Imanol Harinordoquy : Ces victoires sont encourageantes. Il y a de la fraîcheur, de l'enthousiasme et de la jeunesse. Certes, c'est une équipe inexpérimentée, mais elle gagne en expérience en jouant. On l'a vu, il y a une volonté de faire des passes. On a remis l'accent sur la conquête et la défense lors du deuxième match. On a une équipe qui a gagné son match défensivement et qui a fait preuve de caractère, c'est peut-être là, la patte de Guy Novès. Maintenant, tout n'est pas parfait et il y aura forcément des matchs plus compliqués. Mais je crois que c'est déjà un très bon bilan d'avoir gagné ces premiers matchs.C'est le retour du jeu de mouvement ?On a vu beaucoup de passes, mais on n’a pas vu beaucoup d'efficacité. Il y a eu la volonté de fermer le ballon, c'est déjà très bien. Mais dans les matchs, quel qu'il soit, il faut quand même d'abord avancer dans le jeu. Pour moi on a manqué d'avancée et de victoire dans les duels individuels. Mais les défenses sont très costauds. On ne va pas râler, c'est quand même très bien d'avoir gagné ces matchs.Le prochain match est vendredi soir à Cardiff face aux Pays de Galles, tu fais partie de la dernière équipe à avoir battu les Gallois. C'était en demi-finale de Coupe du Monde en 2011. À quel genre de match doit-on s'attendre ?C'est certainement l'équipe qui va nous poser le plus de problèmes. Elle est vraiment complète avec une très bonne conquête et une défense agressive. Elle aussi un très gros état d'esprit, on les a souvent vu en difficulté face à de grandes nations, malgré tout, ils n'ont pas lâché le morceau. Ils ont une volonté incroyable. Offensivement, c'est une équipe joueuse qui ne se contente pas de rester dans un cadre, qui s'adapte aux situations adverses et qui peut amener un peu de prise d'initiatives pour nous mettre en difficulté.Pourquoi parle-t-on de magie lorsqu'on évoque ce Tournoi ?C'est vraiment la compétition qu'on attend quand on est joueurs, mais aussi quand on est supporters. Il y a la magie de jouer contre ces nations, d'aller à l'étranger, de rencontrer une autre culture et une ferveur particulière. Je pense à ces matchs, la première fois que je suis allé en Écosse. L'hymne a cappella avec les cornemuses, ça donne vraiment la chair de poule. Aller dans le temple de Twickenham ou aller en Irlande, jouer au millénium stadium qui est certainement le plus beau stade du monde. Il y a vraiment une ambiance particulière autour de ces matchs où les supporters se retrouvent. Il y a une communion, c'est vraiment une fête, et il y a surtout le tournoi à gagner. Faire un grand chelem, c'est unique.Aujourd'hui, tu crois en cette équipe de France en reconstruction ?Je le répète, on ne va pas non plus s'emballer, il va falloir lui laisser le temps de grandir. Ce dont j'ai envie, c'est de voir cette équipe gagner des matchs comme elle l'a fait, mais aussi se construire, faire confiance à ce groupe de joueurs, aller chercher aussi d'autres joueurs, la politique de l'homme en forme on verra ce que ça donnera. Mais pour l'instant on le sait, le match qui arrive est le plus important du tournoi. C'est le match charnière, même si on ne déduira pas de ce match l'optique de la fin du tournoi. En gagnant, on peut commencer à rêver à un grand chelem, en perdant, il y aura encore deux matchs derrière. Mais c'est sur, ça va être le match le plus excitant de ce tournoi.Après le match contre l'Irlande, Guy Novès a déclaré : "On a retrouvé l'esprit d'équipe de club". Est-ce que c'est possible en équipe de France d'avoir cet état d'esprit ?C'est quand même compliqué parce qu'on ne vit pas vraiment comme un club, on se retrouve le lundi pour jouer le dimanche. Les joueurs sont rentrés dans la semaine, repartent, ils font des allers-retours. En tout cas, on a eu des joueurs qui ont mouillé le maillot et ça fait plaisir. C'est important d'avoir ça quand on met ce maillot, parce qu'on représente quand même un pays. En jouant comme ça, on ne gagnera certainement pas tous les matchs, mais déjà, l'équipe de France sera une équipe difficile à battre. C'est le plus important quand on joue en équipe.Il y a de la place pour l'affect en équipe de France ou c'est dur ?C'est important d'avoir les affinités que l'on a plus ou moins avec les joueurs. C'est sur que dans l'état d'esprit, le fait de former un groupe, qu'ils vivent bien ensemble et qu'ils s'entendent bien avec des règles de vie, c'est très important. Je pense que ça peut exister en équipe de France.L’État d'esprit a changé du côté de Marcoussis, il n'y a plus d'amendes, car plus de retards. Ça ne t'étonne pas avec Guy Novès peut-être…C'est vrai que quand tu as une réunion avec Guy, tu n'as pas envie d'être en retard.Il y a également des primes au mérite, tu en penses quoi ?C'est de coutume maintenant dans notre sport. Je crois que c'est quelque chose qui va arriver même en club, à savoir des contrats avec des primes d'objectifs. C'est certes un métier, mais c'est avant tout un sport. Je crois que c'est bien de récompenser l'investissement des joueurs. Après, je peux vous garantir que quand on rentre sur un terrain, on ne pense pas à la prime, mais à la fin du match, quand il y a cette carotte, c'est un petit plus. Je crois que ça fait aujourd'hui partie du sport professionnel.En tout cas on l'a vu, Guy Novès impose le respect, la confiance. Les jeunes l'appellent Monsieur Novès. Tu l'as connu pendant un an à Toulouse, il impose le respect ?Il impose une certaine crainte et forcément un respect. Mais je crois que ça fonctionne aussi dans les deux sens avec lui. C'est quelqu'un à qui il faut donner et je pense que lui aussi sait donner de sa personne.Comme nous disait Maxime Médard, avec Guy Novès, il faut être performant et c'est tout ce qui compte. Tu partages ce sentiment ?C'est surtout la prime à l'état d'esprit. Je pense qu'on peut louper, qu'on peut manquer des choses, mais je crois qu'il récompensera toujours un joueur qui se donne à 200 %. Je pense qu'il va réussir, il a déjà commencé à le faire, à imposer l'investissement et l'engagement qu'il faut mettre quand on représente son pays.
Imanol Harinordoquy : "Un grand chelem, c'est unique"
Par Mathilde Régis
Lors du Grand Entretien de Sud Radio Sports, Imanol Harinordoquy n'a pas seulement parlé du Top 14 et son club du Stade Toulousain, il a également évoqué l'équipe de France version Guy Novès avant de se prêter au jeu du "Si t'étais".