Laurent Travers, le co-entraîneur du Racing 92, était l'invité de Sud Radio Sports pour un avant goût du défi qui attend l'équipe : la finale de la Champions Cup face au Saracens. Sud radioSports : C'est historique, le Racing 92 est en finale de la Champions Cup face au Saracens, quel sentiment domine aujourd'hui ? Laurent Travers : C'est un sentiment de fierté pour l'ensemble des joueurs, pour tout ce qu'ils ont pu faire depuis le début de la saison et celles d'avant. Mais un sentiment de fierté aussi pour l'ensemble du club, le président y compris, qui a tout mis en œuvre depuis pas mal d'années pour arriver à peut-être gagner un titre. À l'issue de la rencontre face à Leicester, on n’a pas vu d'euphorie de la part des joueurs, pas d'explosion de joie. C'était juste un premier objectif atteint de gagner la demi-finale ? On n’a encore rien gagné. Il était important de rester concentré sur ce qui nous attend ensuite, la finale du 14 mai. À partir de là, on pourra sauter de joie, mais pour le moment, la finale n'est pas gagnée. On a seulement gagné la possibilité de la disputer. As-tu été déçu de la prestation de Leicester qui a finalement été très brouillon sur ce match ? S'ils ont été maladroits, c'est surtout lié à la défense et la férocité du Racing. Leur dynamique a mis en difficulté l'équipe du Leicester en gagnant les duels défensivement et offensivement.Vous avez davantage fait de turn-overs cette saison, peut-être dû des fois à des blessures. Le fait d'avoir davantage fait jouer la concurrence est une des clés de votre succès aujourd'hui ? On avait tenu compte de ce qu'il s'était passé la saison dernière où on était arrivé sur la fin de la saison avec des joueurs "sur les rotules" comme on dit. C'est une analyse avec laquelle nous avons composé cette année. Aussi, il faut préciser que pour une demi-finale, il y a avait trois jeunes issus de notre centre de formation : Khatchik Vartanov, Louis Dupichot, Camille Chat. Quand on voit le nombre de joueurs qui ont participé en championnat et en champions cup, cela veut dire aussi que le Racing forme de bons jeunes.
"Tous les clubs ont dit que les Saracens n'avaient pas de failles, on va essayer d'en trouver"
Il y a une elle alchimie entre ces jeunes et les joueurs-cadres qui ont plus d'expérience. C'est ça qui fait qu'aujourd'hui le Racing 92 est une grande équipe ? Pour le moment, c'est une belle équipe. On s'aperçoit que les jeunes sont bien encadrés et emmènent cette folie. Les gens d'expérience qui les encadrent n'ont qu'une envie : transmettre cette passion. Je pense que pour le moment ils la transmettent bien donc on a un groupe solidaire et homogène. C'est de bon augure pour la suite. En finale, vous allez retrouver les Sarasens qui vous avaient éliminé en quart de finale l'an dernier. Vous êtes mieux armé cette saison, vous serez favori ? C'est une équipe invaincue sur cette compétition et qui est première de la ligue anglaise. C'est une équipe qui marche sur l'eau, qui est bien en place. Tous les clubs et tous les joueurs qui les ont rencontrés ont dit qu'il n'y avait pas failles. On va essayer nous d'en trouver quelques-unes pour essayer de déjouer cette équipe et d'imposer notre jeu. Quand Sébastien Tillous-Borde fait le parallèle entre un Jonny Wilkinson qu'ils avaient à l'époque pour glaner des titres et aujourd'hui Dan Carter au Racing. Tu penses qu'il peut y avoir des similitudes ? Bien sûr, ce sont des joueurs qui sont importants. Dans ce genre de rencontres, il est important d'avoir ce genre de personne. Pour pouvoir gagner une finale, ce qu'il faut c'est que tout le monde soit prêt au bon moment et que tout le monde soit quasiment leader à son poste. Avant cette finale il y a le Top 14, ce week-end vous recevez Clermont puis vous irez à Brive. Comment allez-vous gérer ce calendrier ? On va essayer de couper un peu avec cette coupe d'Europe même si la tête aura toujours une pensée pour cette finale. Mais il faut occulter tout ça et penser qu'on va recevoir encore un grand du championnat et de coupe d'Europe qui est Clermont. Ils ont eu un week-end de repos, ils vont arriver affamés. On va rester très concentré sur ce match avant de penser à celui de Brive.