Émoussé physiquement au terme d'une belle épopée sur la terre battue brésilienne, le Français Alexandre Muller a vu son rêve de remporter son premier titre ATP 500 s'évanouir dimanche face à l'Argentin Sebastian Baez, premier à conserver son titre à Rio de Janeiro.
La finale a été relativement expéditive (6-2-, 6-3 en 1h26), Baez, 31e mondial, ayant surclassé Muller (60e) qui avait dû disputer un marathon de près de trois heures la veille, face à un autre Argentin, Francisco Comesana (86e).
"J'ai été plus entamé que lui physiquement aujourd'hui, il mettait une grosse intensité (...). J'ai essayé de donner tout ce que j'avais mais il était tout simplement meilleur que moi", a déclaré en conférence de presse d'après-match Muller, 28 ans.
Le défi physique était de taille pour le natif de Poissy, qui souffre de la malade de Crohn, une maladie inflammatoire chronique de l'intestin incompatible a priori avec la pratique d'un sport à haut niveau.
Après avoir battu lors du premier tour le héros local, le phénomène brésilien Joao Fonseca, Muller avait éliminé trois Argentins de suite.
Mais il n'est pas parvenu à réaliser la passe de quatre, après avoir plaisanté la veille sur sa volonté de "consoler les Français qui sont tristes depuis la finale de la Coupe du monde" 2022, quand l'Albiceleste avait battu les Bleus aux tirs aux buts.
La marche était trop haute face à un adversaire déterminé à devenir le premier à inscrire deux fois son nom au palmarès du plus important tournoi d'Amérique du Sud, dont la première édition a été remportée en 2014 par Rafael Nadal.
Cette belle semaine brésilienne devrait tout de même permettre à Muller d'entrer pour la première fois dans le top 50 du classement ATP.
Le mois dernier, il avait soulevé son premier trophée sur le circuit principal au tournoi ATP 250 de Hong Kong.
- Muller exténué -
À Rio, le Français avait les faveurs du public carioca, rivalité Brésil-Argentine oblige. Les "olé, olé, olé, olé, Muller, Muller" ont retenti plusieurs fois dans les tribunes du court "Guga Kuerten", avec une vue à couper le souffle sur la statue du Christ rédempteur de Rio de Janeiro.
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Sebastian Baez à Rio le 23 février 2025
MAURO PIMENTEL - AFP
Le premier set était plus équilibré que ce qu'indique le score (6-2), mais Baez a su saisir sa chance pour prendre deux fois le service de Muller, qui a pour sa part manqué quatre balles de break.
Le Français a eu un sursaut d'orgueil dans la seconde manche, parvenant à égaliser 2-2 après avoir été breaké au troisième jeu.
L'Argentin de 24 ans a su faire le dos rond et a continué à courir aux quatre coins du court pour renvoyer toutes les balles tel un mur infranchissable, écoeurant un Muller visiblement exténué, mais qui a tout tenté, en vain, pour le faire plier.
Baez a obtenu deux nouveaux breaks en fin de set pour boucler le match, avant de recevoir le trophée des mains de son compatriote Juan Martin Del Potro, lauréat de l'US Open en 2009 et fraîchement retraité.
"C'était un moment spécial, une belle façon de terminer la semaine, et une bonne photo à encadrer", s'est félicité le lauréat de cette 11e édition du "Rio Open".
D'autant plus que Baez a bien failli ne pas défendre son titre: il a admis dimanche soir en conférence de presse avoir pensé à faire l'impasse sur le tournoi de Rio cette année, après sa déconvenue la semaine dernière à domicile, à Buenos Aires, quand il a été éliminé en huitièmes de finale par le Brésilien Thiago Seyboth Wild.
Par Louis GENOT / Rio de Janeiro (Brésil) (AFP) / © 2025 AFP