La victoire du XV de France samedi face aux All Blacks (30-29) à l'issue d'un match intense dont le scenario a mis en avant les qualités des Bleus mais aussi leurs axes de progression, a tout pour devenir une référence en vue du Mondial 2027.
Après un Tournoi décevant, le sélectionneur Fabien Galthié et ses hommes jouaient gros face à la Nouvelle-Zélande, seul géant de l'hémisphère sud que les Français affronteront cet automne, même si l'Argentine attendue vendredi n'est pas à sous-estimer.
Dans une rencontre de chasseur finissant chassé, la pièce est retombée du bon côté pour la France, pour un simple point. Mais un point, c'est aussi immense et la France le sait bien, un an après son quart de finale perdu contre les futurs champions du monde sud-africains (29-28).
Cette défaite, "on n'en parle plus" a balayé le capitaine Antoine Dupont après le match samedi, tandis que Galthié avait auparavant assuré que ce rassemblement de quatre semaines à Marcoussis représentait "un moment important pour 2027".
L'espoir est donc que ce match contre la Nouvelle-Zélande ait les mêmes effets que la victoire de 2021 (40-25) qui avait changé le regard sur le XV de France, et qu'il marque l'émergence d'un nouveau groupe: seul un tiers des joueurs de 2024 étaient sur la feuille de match en 2021.
La victoire "est de ce calibre-là" a assuré le deuxième ligne Mickaël Guillard, quatre sélections en Bleu.
- La force du renouveau -
Les nouveaux joueurs "ont presque été notre force", a expliqué Paul Boudehent, non-sélectionné en 2021, remplaçant en 2023 à la Coupe du monde contre ces mêmes All Blacks (27-13) et auteur d'un grand match ponctué d'un essai samedi. "On avait un groupe surmotivé, qui ne voulait pas laisser passer sa chance. On voulait montrer qu'on pouvait apporter quelque chose à l'équipe", a insisté le 3e ligne.
Le match de samedi offre plein de nouveaux repères aux Bleus. Beaucoup de nouveaux ont tenu le choc, à l'image du néo-capé Romain Buros à l'arrière, certains cadres ont assumé leur statut comme Antoine Dupont ou Thomas Ramos, impérial au pied et auteur de deux passes pour amener des essais, d'autres ont sans doute perdu des points comme Grégory Alldritt, sorti avant même l'heure de de jeu.
Le parallèle avec 2021 peut notamment se dresser sur la force mentale mobilisée par les Bleus face à des vents contraires. Il y a trois ans, c'était le retour express des Néo-Zélandais après la pause (19-3 en quinze minutes), avant que les Bleus ne reprennent leur marche en avant.
En 2024, la pause a souri aux Bleus, qui ont pu colmater les brèches sur leur conquête - touches, mêlées, rucks. Menés 14-3 (27e) et semblant condamnés à n'être que des faire-valoir, c'est cette fois les Bleus qui ont infligé un 21-3 pour changer le cours du match en 20 minutes.
- Défense infranchissable -
La défense française, aidée par la fatigue néo-zélandaise, s'est ensuite retrouvée, pour ne prendre aucun essai en seconde période et former une ligne difficilement franchissable, à l'image de la dernière action où les Bleus ont éteint toute possibilité d'exploit en bloquant les Blacks dans leurs propres 22 mètres.
Les Français n'ont eu le ballon que 40% du temps durant la partie, ont plaqué près de deux fois plus que leurs adversaires (208 vs 111), ont joué bien plus au pied qu'eux et ont transpercé deux fois moins de fois la ligne de défense néo-zélandaise que l'inverse (8 vs 4).
L'essai de Louis Bielle-Biarrey l'illustre parfaitement, avec la Nouvelle-Zélande qui s'use face au rideau français, finit par perdre le contrôle de la balle. Thomas Ramos n'a qu'à taper un coup de pied rasant pour envoyer "LBB" punir les Blacks à la course. Échaudés, ceux-ci ont ensuite préféré prendre les points sur des pénalités plutôt que de retenter de perforer le rideau bleu.
Cette défense avait porté les Bleus dans leur série de 14 victoires consécutives entre 2021 et 2023. Et si Fabien Galthié a plusieurs fois dit que sa volonté était de produire davantage de jeu désormais, les références rassurantes restent.
Par Florian SOENEN / Saint-Denis (AFP) / © 2024 AFP