montré au moment de mon accident et suite à mon coup de gueule il y a dix jours. Je pense que les Catalans vont montrer qu'ils sont tous derrière ce club. Je voudrais ajouter que nous avions prévu une baisse de recette sur cette deuxième année de D2. On le sait, il y a toujours un affaiblissement. Mais ce qui a fait très mal, c'est les matchs le jeudi et le vendredi et surtout ceux à 19 heures, parce qu'il n'y a pas le temps d'arriver au stade. C'est là dessus qu'il nous manque 500 000 euros de recette nets. C'est bien la conséquence des horaires du jeudi et du vendredi, comme c'est d'ailleurs partagé par mes confrères présidents de club. Cette année on est passé de 12 000 à 8000 spectateurs, c'est vrai qu'il a un petit affaiblissement de la deuxième année de D2, mais là ça n'a pas été un petit affaiblissement, mais une perte. On s'en rend compte lors des retransmissions télévision, que les matchs soient à Béziers ou à Biarritz, le stade peut être au trois quarts vides. C'est un phénomène qui est dans l'ensemble. On pourrait s'en réjouir pour nos sponsors parce que le fait qu'on soit la première retransmission de télé sur Canal + c'est intéressant pour eux. Mais je trouve qu'on s'éloigne un peu de notre rugby historique qui était le rugby de proximité, de famille, de village et de rencontre.