Il n'y a "aucun doute" sur le fait que le baiser imposé par Luis Rubiales à Jenni Hermoso était "non consenti", a estimé mercredi la procureure Marta Durántez Gil, confirmant ses réquisitions de deux ans et demi de prison contre l'ex-patron du football espagnol.
"Ça a été un baiser non consenti: je crois qu'après examen, il n'y a aucun doute, ou du moins pas de doute raisonnable suffisant", a asséné la procureure au cours de ses réquisitions.
Confirmant ce qu'elle avait déjà réclamé avant le procès, la magistrate a demandé à l'encontre de Luis Rubiales une peine d'un an de prison pour agression sexuelle et un an et demi pour avoir exercé des pressions sur la joueuse espagnole pour atténuer le scandale.
"Il n'existe aucun précédent d'animosité" qui aurait pu conduire Jenni Hermoso à "ne pas dire la vérité sur ce qui s'est passé au moment du baiser et des contraintes" qui ont suivi, a souligné la procureure, insistant sur la "totale cohérence entre les faits qu'elle a racontés et son comportement immédiat et ultérieur".
- "Comportement héroïque" -
La procureure est aussi revenue sur les images montrant la joueuse célébrant avec ses coéquipières le titre mondial obtenu quelques instants avant que Luis Rubiales ne l'embrasse lors de la remise des médailles, des vidéos largement diffusées et mises en avant par la défense.
"Combien de temps allons-nous encore exiger un comportement héroïque de la part des victimes d’agression sexuelle? N'avait-elle pas le droit de célébrer un triomphe sportif aussi important que celui d'être championne du monde?", a fustigé la procureure.
![La footballeuse espagnole Jenni Hermoso (g) à la sortie du tribunal de San Fernando de Henares, près de Madrid, le 3 février 2025](https://www.sudradio.fr/wp-content/uploads/2025/02/296e6580e600a2775ee52d27122ead7375005deb.jpg)
La footballeuse espagnole Jenni Hermoso (g) à la sortie du tribunal de San Fernando de Henares, près de Madrid, le 3 février 2025
Thomas COEX - AFP/Archives
Jenni Hermoso faisait "face à la puissance de toute une fédération de football et à un président qui n'était pas à la tête de beaucoup de choses, mais d'absolument tout", a encore décrit la procureure.
Mme Durántez Gil a précisé avoir requis une peine "minimale" pour l'agression sexuelle, expliquant avoir pris en compte qu'il s'agissait "d'un baiser et non d'un comportement plus intrusif".
Les pressions subies par la joueuse pour qu'elle minimise l'importance de ce baiser se sont quant à elles matérialisées "dans le vestiaire, dans le bus, dans l'avion, à Ibiza (...), auprès de sa famille, par WhatsApp, quand elle n'est pas convoquée en sélection" pour le premier match après l'éclatement du scandale et par l'intermédiaire de membres de la Fédération, a énuméré la procureure.
Marta Durántez Gil a aussi confirmé ses réquisitions à l'encontre des coaccusés de Luis Rubiales, l'ex-sélectionneur de la "Roja" féminine Jorge Vilda et deux anciens responsables de la RFEF, Rubén Rivera et Albert Luque, contre qui elle a demandé un an et demi de prison pour les pressions.
- Fin du procès jeudi? -
Aujourd'hui sélectionneur de l'équipe féminine du Maroc, Jorge Vilda a nié mercredi toute coercition sur Jenni Hermoso pour atténuer l'affaire mais a reconnu avec discuté avec son frère pour "fait part de (son) inquiétude concernant l'impact médiatique" de l'affaire et pour "trouver une manière de normaliser la situation".
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l'ex-sélectionneur de la "Roja" féminine, Jorge Vilda, quitte le tribunal de San Fernando de Henares, à l'est de Madrid, le 11 février 2025
JAVIER SORIANO - AFP
Pour la procureure, Jorge Vilda et les deux autres accusés savaient que Jenni Hermoso ne voulait pas faire une vidéo avec Luis Rubiales pour minimiser l'importance du baiser: malgré cela, "ils insistent et essaient de la contraindre à faire ce qu'elle ne veut pas", a estimé Mme Durántez Gil.
Entendu mardi pour la première fois depuis le début de son procès, Luis Rubiales a assuré qu'il était "absolument sûr" que Jenni Hermoso lui avait donné son consentement avant qu'il ne l'embrasse.
La joueuse, elle, a fermement écarté cette idée au premier jour d'audience, décrivant aussi les "innombrables" pressions qu'elle avait subies après ce geste pour en minimiser l'importance et étouffer le scandale.
Erigée en symbole de la lutte contre le sexisme dans le sport après ce scandale l'attaquante qui évolue aujourd'hui au Mexique, déjà absente lors du dernier rassemblement de la Roja, n'a pas été retenue pour les prochains matches des Espagnoles.
Le procès pourrait se terminer jeudi, avec les plaidoiries de la défense et les derniers mots des accusés.
Le jugement sera ensuite mis en délibéré et pourrait ne pas être rendu avant plusieurs semaines.
Par Diego URDANETA / San Fernando de Henares (Espagne) (AFP) / © 2025 AFP