Sud Radio Sports : Tout le monde a parlé ce weekend de ce geste incroyable face au stade toulousain dans ce match nul, 21 partout. Expliquez-nous ce qui vous est passé par la tête, est-ce que vous avez senti que Sébastien Bézy était trop près, est-ce que c'est votre expérience qui a payé ? Jean-Baptiste Péjoine : Quand MacAlister a aplati sous les poteaux, tout le monde était un peu démobilisé et démoralisé. À contrario, tous les Toulousains se prenaient dans les bras. C'est là que j'ai vu que Sébastien Bézy ne se reculait pas énormément. Donc j'ai essayé de ne pas trop me montrer, je suis resté là et je me suis dit que c'était peut-être le coup à tenter. C'est incroyable, il y a une chance sur mille de réussir un contre comme ça sur un coup de pied tendu de Bézy. Vous êtes allé le voir à la fin du match ?Non je n'ai pas osé, même après avoir contré son coup de pied, je ne me suis pas permis d'aller lui dire quelque chose. Je pense que c'est un moment un peu difficile pour lui, je sais que son frère a été le voir pour le réconforter un petit peu. C'est un garçon qui a un super état d'esprit sur le terrain. Nous on était déjà quand même heureux de pouvoir conserver ce match nul. Après, il en mettra d'autres, et maintenant ça m'étonnerait qu'il se refasse contrer une deuxième fois.
"le plus important reste les performances collectives"
Vous avez bientôt 36 ans et ce fameux record qui sera battu la semaine prochaine face à Clermont : 264 matchs disputés avec cette équipe de Brive, un record d'Alain Penaud, également un monument du club. On doit vous le rabâcher toute la semaine ce record ? Oui un peu, c'est vrai que j'ai eu quelques articles dans la presse locale. En plus je l'ai égalé sur un gros match à domicile, je vais pouvoir le battre, c'est un petit clin d’œil supplémentaire. Je suis quand même plutôt fier à titre individuel quand je regarde un peu mon parcours à Brive. Après, le plus important reste les performances collectives. Je crois que cette saison montre un beau visage de notre équipe et du club. À nous encore de pouvoir essayer d'évoluer jusqu'à la fin de la saison. Ugo Mola parlait du club comme d'un exemple du Top 14 pour l'engagement, la solidarité et le collectif. Vous cultivez ça à Brive ? Bien sûr, on le cultive depuis notre remontée de la Pro D2. Maintenant en Top 14, on ne peut plus seulement jouer avec l'esprit et pour le cœur. Mais c'est vrai que souvent, l'engagement et la combativité nous font rentrer dans les matchs. Après, face au stade toulousain par exemple, on a aussi su créer des situations. On est pas là que pour faire des ballons portés ou des mêlées. Mais c'est sur que c'est un curseur important dans notre équipe et dans notre ADN.
"Le Top 14 est un championnat de plus en plus compliqué"
Votre seul regret peur être est de ne pas avoir une cape avec l'équipe de France ? Regret non, parce qu'on le sait tous, quand j'étais en pleine possession de mes moyens il y avait quand même trois ou quatre demis de mêlée de très très haut niveau en équipe de France a ce moment-là. On a joué beaucoup de maintien avec le club de Brive et j'aurai peut être voulu accrocher les phases finales avec ce club. On a connu ça en Pro D2, et c'était magnifique, car on se rapproche vraiment de notre public. Après est-ce qu'on reconnaitra ça en Top 14, je ne sais pas. On travaille pour et on essaye de le faire, mais le Top 14 est un championnat de plus en plus compliqué, avec de gros budgets. Déjà, se maintenir, c'est souvent un exploit. Il faut continuer à travailler, car on ne sait jamais. Vous êtes huitième au classement, vous parlez des six premiers, vous y croyez entre vous ? En faisant seulement deux points à la maison contre Toulouse, c'est un petit peu plus compliqué maintenant. On est à 38 points et les autres ont quand même beaucoup avancé, notamment les Bordelais et les Montpelliérains. On sait qu'on a un calendrier un peu plus compliqué en ce moment parce qu'on va se déplacer à Clermont puis à Grenoble.On sait aussi que la fin du championnat nous laisse un calendrier un peu plus simple donc il faut rester à portée de tir. Vous avez déjà pensé à votre reconversion ? J'ai essayé d'anticiper un peu la fin. J'ai une brasserie et une base de loisir, ça me permet d'évacuer un peu la pression au quotidien avec le sport, parce qu'elle est quand même assez costaud. J'ai d'autres préoccupations et ça me permet d'évacuer et de revenir sur le pré avec plus de joie de vivre et d'engouement. J'essaye d'avoir seulement de la pression positive.