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Max Guazzini : "Le Stade Français aura un avenir"

Par Jérémy Jeantet

L’ancien président du Stade Français, Max Guazzini, se confie au micro de Judith Soula pour Sud Radio. Il revient sur l’épisode de la fusion avortée avec le Racing, "une très mauvaise idée", mais aussi sur sa biographie, Je ne suis pas un saint, publiée aux éditions Robert Laffont.

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Sud Radio : Vous relatez les coulisses du monde de la musique, de la radio, l’ambiance des vestiaires, des 3e mi-temps, des univers très différents. Comment passer avec la même aisance parmi tous ces milieux ?

Max Guazzini : Ce sont les hasards de la vie qui ont fait que je me suis trouvé là. Je n’avais jamais prévu d’être président d’un club de rugby, par exemple.

Le point commun de toutes ces vies, c’est la passion. Passionné, c’est l’adjectif qui vous définirait le mieux ?

Oui parce que je ne peux pas faire les choses si je n’ai pas la passion. La passion et l’aventure humaine. Ce qui m’intéresse, ce sont les rapports avec les gens, vivre des aventures avec des gens qu’on aime. Le reste est beaucoup moins important.

Diriez-vous que vous avez eu une bonne étoile ?

Elle n’a pas toujours brillé, j’ai eu des moments difficiles. Il y a des rires, beaucoup d’anecdotes sur le rugby, mais aussi des moments très difficiles, dans mon enfance et même plus tard, notamment mon départ du club.

Vous avez écrit : ‘J’ai été capable des plus grandes audaces’. Laquelle auriez-vous envie de nous raconter ?

À l’époque de NRJ, on a mis 300 000 personnes dans la rue pour sauver les radios. Dans le rugby, quand on décide d’aller jouer au Stade de France, contre Toulouse, un simple match de championnat et qu’on le remplit, il faut vraiment n’avoir peur de rien. Personne n’y croyait. Dans la vie, si on n’ose pas certaines choses, on ne fait rien. L’important, c’est d’essayer et d’inventer des choses.

Vous avez un côté visionnaire ?

Non, c’est beaucoup trop. Je fais les choses de façon empirique, avec la passion et la folie du moment. Je suis capable de démarrer au quart de tour sur n’importe quoi et d’aller jusqu’au bout.

Vous accordez une grande place à cette double culture franco-italienne. Cela a forgé votre caractère ?

Bien sûr. D’ailleurs, le rugby doit beaucoup aux Italiens. Beaucoup de grands joueurs venaient d’Italie. Je suis Français, mais aussi d’origine italienne, de Toscane. Il y a cette espèce d’ambivalence dans ma personnalité.

Ce livre, c’est un flash-back sur votre enfance, vos plus grandes aventures. De quoi êtes-vous le plus fier ?

D’avoir gardé des relations affectueuses avec tous les gens avec qui j’ai travaillé, avec qui j’ai fait des choses. C’est ça qui est important, c’est ça qui reste. Je parle de mon enfance, avec mon empreinte catholique qu’on retrouve en filigrane pendant tout le livre.

On a l’impression que la religion est un peu un refuge ?

Non, pas un refuge. La religion a toujours fait partie de ma vie, plus ou moins, en la mettant souvent entre parenthèse. Aujourd’hui, c’est un dimanche rose. Dans les paroisses qui ont les moyens, les ornements sont roses, comme le Stade Français. Je voulais saluer l’initiative de Mourad Boudjellal et Toulon, avec un brassard rose. Je trouve ça tellement extraordinaire cette solidarité dans le rugby. Ça me touche.

Vous avez redonné une identité à ce club du Stade Français. Avez-vous conscience qu’à travers cette aventure, vous avez changé l’image du rugbyman ?

On a fait des choses et il se trouve que ça a changé, à travers les Dieux du Stade, notamment, l’image du joueur de rugby. On n’a pas cherché à donner des leçons, mais à faire une aventure qui était la notre.

On a ressenti votre souffrance à l’annonce du projet de fusion. Est-ce que vous êtes soulagé ?

Je suis quelqu’un de très fragile et de très sensible. Oui, la fusion était une erreur, une très mauvaise idée. Comment peut-on imaginer que le Stade Français, et même le Racing, disparaisse ? C’était tellement hallucinant. Heureusement, c’est fini, n’en parlons plus. On assez souffert comme ça. Il y aura un avenir. Je suis confiant, je sais qu’il y aura des solutions.

