Judith Soula : Tu as été formé à Montpellier, tu es vice-champion de France avec eux en 2011 avant de quitter le club en 2013. Même si aujourd'hui tu évolues au stade français, le MHR est ton club de cœur. Est-ce qu'aujourd'hui tu reconnais toujours ton club ? Julien Tomas : Honnêtement non. C'est vrai qu'il y a eu beaucoup d'évolution entre temps, notamment quand il y a eu cette transition avec Fabien Galthié. Il était déjà venu remettre en place un système et un recrutement qui lui étaient propres. Derrière il y a l'arrivée de Jake White, entraîneur sud-africain qui a carte blanche par le président, qui recrute, et qui veut tout mettre en œuvre pour être champion rapidement. C'est un Montpellier que je n'ai pas connu et qui a beaucoup changé, notamment en cassant un peu ce noyau dur qu'il y avait au début. Mais bon, c'est l’évolution du rugby aussi. Il y a quand même un peu de fierté de voir aujourd'hui le parcours de Montpellier avec ce titre de Challenge européen, cette demi-finale ? Bien sûr. Voir son club de cœur arriver dans le dernier carré et montrer que c'est un club qui a grandi et qui devient de plus en plus puissant, forcément c'est une fierté. Après, ils mettent en oeuvre tout ce qu'ils peuvent pour cela, notamment le président. Ça fait plusieurs années qu'il veut des titres, qu’il veut gagner, et qu’il donne tout pour y arriver. Il a eu un titre avec ce challenge européen, même si c'est la petite coupe d'Europe, il faut gagner quand même, c'est toujours un trophée.
"Le minimum de cet hommage était peut-être de mettre François Trinh-Duc titulaire"
Romain Amalric : Je prolonge la question de la fierté et aussi peut-être un peu de déception de voir peut être la gestion du cas de François Trinh-Duc en cette fin de saison ? On revient un peu sur le rugby professionnel et les valeurs qui sont peut-être un peu mises de côtés maintenant. L'aspect professionnel, c'est la recherche de résultats, il n'y a pas d'états d'âme. Personnellement, j'aurai mis François pour une dernière, pour tout ce qu'il a représenté, pour tout ce qu'il a donné au club, tout ce qu'il a pu apporter à la ville de Montpellier. Le minimum de cet hommage c'était peut être de le mettre titulaire. François est en plus est le numéro 10 de l'équipe de France, je ne pense pas que ce soit avec ou sans lui que le MHR aurait ou non pris 40 points. Ça aurait été une sortie méritée pour lui. Mais il y a eu des choix de fait, Jake White a voulu rester dans sa continuité en arrivant dans les phases finales, préparer ses barrages avec une équipe déjà en place et 23 mecs pour préparer le match. Derrière, ça lui a réussi. Mais c'est vrai qu'on n'a pas l'habitude de cela, et il va falloir s'y faire, parce que dans tous les clubs dans les années à venir, ça va être de ce registre-là. Ton pronostic pour la demi-finale entre Montpellier et Toulon samedi soir ?Forcément, il penche pour mon cœur montpelliérain. Mais au-delà du pronostic, je mettrai une petite pièce cette année sur le bouclier pour Montpellier parce qu'ils sont en pleine confiance. En gagnant ce challenge, ce titre, ils ont pu montrer qu'ils étaient présents. Ce n'est pas le jeu que j'affectionne et le style que j'apprécie, mais c'est surtout aussi que tout leur réussit en ce moment. Ils avancent, ils ont un bon butteur et quand ils tentent des choses, qu'ils vont chercher la chance, ça leur réussit. Dans les phases finales, je trouve que c’est super important.