François Trillo : C'était la 49ème minute samedi lorsque vous avez pénétré sur la pelouse de Murrayfield. On imagine qu'il y a eu un petit frisson intérieur.
A.R. : Forcément, un frisson incroyable. Je ne m'attendais pas à rentrer aussi rapidement. Mais l'atmosphère était folle. Sur ce point, Murrayfield c'est juste magique. Il y avait beaucoup de français. C'était un moment que j'attendais depuis quelques temps et qui a été très bon pour ma part.
Yoann Huget : Au-delà du terrain où tu as eu très peu de temps pour savourer, est-ce que la tradition se perpétue pour l'après-match des nouveaux capés ?
A.R. : (Rires) Oui oui la tradition s'est bien perpétuée, avec un retour difficile à l'hôtel samedi soir. Pour la petite anecdote, je m'étais dit avant le match que ça pourrait être drôle de mettre un kilt en hommage à l'Écosse si on avait une issue favorable à la fin du match pour ma première. Il se trouve que notre entraîneur des avants William Servat s'est gentiment joint à moi pour porter le kilt durant toute la soirée. En plus de m'être fait arroser j'avais un kilt pour la soirée, donc c'était sympa.
Y.H. : On aura des photos ou vidéos bien-sûr ?
A.R. : Alors personnellement je n'étais pas trop en état d'utiliser mon téléphone, mais tu demanderas à tous ceux que tu connais dans le groupe s'ils ont des photos, je pense qu'il doit y en avoir.
F.T. : Est-ce que le fait de rentrer en 2e ligne, un poste inhabituel pour vous, vous a perturbé ?
A.R. : Si on m'avait dit d'attaquer le match à l'aile, même si je suis pas super rapide, j'y serais allé en courant. Quand le staff est venu me voir en début de semaine, ça m'a un peu surpris. Je ne m'y étais pas préparé. Mais j'ai travaillé à ce poste toute la semaine aux entraînements, notamment sur la mêlée, qui est LE grand changement par rapport à mes tâches de 3e ligne. Ça s'est fait naturellement, j'ai juste essayé de jouer comme je le fais d'habitude, peu importe le numéro que j'ai dans le dos. Avec l'envie d'aider au maximum mon pilier gauche en mêlée quand je suis rentré.
F.T. : C'est quand même un beau clin d'oeil d'évoluer pour sa première en 2e ligne, quand on est le fils d'un ancien grand 2e ligne (NDLR : Olivier Roumat) ?
A.R. : Lors de la première sélection de mon père, contre la Nouvelle-Zélande, il n'est pas rentré. Sa deuxième, quand il rentre il portait le numéro 20, comme moi, en 2e ligne. C'est sans doute un signe.
F.T. : Où étiez-vous sur cette dernière action du match, cet essai qui n'a pas été accordé aux Écossais ?
A.R. : Il me semble qu'une ou deux phases de jeu avant, j'étais dans la zone de plaquage. Je me relève pour circuler dans le sens. Au moment où je dépasse le regroupement, c'est là qu'ils aplatissent. Je vous avoue que je pensais qu'on avait perdu parce que le joueur écossais avait traversé l'en-but. Est-ce qu'il y avait la main d'un de mes coéquipiers ? Je ne sais pas, vous êtes mieux placé pour le juger. J'étais acteur du match, mais sur cette phase précise, plutôt spectateur.
F.T. : Comprenez-vous les critiques sur le jeu et les difficultés actuelles du XV de France ?
A.R. : De toute manière, peu importe ce qu'il se passe, il y aura toujours des critiques. Pour être honnête je n'ai pas revu le match en détail. D'un point de vue extérieur, c'est vrai que ce n'était pas le match où l'équipe de France a le plus joué. Au vu du contexte compliqué qui a suivi la défaite contre l'Irlande, le seul objectif, c'était la victoire. Moi j'arrive là-dedans, je vis ma première sélection, un moment incroyable. Je ne retiens que le souvenir de la victoire. Je pense qu'il y aura d'autres matches pour que l'équipe de France exprime son talent au maximum.
F.T. : Est-ce que vous avez senti une réelle différence entre le niveau avec votre club du Stade Toulousain, et le niveau international ?
A.R. : Là où il y a une énorme différence par rapport au championnat, c'est la capacité à enchaîner les tâches ingrates, longtemps et les répéter le plus possible. Tu as peu d'actions pour briller, mais tout ce que tu fais tu dois le faire parfaitement et à haute intensité. Et la moindre erreur tu la paies cher. À l'image de ce dernier ballon qui peut nous coûter le match alors que sur les dernières séquences défensives on était en place.
F.T. : Quand on a goûté au Tournoi, on a envie d'y rester ?
A.R. : Cette semaine je serai à disposition du club. J'espère pouvoir revenir dans le groupe dès dimanche soir et essayer de continuer ma petite histoire.
L'interview est disponible sur YouTube :
Retrouvez chaque lundi des invités de marque dans Au Cœur de la Mêlée : Le Mag, animé par François Trillo.