"La semaine dernière, on a été décevants dans le jeu, et en ce moment on ne montre pas notre meilleur visage." Le capitaine emblématique du XV du trèfle se veut prudent avant d'affronter le XV de France dans le chaudron du Millennium Stadium. Forcément, France-Irlande, c'est l'un des duels mythiques du rugby européen avec le Crunch. Un match que suivent petits et grands, de génération en génération, presque un rituel pour les puristes de l'ovalie. Mais aujourd'hui, les histoires d'antan sont restées au placard, car c'est une finale, celle de la poule D, qui décidera qui affrontera la Nouvelle-Zélande ou l'Argentine en quart de finale.En plus, le Millennium Stadium est l'écrin privilégié des Bleus après la victoire lors du mondial 2007 face aux All Blacks. Le capitaine tricolore, Thierry Dusautoir, s'en souvient. "C’est toujours un endroit particulier depuis cette date-là. Mais depuis, le temps a passé, on a disputé beaucoup d’autres matchs ici. Aujourd’hui, on veut savoir qui finira premier de la poule et on espère continuer à progresser et jouer un beau rugby."Justement, ce rugby, sous quel jour va-t-il se présenter aujourd'hui, monsieur O'Connell ? "On s’attend à un match physique de la France. Ils ont pu faire une super préparation, chose que d'habitude ils n’ont pas l’occasion de faire. C’est une équipe très solide, puissante et rapide. Prenez des joueurs comme [Louis] Picamoles, [Mathieu] Bastareaud : ils ont de très bons appuis au sol, ils ont du gabarit, ils sont puissants et très bons sur le plan technique aussi."
Paul O’Connell : “Il y a vraiment de quoi avoir peur avant un match pareil”
Les joueurs du XV de France sont apparus très concentrés lors du “Captain's run” à la veille du match. Un sérieux, une rigueur, qui leur colle à la peau depuis le début de cette Coupe du monde. Certes, le favori aujourd'hui est l'Irlande, mais la France monte en puissance et reste imprévisible.Peu importe les statistiques, Thierry Dusautoir veut gagner : "On a fait deux nuls et les deux défaites étaient très courtes. J’espère qu’on aura des arguments demain. Si j’étais parieur, je ne parierais pas sur l’équipe de France, mais je suis joueur et je pense qu’on peut gagner demain." Mais pour cela, il va falloir dominer une équipe irlandaise qui maîtrise parfaitement son sujet en conquête, dans le jeu courant et surtout dans le jeu au pied grâce à son ouvreur vedette, Jonathan Sexton.L'homologue français de Sexton, Frédéric Michalak, a jeté un regard plein de respect quoique ironique sur son vis-à-vis du jour : "Jonathan est un très bon joueur. On le connaît tous, il a évolué en France. J’ai beaucoup de respect pour lui, il apporte énormément à l’Irlande. Mais je ne vais pas me concentrer sur lui en particulier. Il y aura du monde autour, des joueurs rapides et puissants. Penser à lui sera davantage le rôle de Thierry [Dusautoir] !" C'est ça aussi, un France-Irlande, des private jokes, des petites piques entre des joueurs de classe mondiale.Il ne fait pas de doute que le match sera âpre et se jouera sur des détails comme la précision en conquête. Le deuxième ligne Pascal Papé nous en dit plus : "Il ne faudra pas les attendre uniquement au sol, mais défendre aussi en l’air. On a des atouts à faire valoir dans notre alignement. C’est un secteur qui fonctionne bien. On va essayer de perturber les Irlandais demain. Il n’y a rien de plus beau que de relever ce challenge."Un défi de taille, mais... impossible n'est pas français. Le XV de France, quand il est outsider, est capable de renverser des montagnes. Aujourd'hui, c'est ce qu'ils devront faire dans un stade vert pomme chauffé par 40 000 Irlandais. Allez les Bleus !