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Maxime Médard : "La dernière coupe du Monde a laissé un goût amer"

Par Mathilde Régis

L'équipe de France de rugby prépare son tournoi des VI nations, 31 joueurs sont actuellement à Marcoussis sous la houlette du nouveau sélectionneur Guy Novès. Parmi eux, Maxime Médard, le 3/4 international du stade toulousain, oublié de la dernière coupe du Monde. Avant le début de ce stage, il était l'invité du Grand Entretien de Judith Soula sur Sud Radio Sports.

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Judith Soula : Que représente pour toi ce retour en équipe de France ?"Ça représente mon travail et celui de l'équipe, et aussi les bons résultats en championnat. En Coupe d'Europe, on sait tous qu'on est éliminé, mais pour le championnat on arrive à faire de belles choses et on prend beaucoup de plaisir."Il y a un sentiment de revanche ?"Non pas du tout. La saison dernière, je n'ai eu aucun regret. J'ai bien fini, même si je n'ai pas été pris à la Coupe du monde. C'était une déception, mais cela reste des choix d'entraîneur et je ne faisais pas partie des plans. Je n'en veux à personne, plus à moi parce que je n'ai pas forcément été performant lors de mes convocations."Il reste encore 13 joueurs parmi les 31 qui ont déjà disputé cette Coupe du Monde, tu as le sentiment que c'est une nouvelle aventure qui démarre ?"Certains joueurs ont peut-être plus de mal que d’autres à digérer la dernière Coupe du Monde. Mais c'est un nouveau départ, un nouveau sélectionneur et un nouveau plan de jeu. Je pense que ça va être complètement différent. Mais il faudra attendre les premiers matchs pour faire un bilan."Ce nouveau sélectionneur, Guy Novès, c'est quelqu'un que tu connais bien puisqu'il t'a entraîné dix ans, c'est un avantage ou un inconvénient ?"Je ne sais pas, honnêtement je pense qu'il récompense la performance et le travail des joueurs. Je sais à quoi m'attendre donc il n'y aura pas de surprises."Tu sais donc exactement ce qu'il attend de toi, c'est ça peut-être l'avantage finalement."Je ne sais pas encore à quel poste je vais jouer, ailier ou arrière. Je suis polyvalent et c'est plutôt bénéfique pour moi. Je pense que les trios de derrière seront assez complémentaires et assez polyvalents aussi. Je sais que si je ne travaille pas, je n'aurais pas de récompense, donc à moi de faire ce qu'il faut."Tu penses qu'il sera plus dur avec les Toulousains ?"Non il sera juste avec tout le monde, comme il l'a toujours été. Ce n'est pas quelqu'un qui fait de cadeau."Tu l'as trouvé différent avec son costume bleu ?"Non, il n'est pas trop différent que quand il était au stade. Après c'est vrai que ce petit break de trois-quatre mois, ça l'a un peu ressourcé."Tu as retrouvé sa patte, son état d'esprit, lors des deux premières journées d'entraînement ?"L'ambiance de club est différente de l'ambiance de l'équipe de France. Je pense qu'il veut remettre la même éthique et la même ambiance qu'il mettait au stade Toulousain. Mais en équipe de France, il y a une pression supplémentaire. Mais j'ai retrouvé le même Guy que quand il était au stade."Le plan de jeu vous a été présenté, c'est ce que tu as l'habitude de voir ?"Pour ne pas trop en dire, c'est un jeu qui me va mieux que celui que l'équipe de France montre depuis quatre ans. Il y a beaucoup de vitesse, beaucoup de rythme, beaucoup d'initiatives… C'est en tout cas un jeu qui peut me permettre de m'épanouir."C'est un jeu tourné vers l'offensive donc ?"Tout le monde a vu qu'à la dernière coupe du monde, toutes les équipes étaient basées sur l'attaque. Il y avait beaucoup de jeu, même de la part des petites équipes."Il te tarde de retrouver le terrain pour les trois jours de stage de rassemblement à Marcoussis ?"Les deux premiers jours, c'était beaucoup d'échange. Les trois prochains vont faire beaucoup de bien à tous les joueurs. On a besoin de se retrouver sur le terrain, de trouver des repères pour essayer de bien commencer ce tournoi."C’est un groupe rajeuni. Le plus vieux, Damien Chouly, à 30 ans, et il y a huit novices dans ce groupe. Comment te positionnes-tu ?"J'ai l'impression d'être encore très jeune, mais c'est vrai que j'espère pouvoir donner mon expérience et échanger avec des plus jeunes. Mais j’espère le faire aussi avec des plus vieux, car c'est toujours important de se remettre en question. J'ai envie de prendre du plaisir, de donner et d'être un peu plus régulier."Tu t'es fixé des objectifs ?"Le plus dure reste à venir, je suis très content de faire partie de cette première liste. Ces dernières années, j'ai alterné le bon et le moins bon, je ne le regrette pas non plus. Je suis très fier de mes 41 sélections. Mais j'aimerai en avoir un peu plus."Qu'est-ce qui a changé chez Maxime Medard aujourd'hui ?"Rien n'a changé. Il y a eu une grosse déception pour la Coupe du Monde donc forcément ça fait réfléchir. Les dernières sélections où j'ai pu me montrer je n'étais pas forcément à 100 % de mes moyens. Mais là c'était le moment, il fallait que je me montre un peu pour essayer d'accrocher une place pour la Coupe du Monde donc j'ai voulu y aller. Des choses ont changé, mais le fonctionnement, l'envie de progresser et de travailler sont toujours bien là."Tu ne manges plus de gluten, c'est ça qui a changé ?"On me pose beaucoup de questions sur ça, c'est ma manière de faire. Chez moi je mange sans gluten, mais à l'extérieur