Faute d'avoir concrétisé sa supériorité, le XV de France a été surpris à la dernière minute par l'Angleterre (26-25): les Bleus doivent évacuer la cruauté de cette défaite et la déception d'un Grand chelem déjà envolé pour rebondir dans un Tournoi encore gagnable.
Frustration: le mot était dans les bouches de tous les joueurs et du staff, tant le XV de France a gâché des occasions d'essais quasi immanquables, accumulant maladresses et cafouillages (27 fautes de main au total).
Sur le jeu, "par moment, cela ressemblait au scénario d'il y a deux ans", estime le sélectionneur Fabien Galthié, en référence à la victoire française historique de 2023 en terres anglaises (53-10). "Sauf qu'il y a deux ans, cela marquait."
Les ailiers Louis Bielle-Biarrey (5e) et Damian Penaud (22e), le demi de mêlée Antoine Dupont (21e) et le talonneur Peato Mauvaka (43e): autant d'en-avants pour autant d'essais que les Bleus auraient dû marquer, sans que personne n'arrive totalement à expliquer ce manque d'adresse.
"Il y avait des conditions humides, avec un ballon glissant... mais on a peut-être joué les ballons avant de les avoir", tente d'expliquer le troisième ligne François Cros.
Pour Galthié, ses joueurs auraient dû "ne pas vouloir marquer immédiatement et accepter de faire un ruck de plus" avant d'aller visiter l'en-but.
Quelle qu'en soit la raison, cette maladresse a accouché d'un scénario cruel, regrette Cros: "On a laissé les Anglais à portée de fusil et on s'est fait contrer en fin de match" avec l'essai du trois-quarts Elliot Daly (79e), tout juste entré en jeu et qui a fait parler sa fraîcheur face à des Français usés physiquement et peut-être aussi moralement.
"Il faut savoir tuer l'adversaire, et malheureusement, on n'a pas su le faire" ne peut que déplorer l'arrière Thomas Ramos.
- "On a les cartes en main" -
Tout n'est pourtant pas à jeter dans la prestation des Bleus, dont les séquences offensives souvent séduisantes ont ouvert des boulevards dans une défense anglaise aux abois.
"On est une équipe ambitieuse, on l'a encore montré aujourd'hui. Ce qui est intéressant, c'est ce qu'a produit cette équipe pendant quasiment 80 minutes sur la feuille de route et le contenu", positive le sélectionneur.
Reste qu'une nouvelle deuxième place dans le Tournoi des six nations, que le XV de France n'a emporté qu'une seule fois sous la direction de Galthié (2022, Grand chelem à la clé), laisserait un goût amer au vu des qualités de la génération dont il dispose.
"Je pense qu'on est une équipe qui mérite plus que d'apprendre après des matchs comme ça", lâche Ramos, qui déjà se projette vers la suite. "Rien n'est encore perdu, même si le Grand Chelem est maintenant derrière nous. Je suis persuadé qu'on est capable de gagner (contre) n'importe qui, n'importe où".
Mais le chemin de la victoire dans ce Tournoi passera par Dublin le 8 mars, un périple sans doute encore plus périlleux que celui de Twickenham, face aux doubles tenants du titre irlandais, bien décidés à marquer l'histoire avec un triplé qui n'a jamais été réussi depuis que le Tournoi se joue à six.
Les Irlandais, qui avaient infligé une leçon aux Bleus à Marseille l'an passé (38-17) et ont déjà disposé des Anglais (27-22) et des Ecossais (32-18), auront eux peut-être le Grand chelem à portée de main.
"Je crois surtout qu'il faut aujourd'hui se concentrer sur notre match en Italie (le 23 février) parce que ce sera un match qui est très important pour basculer sur les deux derniers", avertit Ramos.
Comme lui, les Bleus ont sans aucun doute encore en tête le nul miraculeux de l'an passé à Villeneuve-d'Ascq (13-13), où seul un improbable loupé face aux perches de Paolo Garbisi sur la pénalité de la gagne avait épargné aux Bleus une infamante défaite à domicile.
"On a encore les cartes en main pour gagner le Tournoi", assure Cros.
AFP / Londres (AFP) / © 2025 AFP