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Claude Onesta : "Il n'y a pas beaucoup d'équipes que l'on craint"

Par Justin Boche

En direct de Cap-Breton ou les Bleues sont en stage de préparation pour l'Euro 2016. Vous venez souvent dans les Landes, pourquoi ce choix ?Quand vous allez quelques part que vous y êtes bien reçu et que vous avez de bonnes conditions de travail et que derrière vous avez des résultats, vous finissez par vous […]

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En direct de Cap-Breton ou les Bleues sont en stage de préparation pour l'Euro 2016. Vous venez souvent dans les Landes, pourquoi ce choix ?Quand vous allez quelques part que vous y êtes bien reçu et que vous avez de bonnes conditions de travail et que derrière vous avez des résultats, vous finissez par vous dire pourquoi changer. Ce stage est un peu compliqué parce qu'on a des joueurs qui sortent de compétition. On a des niveaux de forme et de récupération très diverses. Du coup Cap-Breton se prête à ce travail de récupération avec des programmes individualisés. Cette année il y a beaucoup plus de monde dans la station.C'est bon signe, c'est que le public répond présent ?Il y a beaucoup de monde dans la station et sans se faire déborder il y a entre 300 et 500 spectateurs chaque jour à l'entraînement. C'est bon enfant et on est encore dans une phase qui n'est pas dans l'intensité et l'exigence. On est plutôt décontracté encore.Vous avez dû faire phase à de nombreuses blessures. William Accambray, Mathieu Grébille, Baptiste Bonnefond, Jérôme Fernandez puis Timothey N'Guessan ce week-end. Vous avez parlé de malédiction des arrières gauches ?Quand vous avez 5 forfaits, dont 3 joueurs cadres qui sont sur le même poste. Vous êtes obligé d'aller taper au plus loin. Mais la force du handball français c'est d'avoir un réservoir de grande qualité. Depuis 15 ans à la tête de l'équipe, c’est la première fois que l'on aura autant de forfaits à décompterCava changer votre façon de manager cette équipe ?Déjà on sait que les championnats d'Europe avant les JO sont toujours compliqués. Tout le monde calcule un peu et tout le monde sait bien que les JO sont le rendez-vous exceptionnel. La particularité c'est que l'on est déjà qualifié pour les JO. Donc on n'a pas nécessité de faire un résultat à tout prix alors que les autres oui. Selon leur championnat d'Europe, ils vont pouvoir espérer ou non se qualifier aux JO. Nous, nous sommes dans une position d'attente et de facilité. Quand on y ajoute ces problèmes d'absents on va essayer de faire un résultat, mais sans se mettre en danger et de mettre en danger sur les joueurs cadres.Vous avez aussi une façon de manager ou vous laissez vos joueurs prendre leurs responsabilités. Là avec un groupe rajeuni vous allez devoir être plus présent ?D'un côté il va falloir être plus présent et directif et les cadres auront un rôle plus important qu'a l'ordinaire. Le vrai risque pour moi serait de sur exposer ces cadres en les utilisant au-delà du raisonnable. Il faut que l'on soit ambitieux déterminé tout en gardant une forme de raison pour obtenir le résultat que l'on souhaite obtenirXavier Barachet est aussi incertain. Quelles sont les nouvelles le concernant ?Elles sont paradoxalement plutôt bonnes quand on l'écoute. Là aussi on fait l'analyse de la prise de risque. Il a une blessure au genou. Son genou va tout de même bien. Il faut lui laisser le temps de récupérer pour ne pas aggraver la situation. À mon sens, il y a peu de chance de le voir à l'Euro, même si la décision sera prise tardivement.Parlons des présents. Comment trouvez-vous vos joueurs ?Il y a toujours de l'intérêt à préparer ces grandes compétitions. Il y a aussi une forme d'inquiétude. On observe la jeune génération. On essaie de les aider même s'il y a des doutes sur leur capacité et la maîtrise qu'ils auront. Mais les choses progressent assez vite. Ils mettent beaucoup d'engagement et d'investissement. Les cadres savent que l'on a une équipe qui nous permettrait de joueur les premiers rôles. Quand on met notre 7 de base sur le terrain, il n'y a pas beaucoup d'équipes que l'on craint. Il faut que je m'oblige à rester raisonnable. À donner du temps de jeu à des joueurs qui doivent prendre plus d’expérience et plus de responsabilités. On a un plan de bataille qui est établi avec de l'ambition bien évidemment.On a le sentiment que vous avez déjà basculé sur les JO ?On ne doit pas négliger l'Euro. On doit à tout prix joueur les matchs de l'Euro aussi bien qu'on le pourra. On aura trois compétitions en douze mois. L'Euro, les JO et les championnats du monde en France en 2017. L'Euro n'est pas moins important comme compétition, mais elle