je me fais plaisir, c'est important."Tu as l'impression, sur cette année en bleue, d'avoir mûri ?"Ce n'est pas que j'ai mûri, c'est l’expérience qui me permet de relativiser les choses, de moins de prendre la tête sur un truc qui me chagrine. J'avance, j'essaye de vivre le moment présent."Tu ne veux pas te fixer d'objectif sur le long terme ? Tu penses à la Coupe du monde de 2019 ?"J'ai des objectifs à court et long terme, j'aurai en tout cas l'âge de prétendre à la Coupe du Monde en 2019 au Japon. Mais c'est un peu trop tôt pour annoncer quelque chose."La prochaine échéance des bleus c'est le tournoi des 6 nations, un premier match face à l'Italie. Tu as conscience que l'attente est énorme ?"On a eu l'attente de l'après Guy Novès au Stade Toulousain donc on a l'habitude. Maintenant on a la pression de l'ère Guy Novès en équipe de France. Forcément il y a beaucoup d'attente et beaucoup de pression parce qu'on va aller sur un autre jeu. Je pense aussi que la dernière coupe du monde a laissé un goût amer pour les joueurs et les spectateurs."Sans parler de désamour, on a parlé d'ennui pendant cette dernière coupe..."Je ne dirai pas ça, c'était compliqué. On avait une poule difficile. J'ai eu la chance de faire une coupe du monde et de faire des tournois. J'ai été déçu pour les joueurs, car ils avaient beaucoup de potentiel."Attaquer par l'Italie, c'est une bonne nouvelle ?"Depuis quelque temps, l'Italie est une grande équipe. On a vu leur capitaine emblématique devenir le meilleur joueur du Top 14. Il a fait une fin de saison exceptionnelle l'année dernière. L'Italie, c'est notre bête noire, on a perdu chez eux. Chez nous, c'est l'équipe qui s'accroche avec des joueurs agressifs."À titre personnel, quand est-ce que tu t'es fait vraiment plaisir sur le terrain, c'était le match face à Toulon ?"Oui, mais contre le stade français aussi. Honnêtement, depuis la fin de la saison dernière, je prends beaucoup de plaisir à avoir retrouvé mon jeu. J'arrive à prendre des trous, à percer et à alterner le jeu avec le pied. Tout ça passe par de la confiance, notamment de celle de l'entraîneur et des coéquipiers."Tu es polyvalent, tu peux jouer à la fois ailier et arrière, mais tu préfères jouer à l'arrière ?"Je ne l'ai jamais caché. Je suis très content de retrouver l'ambiance de l'équipe de France et je ne vais pas faire celui qui a envie de jouer à l'arrière et qui n'a pas envie de jouer à d'autres postes. Je ne vais pas faire le capricieux. Je sais que connaissant, Guy, beaucoup de joueurs peuvent jouer à deux ou trois postes. Ça peut donner la possibilité de changer quelques atouts en fonction des matchs."Tu dirais que ce que tu dois le plus travailler, c'est ton jeu au pied ?"Je n'ai jamais été dans l'optique de travailler juste un aspect du jeu. J'ai toujours eu l'envie de progresser dans chaque compartiment. Mais mon jeu au pied doit être plus régulier."Tu as aussi re-signé avec le stade toulousain, tu n'auras donc connu que deux clubs dans ta carrière, tu te rends compte que c'est de plus en plus rare ?"J'ai commencé à Blagnac et si je suis allé au Stade Toulousain, c'est parce que je voulais être champion de France au moins une fois. Je l'ai été avec les jeunes et je l'ai été avec les pros. C'était vraiment exceptionnel."Cette stabilité, tu en avais besoin aussi ?"Est-ce que c'est bien pour moi, est-ce que je n'aurai pas mieux fait de partir, ce sont des questions que je me suis posées. C'était une décision difficile. Mais je reste très attaché à Toulouse pour l'ambiance, pour l'esprit et le jeu toulousain. Je suis aussi très attaché au club parce qu'on m'a fait confiance. Même dans les moments difficiles on m'a souvent remis en selle. Je ne sais pas si j'aurai cette confiance-là ailleurs."Le stade toulousain a été éliminé de la coupe d'Europe, cet échec est-il digéré ?"On a rapidement vu qu'on n’était pas du tout dans le coup cette année. On a très mal commencé cette coupe. On avait une chance de faire quelque chose à Ulster et on ne l'a pas fait. Mais chaque saison est différente, peut être que l'année prochaine on sera plus performants. C'est vrai que cette année, on ne va se consacrer qu'au championnat."C'est difficile de préparer des matchs qui comptent pour du beurre ?"Ce n'est pas difficile, il faut juste apprendre à jouer des matchs comme ça. Il ne faut pas non plus les lâcher, il faut aussi mettre le jeu en place pour le championnat. C'est important pour l'esprit."Aujourd'hui en championnat ça roule, le fait d'être éliminé en coupe d'Europe, ça vous libère ?"On aura des week-end sans match contrairement à d'autres équipes françaises donc ça va nous permettre de travailler ou de nous reposer. Mais même pendant la Coupe d'Europe, on était toujours bien placé en championnat. En ce moment ça se passe bien, on gagne et on arrive à gérer les périodes délicates. On ramène des points à l'extérieur aussi."Le changement de staff n'a pas eu trop de conséquences ?"Il y a eu du changement au niveau de l'organisation de notre emploi du temps et sur certains aspects sur le terrain. Mais surtout, il y a eu de la continuité parce qu’Hugo vient aussi de l'école toulousaine. Il aime ce jeu. Il n'est pas venu là pour tout changer."C'est donc une bonne année qui commence ?"Elle commence bien, mais il faut continuer à travailler, à garder espoir et à vivre dans le présent."

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