Le médaillé d'or olympique de rugby à VII Jefferson-Lee Joseph (22 ans), auteur le week-end dernier de son premier essai en Top 14, avec Perpignan, veut "confirmer" à XV, sans "brûler les étapes", dit-il dans un entretien à l'AFP.
QUESTION: Avez-vous eu du mal à redescendre de votre nuage après les JO?
REPONSE: "Ce n'était pas évident, mais il a fallu vite basculer à XV car ce n'est pas la même discipline, certains aspects du jeu sont différents. J'ai signé à Perpignan (en provenance d'Agen en Pro D2) avec le projet de jouer le plus de matches possible. Mes coéquipiers et le staff m'ont mis dans les meilleures conditions. J'ai eu le droit à l'erreur".
Q: Y a-t-il un jour sans que l'on vous parle de cette médaille d'or?
R: "C'est vrai que ça change notre vie. Mais il ne faut pas brûler les étapes. Je suis un jeune joueur du Top 14 et il me reste à confirmer. Cette médaille d'or est sous cloche à la maison. A défaut d'avoir pu aller la montrer chez moi en Guadeloupe à cause d'une tempête, je suis allé après les Jeux en Martinique et en République dominicaine, car c'était important pour moi d'aller sur la terre natale de mon père (Jeff Joseph, décédé en 2011, était le chanteur des Gramacks, un groupe musical connu aux Antilles, NDLR)".
Q: Avec le recul, comment jugez-vous l'apport d'Antoine Dupont en équipe de France à VII?
R: "Il a eu un impact sur tout: notre façon de travailler, car on voulait toujours faire mieux, nos adversaires, car c'est la référence mondiale. Il a aussi eu un impact sur les arbitres, le public, les médias... C'était une chance de l'avoir avec nous".
Q: Qu'est-ce qui peut être plus fort désormais qu'un titre olympique?
R: "J'ai beaucoup d'objectifs, mais d'abord celui de m'imposer à Perpignan. J'ai aussi les Jeux de Los Angeles dans un coin de ma tête dans quatre ans".
Q: Vous verra-t-on cette saison sur le circuit mondial à VII avec les Bleus du nouveau sélectionneur Benoît Baby?
R: "Ce n'est pas prévu. Cette saison, je vais prioriser le rugby à XV avec Perpignan, où je dois reprendre mes marques. Je ne tourne pas pour autant le dos au rugby à VII. Je veux montrer que je peux évoluer dans les deux disciplines. J'ai signé pour quatre ans à l'Usap, mais les Jeux olympiques de Los Angeles sont dans quatre ans et j'y pense évidemment. Une fois qu'on a goûté aux Jeux, on veut y revenir. Chaque matin quand je me lève, il y a cet esprit olympique en moi".
Q: Etait-ce un soulagement pour l'Usap de décrocher son premier succès de la saison le week-end dernier contre Clermont (33-3)?
R: "On était un peu dans le rouge après trois défaites consécutives et on avait besoin de ce match référence. Mais ce sera très important de confirmer contre Pau (samedi à 16h30) avec ce deuxième match consécutif à domicile".
Q: Après avoir évolué dans un Stade de France à guichets fermés pendant les Jeux, qu'avez-vous ressenti pour votre première à Aimé-Giral?
R: "C'était incroyable! Le stade était plein, ça criait à chaque action. J'ai ressenti la folie des matches de phases finales que je suivais quand j'étais petit. Je suis vraiment content d'avoir vécu ce moment si fort, avec en plus une première victoire. Dans les rues de la ville, c'est pareil, il y a une telle ferveur!"
Propos recueillis par Eric DUBUIS
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