Sud Radio Sport : Depuis sa remontée dans l'élite en 2009, le Racing disputera sa troisième demi-finale. L'expérience des phases finales sera clermontoise, mais est-ce que ce n'est pas une bonne chose pour le Racing de ne pas avoir le statut de favori ?Patrick Serrière : Je crois que c'est une bonne chose pour toutes les équipes. En France on n'aime pas avoir le statut de favori. Donc toutes les équipes arrivent avec le statut d'outsiders, le prennent très bien et le gèrent mieux. Très clairement, je pense que le Racing va en profiter de cette situation d'outsider. Est-ce qu'il mérite d'être outsiders ? Je pense que oui sur le papier, car Clermont a dominé la phase régulière et sort premier de poule. Donc c'est des champions sur le papier, pour l'instant.Cette saison, le Racing a gagné les deux fois sur les matchs de phase régulière ?C'est vrai. Après, quand on regarde un peu plus loin, on se rend compte qu'en terme d'expérience, avec la composition du Racing, de l'expérience il y a en a aussi. Ils ne peuvent pas non plus se cacher derrière le petit doigt. Ils ne peuvent pas passer à côté du match sous prétexte que c'est une demi-finale et que la pression est trop forte, etc. Tous les joueurs qui composent l'équipe sont rompus à l'exercice. Je pense qu'ils vont s'amuser à prendre ce statut d'outsider logique vu la phase régulière. Mais sur le terrain, on aura deux équipes très proches l'une de l'autre.
"J'ai plutôt l'impression qu'ils sont là au bon moment"
On va scruter évidemment Dan Carter. Encore et toujours, quand le Racing 92 joue, tous les yeux sont braqués sur le champion du monde All Black.Oui, vulgairement parlant, c'est la tête de gondole. Beau gosse, bon joueur, il a tout, on l'a déjà dit tout au long de la saison. Il bonifie l'équipe, les joueurs avec qui il joue, il a l'humilité chère au Néo-Zélandais. Il est double champion du monde, il a un talent fou, il rassure, enfin bref, il n'y a que des superlatifs pour ce joueur. Effectivement, le regard va être sur lui, mais je pense que c'est le regard des journalistes. Je crois que Clermont va quand même s'amuser à surveiller tous les joueurs qui composent cette équipe du Racing.Tu as commenté sur Sud Radio les matchs du Racing, notamment à domicile. On a vu un très bon Racing, notamment cet hiver. On a quand même l'impression qu'en fin de saison, ce n'est pas cette machine qui remportait ces matchs, il y a un peu de fatigue, d'usure et de déception, car mine de rien, la Coupe d'Europe a été perdue. Tu es confiant pour ce Racing-là ?Ils sont maintenant les deux matchs les plus importants. Je dirai que tu as raison, mais jusqu'au mois d'avril. Je suis objectif, pour moi ils ne sont pas passés à côté de leur match en Coupe d'Europe, ils ont simplement eu une équipe en face qui était au-dessus du lot. J'ai apprécié que Bernard Laporte ose dire que même si Toulon avait joué la finale, ils auraient perdu contre les Saracens. Après ce match-là, on aurait pu penser comme la saison précédente qu'ils ne le digéreraient jamais. Et bien ils l'ont bien digéré, ils sont allés enquiller une victoire contre La Rochelle puis il y a eu ce très beau match contre Montpellier. Tout le monde ne met pas 40 points à Montpellier qui arrive avec une équipe blindée. Le Racing contre Montpellier ressemblait étrangement au Racing qui dominait la phase dont tu parlais. Je n'ai pas le sentiment qu'ils soient sur une pente déclinante, mais j'ai plutôt l'impression qu'ils sont là au bout moment. Maintenant on verra. C'est vrai qu'entre temps les barrages sont passés par là, et on n'en a pas eu de beaux.