"C'était dur mais ça ne m'a pas brisé": figure de proue du judo et co-champion du monde 2023 avec Teddy Riner, Inal Tasoev est revenu sur l'absence de sa fédération aux JO de Paris, où il aurait voulu "terminer" son "histoire" avec la star française.
Vainqueur du Grand Slam de Paris à Bercy dimanche pour lancer sa saison, Inal Tasoev a expliqué à l'AFP comment il a vécu l'absence des Russes aux JO-2024: "C'était dur, mais je suis toujours là, je m'entraîne, je participe à des compétitions, ça ne m'a pas brisé".
Peu avant les Jeux, la fédération russe avait décidé de ne pas envoyer de judoka à Paris, dénonçant les "conditions humiliantes" fixées par le Comité international olympique. Le CIO, qui avait banni les athlètes russes après l'invasion de l'Ukraine en février 2022, avait organisé leur retour progressif, sous bannière neutre et sous certaines conditions.
Tasoev faisait partie d'une liste dressée par le gouvernement ukrainien des sportifs russes ayant soutenu, selon lui, le Kremlin.
Une situation que le poids lourd de 26 ans a encore du mal à accepter: "Pour qui cela n'aurait-il pas été difficile?", demande-t-il. Selon lui, "toute l'équipe de Russie méritait totalement d'aller aux Jeux olympiques".
S'il n'était pas sur les tatamis de l'Arena Champ-de-Mars, Tasoev était toutefois bien à Paris l'été dernier: "Je suis venu ici, j'étais assis au premier rang et j'ai vu la compétition". Il a ainsi assisté au troisième sacre olympique individuel de Riner et estime que cette victoire était "totalement méritée".
Reprenant le discours de sa fédération, il estime néanmoins que l'absence de l'équipe russe, "une des trois meilleures au monde" avec le Japon et la France, a rabaissé la valeur de la compétition: "Les champions des Jeux olympiques de 2024 n'ont pas pu se sentir vraiment champions, parce qu'il n'y avait pas tous les autres athlètes de haut niveau pour rivaliser avec eux".
- Prochain duel aux Mondiaux ? -
"C'est triste pour les autres athlètes, qui ne pouvaient pas dire qu'ils avaient vraiment battu tout le monde, parce que ce n'était pas vrai", ajoute-t-il.
Celui que beaucoup considéraient comme le principal rival du Français aurait-il pu le battre? "C'est du sport, du judo, je ne peux pas prédire ce qui aurait pu se passer", balaye-t-il. "Je méritais de me rendre aux JO, mais je n'ai pas pu y aller. Je pense que nous devons tous concourir ensemble, c'est tout".
En 2023, Tasoev avait été battu par Teddy Riner en finale des Mondiaux, avant de finalement être sacré ultérieurement co-champion du monde au coeur d'un imbroglio arbitral.
Aujourd'hui "un peu fatigué des questions sur Teddy Riner", il n'attend pas après leur futur rendez-vous: "s'il vient aux Championnats du monde et que je viens (en juin à Budapest), alors on s'y croisera, mais s'il n'y va pas, ça ne changera rien pour moi".
"Cette histoire devait se terminer aux Jeux olympiques de Paris, mais pour l'instant, ça ne m'intéresse pas", ajoute le double champion d'Europe (2021, 2024), qui a perdu trois fois contre le Français de 35 ans.
Revenir six mois après à Paris et s'imposer lors du tournoi dimanche n'avait pas non plus de signification particulière: "c'est important de gagner à chaque tournoi, je ne me rends pas à une compétition pour participer mais toujours pour gagner".
Tourné vers cette nouvelle olympiade, il se "prépare déjà pour le voyage à Los Angeles", sourit-il en montrant le tee-shirt qu'il porte, avec un motif de la cité californienne. "Je vais faire de mon mieux pour y aller".
D'autres lourds russes peuvent y prétendre, à commencer à Tamerlan Bashaev, qui avait battu Riner en quart de finale des JO de Tokyo en 2021.
Par Olivier LEVRAULT / Paris (AFP) / © 2025 AFP