Jean-Pierre Rives était persuadé qu’un repreneur allait sortir du bois. Êtes-vous confiant, vous aussi ?

Il y a trois mois devant nous. J’ai confiance, même si je ne suis qu’un supporter.

Vous pourriez rejouer un rôle ?

Ce n’est pas l’objet. L’objet, c’est qu’il y ait une solution pour le club. Si on me demande d’aider, je donnerai un coup de main, je ne vais pas dire non. C’est mon club, j’y suis profondément attaché, comme tous les joueurs qui sont passés au club. Mais je ne suis pas à la tête d’une solution.

Est-ce que cette histoire de fusion peut provoquer un élan de solidarité sur les joueurs ?

Cette fusion avortée a montré l’affect autour du Stade Français. Ça ne s’achète pas par un rachat.

Dans votre livre, il y a beaucoup d’anecdotes, mais également beaucoup d’hommages. Il y a aussi une phrase, quand Bernard Laporte dit ‘Max est l’homme qui m’a construit’. C’est une belle déclaration.

Je crois qu’il exagère. Il a écrit de très belles pages sur moi. On se connaît depuis tellement longtemps, 22 ans maintenant, quand il est venu comme entraîneur du Stade Français avec son vieux survêtement de Bègles. C’est un destin hors du commun, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas. Joueur, champion de France. Entraîneur, champion de France. Entraîneur de l’équipe de France, deux grands chelems. Ministre. Président de la fédération. C’est quand même un destin hors du commun. Je suis très heureux de l’avoir rencontré.

Il y a une vie professionnelle palpitante, mais une vie personnelle parfois faite de hauts et de bas, avec des souffrances. Quel serait votre plus gros regret ?

Je suis quelqu’un d’entouré mais de solitaire. Ça a toujours été comme ça depuis mon enfance, mon adolescence. J’ai pressenti, quand j’étais enfermé dans ma chambre avec les posters de mes idoles, Johnny Hallyday, James Dean, Stevie Wonder, que je serais seul toute ma vie et ça a été le cas. C’est pour ça aussi que j’ai épousé le Stade Français. Ça a été une famille. Mais ça va, tout va bien. J’ai des chiens maintenant.

Il y a aussi beaucoup de passages festifs. Vous étiez pour les 3e mi-temps, mais toujours vigilant sur les règles. Est-ce que vous êtes inquiet de la tournure que prend parfois le rugby ? On pense à ces joueurs grenoblois impliqués dans cette affaire de viol.

Je ne connais pas le dossier, donc je ne peux pas en parler. Il y a beaucoup de gens qui jouent au rugby et on ne peut pas raisonner sur quelques personnes qui, éventuellement, auraient commis de grosses bêtises. Ce n’est pas parce qu’un joueur prend de la cocaïne que tous les joueurs prennent de la cocaïne. Il ne faut pas noircir ce sport parce qu’il y a ce genre d’affaires.

Ne trouvez-vous pas que le rugby est en train de changer ?

Il est devenu plus professionnel. Les gens comme Dominici, De Villiers, Moni, Dominguez, n’avaient pas d’agents. Tout change. De plus en plus, on considère les joueurs comme des salariés, chose que je n’ai jamais fait. Je n’ai jamais eu un rapport d’employeur, même si je négociais des contrats avec eux. Chez nous, ils n’étaient pas spécialement mieux payés qu’ailleurs, comme à Toulouse. On avait l’aura. Les joueurs ont aussi envie d’aller dans des clubs qui gagnent. Je n’ai jamais eu ce type de rapport avec les joueurs, c’est pour ça aussi que, parfois, ils m’appellent. Ça prouve qu’on a su créer des liens qui dépassent les rapports hiérarchiques et qu’on a vécu une aventure ensemble et qu’on est heureux de se retrouver. C’est ça qui compte et qui me plaît dans le rugby. Il n’y a pas que le match même s’il faut gagner. Je déteste perdre. Perdre à domicile, c’est la chose la plus horrible.

Après avoir écrit ce livre, savez-vous où vous allez ?

Je me pose toujours la question. Savoir où on va, quel est mon destin. C’est une interrogation.

Propos recueillis par Judith Soula

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