La fin d'une ère dans le monde du biathlon: le Norvégien Johannes Boe, N.1 mondial et ogre de la discipline, mettra un terme à sa carrière en mars à l'issue de la Coupe du monde, à un an des Jeux olympiques en Italie.
"Je pense que le moment est venu de donner la priorité à ma famille", a annoncé le Norvégien de 31 ans, en larmes, lors d'une conférence de presse organisée en dernière minute à Ruhpolding (Allemagne), où se déroule la 5e étape de la Coupe du monde de biathlon.
"Je devais continuer une année de plus mais la participation aux Jeux olympiques exige encore plus, y compris pour ceux qui m'entourent", a affirmé le biathlète qui a fait main basse sur la discipline après la retraite de Martin Fourcade.
Cette annonce choc intervient en pleine saison pré-olympique, qui devait être son avant-dernière puisque le Norvégien avait dans un premier temps confirmé mi-novembre qu'il mettrait un terme à sa carrière après les prochains Jeux d'hiver.
"Je n'ai presque plus besoin de m'entraîner pour être numéro un, mais ce n'est pas suffisant pour continuer pendant un an", a poursuivi le natif de Stryn, en Norvège, attendu comme un des favoris des prochains Jeux d'hiver.
Le leader au général a raconté qu'il avait pris sa décision durant les fêtes de fin d'année, pendant la trêve.
- Sans regret -
Johannes Boe lors de l'étape de Coupe du monde de biathlon à Ruhpolding (Allemagne), le 17 janvier 2025
Tobias SCHWARZ - AFP
"Quand je suis rentré chez moi à Noël et que j'en ai parlé, j'ai senti que c'était la seule chose à faire", a-t-il confié. "Dans 20 ans, quand mes enfants partiront de la maison, je ne regretterai pas cette année supplémentaire".
L'extraterrestre norvégien a écrasé la compétition depuis son arrivée en 2013, avec cinq médailles d'or olympique et cinq des six derniers gros globes de cristal. Fourcade en a remporté sept (record).
Le trophée qui récompense le meilleur biathlète de l'hiver ne lui a échappé qu'une seule fois depuis son premier couronnement en 2019. C'est le Français Quentin Fillon Maillet qui l'en a privé en 2022.
Avec 88 courses individuelles remportées (JO et Mondiaux inclus), il n'est plus qu'à sept victoires du record de la légende Ole Einar Bjoerndalen.
Aux Mondiaux, il pourra dépasser le record de 20 médailles d'or d'OEB qu'il avait égalé l'an dernier à Nove Mesto (République tchèque) avec un triplé.
- Un "ami", pas un "concurrent" -
Johannes Boe lors du relais 4x7.5 km de Ruhpolding (Allemagne), le 17 janvier 2025
Tobias SCHWARZ - AFP
Le biathlète avait annoncé sa décision d'arrêter à son équipe samedi matin, après le petit-déjeuner.
"Johannes a dit à tous les athlètes et aux membres de l'équipe qu'il voulait nous parler. Il nous l'a annoncé. J'étais complètement choqué", a expliqué l'entraîneur de l'équipe norvégienne Siegfried Mazet.
"Je lui ai dit que ce n'étaient que des bonnes raisons. Pour moi c'est la fin d'une magnifique histoire", a poursuivi le Français, très ému.
L'annonce de sa retraite prochaine a fait réagir le monde du biathlon.
"Il fait partie des rares athlètes avec qui je n'ai jamais eu de relations ambivalentes. Ca a toujours été très sain avec énormément de respect en dépit de la grande rivalité qui nous liait", a déclaré à l'AFP Martin Fourcade.
Le Français Emilien Jacquelin, N.3 mondial, préfère parler d'un "ami" plutôt que d'un "concurrent" sur le circuit.
"Le souvenir qui caractérise le plus c'est le moment où ça n’allait pas du tout pour moi lors des Jeux olympiques de Pyeongchang. C'est le seul qui a eu des mots très sympas pour moi. Ca montre l'humanité et la bienveillance de Johannes", a commenté auprès de l'AFP le Français.
"Je suis choqué, j'étais sûr qu'il irait jusqu'aux Jeux. Je sais qu'il a eu des problèmes à l'entraînement cet été, de motivation et puis sa famille", a réagi la légende Ole Einar Bjorndalen dans le journal norvégien VG.
Quelle est la suite pour le Norvégien ? "Mes projets ne sont pas encore clairs. J'ai dit à ma femme que même si je ne participais pas aux Jeux olympiques à Antholz, j'espérais quand même y être", a souri Johannes Boe avant de quitter la salle de presse sous un tonnerre d'applaudissements.
Par Arthur CONNAN / Ruhpolding (Allemagne) (AFP) / © 2025 AFP