La Yamaha N.7 du YART a remporté dimanche au Mans la 48e édition des 24 Heures motos, manche inaugurale du championnat du monde d’endurance EWC marquée par de nombreuses chutes sur un tracé rendu piègeux par la pluie.
Seize ans qu'elle n'avait plus gagné en terres mancelles: l'équipe autrichienne, composée du Tchèque Karel Hanika, de l'Allemand Marvin Fritz et du Britannique Jason O'Halloran, s'est imposée devant la Kawasaki N.11 du Webike Trickstar, au terme d'une dernière heure haletante.
Seules 1min 37sec et 890/1000 séparent les deux motos à l'arrivée.
"C'était fou!", a lancé Marvin Fritz à l'arrivée. "Certains me disaient déjà +on se voit sur le podium+, (...) mais je voulais attendre de passer le drapeau à damiers, tant de choses pouvaient encore se passer", jusqu'à l'arrivée.
Cette deuxième place est une terrible désillusion pour la Kawasaki, qui avait passé quasiment les deux tiers la course en tête.
A une heure de l'arrivée, son pilote espagnol Roman Ramos, qui comptait moins d'un tour d'avance sur la Yamaha, a chuté quand la pluie est de nouveau tombée, cédant définitivement les rênes de la course au YART.
- "Très cruel" -
Avant la mi-journée, la monture japonaise avait déjà connu une première désillusion lorsque Mike di Meglio, triple vainqueur de l'épreuve (2017, 2020 et 2023), est tombé. Le Français comptait alors trois tours d'avance sur la Yamaha du YART.
"C'est très cruel, mais on a fait un très bon boulot en début de course", a tout de même salué di Meglio. "Dans ces conditions piégeuses, on est aussi parvenus à rester sur nos roues".
La Kawasaki signait en effet jusque-là une partition parfaite et faisait partie des dernières à ne pas être partie à la faute depuis le début de la course.

La Kawasaki N°11 pilotée par Roman Alvaro Ramos chute lors de la 48e édition des 24 Heures motos sur le circuit Bugatti au Mans le 20 avril 2025.
JEAN-FRANCOIS MONIER - AFP
Avant le départ de l'épreuve, la N.11 était du côté des outsiders pour la victoire, face aux cadors comme le YART, vice-champion en titre en EWC.
"Si on nous avait dit en début de semaine qu'on aurait été sur le podium, on aurait immédiatement signé", a déclaré Grégory Leblanc, qui visait une 6e victoire record aux 24 Heures moto."On a fait la course parfaite (...) mais Le Mans nous a croqués".
Le Webike Trickstar termine dimanche devant la BMW N.6 de l'équipe ERC Endurance, troisième. Une autre BMW, la N.37 du Motorrad World Endurance Team échoue au pied du podium en raison d'un problème mécanique qui lui a fait perdre une quinzaine de minutes dimanche matin.
- Chutes en pagaille -
Au total, 53 équipages, dont 18 dans la catégorie reine et 31 en Superstock (où s'alignent des engins plus proches de la série), étaient au départ de cette 48e édition.
Quarante d'entre eux ont bouclé leur ronde de 24 heures malgré plus de 150 chutes ayant émaillé la course.
Jusqu'à tard dans la soirée de samedi, les sorties de piste se sont enchaînées sur un circuit piégeux à cause de la pluie tombée plus tôt dans la journée.
Parmi les montures de tête, seule la N.6 n'est pas partie à la faute.

La Suzuki N.1 lors de la 48 édition des 24 Heures motos sur le circuit Bugatti au Mans le 20 avril 2025.
JEAN-FRANCOIS MONIER - AFP
A l'inverse, la moto gagnante de l'édition 2024, la Suzuki N.1 du Yoshimura SERT a subi une série de déconvenues, comptabilisant six chutes, dont la première dix minutes après le départ lorsque son pilote français Gregg Black est tombé alors qu'il était en tête.
Ramenée aux stands plusieurs fois, la moto a pu être réparée avant d'entreprendre une remontée qui l'a amenée en 6e position à l'arrivée.
Parmi les autres favoris au tapis samedi, la Yamaha N.7 a également chuté, dès le premier tour de l'épreuve. Tombée en milieu de peloton, l'équipe autrichienne a ensuite progressivement comblé son retard pour prendre un temps les rênes de la course, devant Kawasaki samedi soir.
"C'est certainement la course la plus folle que j'ai jamais faite dans ce championnat", a réagi Fritz, pour sa neuvième participation aux "24 Heures".
Les rares femmes engagées sur l'épreuve n'ont pas eu beaucoup de chance puisque les Françaises Mélodie Coignard et Amandine Creusot, coéquipières dans l'équipe AG Racing au côté de William Wallart et Maxime Verger, ont été les premières à abandonner.
Par Hélène DAUSCHY / Le Mans (AFP) / © 2025 AFP