L'ex-patron du football espagnol Luis Rubiales s'est défendu pied à pied mardi à son procès pour le baiser imposé à Jenni Hermoso en 2023, assurant être "absolument sûr" que la joueuse avait consenti et niant toute pression pour étouffer le scandale.
"Je lui ai demandé si je pouvais lui donner un petit baiser, elle m'a dit +d'accord+ et c'est ce qui s'est passé", a déclaré M. Rubiales, qui s'est exprimé pour la première fois depuis le début de son procès.
La joueuse elle-même, entendue lors du premier jour d'audience, avait maintenu qu'elle n'avait jamais donné son consentement à ce baiser.
Avant Luis Rubiales, un expert en lecture labiale avait assuré que celui qui était alors président de la Fédération espagnole de football (RFEF) avait bien demandé à Jenni Hermoso s'il pouvait lui faire "un petit baiser" avant de l'embrasser, mais sans pouvoir confirmer si la joueuse avait répondu.
- "Aucune importance" -
"Ce qui s'était passé (le baiser) n'avait aucune importance, ni pour elle, ni pour moi", a affirmé Luis Rubiales, évoquant un "geste d'affection".
![Image tirée d'une vidéo publiée par la chaîne YouTube de la Cour de justice espagnole de l'ancien président de la fédération espagnole de football Luis Rubiales, lors de son procès au tribunal de San Fernando de Henares, à l'est de Madrid, le 11 février 2025](https://www.sudradio.fr/wp-content/uploads/2025/02/b832ecfc518d6fc4a7716e8af22a9c0f34cdf47a.jpg)
Image tirée d'une vidéo publiée par la chaîne YouTube de la Cour de justice espagnole de l'ancien président de la fédération espagnole de football Luis Rubiales, lors de son procès au tribunal de San Fernando de Henares, à l'est de Madrid, le 11 février 2025
Handout - Cour de justice espagnole/AFP
"J'ai demandé pardon pour mon comportement parce qu'il n'était pas approprié et sur cette estrade, j'aurais dû garder mon sang-froid et ne pas me laisser emporter par l'émotion", a toutefois reconnu l'ancien patron de la RFEF, qui avait décrit ce baiser avant le procès comme "un bisou de célébration entre deux amis".
M. Rubiales comparaît devant le tribunal de l'Audience nationale à San Fernando de Henares, près de Madrid, depuis le 3 février.
Il est accusé d'agression sexuelle et de coercition pour les pressions exercées sur la joueuse afin d'étouffer le scandale provoqué par ce baiser sur les lèvres de Jenni Hermoso, lors la remise des médailles après la finale du Mondial, le 20 août 2023.
"Je ne fais un baiser sur les lèvres que lorsque je décide de le faire", avait lancé la joueuse au premier jour du procès, assurant s'être sentie "peu respectée" en tant que femme.
![La footballeuse espagnole Jenni Hermoso arrive au tribunal de San Fernando de Henares, près de Madrid, le 3 février 2025](https://www.sudradio.fr/wp-content/uploads/2025/02/19b76c2b49091a80fb6434f6997169888dc8e4d2.jpg)
La footballeuse espagnole Jenni Hermoso arrive au tribunal de San Fernando de Henares, près de Madrid, le 3 février 2025
Thomas COEX - AFP/Archives
Elle a décrit les pressions "innombrables" subies ensuite, notamment pour faire une vidéo commune avec Luis Rubiales afin de minimiser l'importance de ce geste.
Ce dernier a fermement démenti mardi avoir tenté d'approcher l'entourage de la joueuse pour lui parler ou lui imposer cette vidéo.
Interrogé aussi sur le communiqué diffusé par la RFEF après la finale pour tenter de circonscrire le scandale, et validé du bout des lèvres par Jenni Hermoso, Luis Rubiales a affirmé n'avoir pas participé à sa rédaction, tout en reconnaissant en avoir eu l'idée.
- "Je me suis trompé" -
"Je me suis trompé, je me suis comporté comme un sportif après une victoire, comme un membre supplémentaire du groupe et, à ce moment-là, j'aurais dû garder la tête plus froide et rester dans un rôle plus institutionnel", a-t-il ajouté.
![L'ancien président de la fédération espagnole de football, Luis Rubiales, entouré par les médias, quitte le tribunal de San Fernando de Henares, à l'est de Madrid, le 11 février 2025](https://www.sudradio.fr/wp-content/uploads/2025/02/e422aafc28a8a438987c3f4fd77e544f6b62a690.jpg)
L'ancien président de la fédération espagnole de football, Luis Rubiales, entouré par les médias, quitte le tribunal de San Fernando de Henares, à l'est de Madrid, le 11 février 2025
OSCAR DEL POZO - AFP
Le parquet, qui présente en Espagne ses conclusions avant le procès, réclame une peine de deux ans et demi de prison à son encontre (un an pour agression sexuelle et un an et demi pour les pressions exercées sur la joueuse).
Des peines de 18 mois de prison ont été requises contre ses trois co-accusés, l'ex-sélectionneur des Espagnoles Jorge Vilda et deux cadres de la fédération, poursuivis uniquement pour coercition.
"Rubi", comme le surnomment ses proches, un ancien joueur professionnel âgé de 47 ans, était arrivé en mai 2018 à la présidence de la RFEF, qu'il dirigeait d'une main de fer.
Loin de prendre la mesure du geste qu'il venait de commettre devant les caméras du monde entier, M. Rubiales s'était d'abord défendu bec et ongles pendant plusieurs jours.
Il avait assuré que le baiser était consenti, en minimisant la gravité et allant jusqu'à se présenter en victime d'un "faux féminisme" lors d'une assemblée générale de la RFEF au cours de laquelle il avait refusé de démissionner.
Finalement suspendu par la Fédération internationale (Fifa) et abandonné de tous, il avait démissionné le 10 septembre.
Il est également mis en cause dans un autre dossier, une enquête pour corruption dans une affaire de contrats irréguliers lorsqu'il était à la tête de la RFEF entre 2018 et 2023,
Par Diego URDANETA / San Fernando de Henares (Espagne) (AFP) / © 2025 AFP