single.php

CIO: Kirsty Coventry, à jamais la première

Première femme et première Africaine… La Zimbabwéenne Kirsty Coventry a brisé de nombreuses barrières pour s'imposer à la tête du sport mondial et devenir, à 41 ans, la plus jeune de l'histoire à présider le CIO.

Fabrice COFFRINI - AFP

Première femme et première Africaine… La Zimbabwéenne Kirsty Coventry a brisé de nombreuses barrières pour s'imposer à la tête du sport mondial et devenir, à 41 ans, la plus jeune de l'histoire à présider le CIO.

La victoire de la septuple médaillée olympique de natation, membre du cénacle olympique depuis 2013, laisse une question ouverte: doit-elle avant tout ce succès à l'appui de Thomas Bach ?

Selon certaines sources, le président sortant du CIO a largement favorisé son destin. D'abord en l'intégrant à la commission exécutive en 2018, puis en la propulsant en 2021 à la tête de la Commission de coordination des JO-2032 à Brisbane.

"Une nouvelle ère réclame de nouveaux leaders", martelait depuis six mois l'Allemand, un vrai portrait en creux de la benjamine de l'élection, reflet d'un CIO rajeuni et internationalisé.

D'autant que face aux six autres impétrants, Kirsty Coventry pouvait déjà s'appuyer sur un palmarès riche de sept médailles olympiques, dont deux en or sur 200 m dos (2004 et 2008), et 3 titres mondiaux en grand bassin, qui la consacre comme la plus grande nageuse africaine de l'histoire.

Née en 1983 à Harare, elle était partie s'entraîner à l'Université américaine d'Auburn, avant d'enchainer les succès universitaires puis olympiques.

Comme deux de ses adversaires malheureux, le Britannique Sebastian Coe et le Français David Lappartient, elle a ensuite embrassé une carrière politique au Zimbabwe, dont elle est ministre des Sports, des Arts et de la Jeunesse depuis 2019, dans le gouvernement du président Emmerson Mnangagwa. Celui-ci a succédé en 2017 à Robert Mugabe, écarté par l'armée après 37 ans au pouvoir, suscitant l'espoir d'un renouveau démocratique et d'un redressement d'une économie en plein marasme.

Mais cet ancien intime de Mugabe, membre comme lui du parti au pouvoir depuis l'indépendance en 1980 (ZANU-PF), est désormais réputé encore plus autoritaire que son prédécesseur.

Régulièrement interrogée sur la nature du régime, l'ancienne nageuse souligne qu'elle a "appris beaucoup comme ministre" et avance sa volonté de faire évoluer les choses dans son pays.

"Je représenterai toujours le Zimbabwe. La couleur ne m'importe pas", disait-elle en 2004 après son premier titre olympique, balayant tout débat sur son appartenance à la minorité blanche du pays, elle qui a grandi dans la banlieue de Harare où ses parents possédaient une usine chimique.

- Approche collaborative -

La nageuse zimbabwéenne Kirsty Coventry, médaillée d'or sur 200 m dos aux JO de Pékin, le 16 août 2008

La nageuse zimbabwéenne Kirsty Coventry, médaillée d'or sur 200 m dos aux JO de Pékin, le 16 août 2008

Pedro UGARTE - AFP/Archives

D'ailleurs, Kirsty Coventry a puisé son slogan de campagne ("Ubuntu") dans la culture de son continent, un concept largement mis en avant par Nelson Mandela. "Cela signifie essentiellement +Je suis parce que nous sommes+", explique-t-elle, pour signifier que les décisions doivent être partagées.

"Nous devons être un front uni et nous devons travailler ensemble", a-t-elle déclaré immédiatement après son élection, promettant de "rassembler" le mouvement olympique.

Sur la présence des sportifs israéliens comme sur la réintégration de la Russie, elle estime que le rôle du CIO est "de faire en sorte que tous les athlètes puissent participer aux JO". Son avis sera particulièrement scruté sur la participation des athlètes transgenres et intersexes, sujet devenu explosif ces dernières années.

La nageuse Kirsty Coventry à son retour au Zimbabwe après sa médaille d'or olympique du 200 m dos aux JO d'Athènes, le 25 août 2004 à Harare

La nageuse Kirsty Coventry à son retour au Zimbabwe après sa médaille d'or olympique du 200 m dos aux JO d'Athènes, le 25 août 2004 à Harare

STR - AFP/Archives

Elle pousse pour rendre la grande famille olympique plus inclusive. Et surtout elle espère que son parcours inspirera d’autres vocations, notamment sur le continent africain. "Nous sommes prêts à prendre les devants. Nous en sommes capables, nous ne sommes pas seuls. Allons-y!", clame-t-elle.

Cette mère de deux fillettes compte également œuvrer pour davantage d'égalité entre hommes et femmes "parmi les entraîneurs et les administrateurs du sport", elle qui a rendu hommage dès son élection aux "femmes incroyables" qui l'ont précédée.

La voix étranglée par l'émotion, Coventry a évoqué l'Américaine Anita DeFrantz, candidate malheureuse à la présidence du CIO en 2001 venue en Grèce en dépit d'une santé déclinante: "j'étais juste très fière de pouvoir la rendre fière (...) Elle m'a inspirée, elle a été un mentor pour moi depuis que je suis entrée" au CIO.

Par Pierre GALY / Costa Navarino (Grèce) (AFP) / © 2025 AFP

L'info en continu
00H
23H
22H
21H
20H
19H
18H
17H
16H
15H
14H
Revenir
au direct

À Suivre
/