pèse le moins en terme de résultat. On est champion d'Europe en titre. On n'a pas l'habitude de perdre, on ne veut pas s'y habituer et on ne va pas lâcher cette compétition.Où allez-vous chercher la motivation à l'approche de ce nouveau défi ?On pourrait tous se poser la question et on se la pose d'une certaine façon. Depuis 15 ans on a vécu des choses merveilleuses. J'ai fait évoluer mon métier au fil de mon aventure. J’ai été entraîneur au début. Au début je suis moins préoccupé par la dimension technique que j'ai beaucoup délégué et je suis plus manager. Je suis plus gestionnaire des hommes que des joueurs. Ce qui m'intéresse c'est de gérer des hommes dans la complexité d'un groupe. Comme l'intérêt commun devient principal. Même avec les mêmes joueurs les relations changent. Il faut avoir un temps d'avance sur ce qui se passe. C'est comme un rébus à résoudre et comme ça chaque fois le rébus m'amuse.Comment jugez-vous votre équipe rajeunie ?Je dirais qu'elle est moins bonne que si les titulaires étaient tous présents. La qualité des joueurs c’est le talent et le potentiel qu'ils expriment. Mais c'est aussi après la capacité qu'ils ont de réaliser des performances dans un environnement hostile. Et ça s’acquiert au fil des compétitions. Cette équipe est moins expérimentée et donc forcément moins capable. C'est intéressant de voir le comportement du groupe et des acteurs eux-mêmes. C'est aussi passionnant de voir les joueurs évoluer. Le groupe a compris qu'en s'associant, ils étaient plus fort. Parfois il vaut mieux taire les différences et s'associer sur les endroits ou ils peuvent se retrouver. Ils ont admis que l'équipe est plus forte que les individus. Il y a donc une habitude à se faire confiance et à se respecter. Nous, on a la chance d'avoir une dimension d'équipe à la hauteur du talent des individus. Il y a aussi une forme de spirale de la réussite. Le jeune qui arrive dans cette équipe, tout ce qu'il sait de cette équipe c'est que c'est une équipe qui gagne des titres. Il est persuadé que lui-même va gagner des titres. Cette croyance-là est sûrement importante dans la dynamique de succès.Après ce stage à Cap-Breton vous allez prendre la direction de Rouen pour 3 matchs amicaux contre le Qatar et le Danemark. Des adversaires de qualité. C'était un choix de votre part ?Oui. En fin de préparation les joueurs sont habités de sentiments divers. Ils leur tardent de commencer la compétition, mais ils n'ont pas forcément envie de se blesser à la veille du départ. Ces matchs amicaux sont alors perçus de manière ambiguë. Il faut donc leur faire comprendre que ce sont de vrais matchs. En jouant des gros adversaires, les joueurs veulent toujours marquer les esprits. En montant le niveau de l'adversaire, ça monte l'exigence pour tout le monde. À l'inverse, faire un match contre une équipe moyenne c'est l'assurance de faire un match moyen.Les Bleus partiront vers Cracovie le 13 janvier jusqu'au 31 janvier. Groupe : Pologne, Macédoine, Serbie. Quel est votre sentiment sur ce groupe, groupe relevé ?C'est un groupe relevé, mais dans un championnat d'Europe, ils le sont tous. Il y a peu d'équipes européennes qui soient faibles et qui ne soient pas capables, sur un match, d'attraper un gros favori. La Macédoine, on les connaît on les a jouées la saison précédente et ils ont progressé, ils sont qualifiés sur toutes les compétitions. C'est une équipe solide qu'on a jusqu'à maintenant dominée, mais il faut la prendre au sérieux. La Serbie, c'est un adversaire historique du handball mondial, on ne s'amuse pas avec des Serbes, c'est une nation à la dimension sportive de qualité. Ils ont quelques absents majeurs donc l' équipe peut être plus expérimentale. Mais parfois, les équipes expérimentales elles vous surprennent. On va aborder les choses plus que sérieuses avec la Pologne, qui est déjà une équipe installée du top 6 européen, qui joue à domicile et qui organise ce championnat d'Europe avec l'ambition de le gagner, ce qui lui permettrait de se qualifier pour les JO de manière directe. Donc c'est d'évidence l'un des favoris de cette compétition. S'ils ont choisi d'être dans notre groupe, c'est pour nous jouer en début de compétition et nous retrouver qu'en finale...Quel a été votre discours pour tous ces jeunes joueurs ? Sur quoi vous avez envie d'insister ?J'insiste plus sur les hommes qu'ils sont que sur les joueurs. C'est presque sanctuaire. C'est un endroit où l'on réalise des choses magnifiques pour le handball français, quand on y rentre, on s'essuie les pieds en rentrant, on parle pas fort, on est très vigilants, à l'écoute, respectueux de ce qui s'est passé. Pour moi, le jeune doit rentrer dans une logique de compagnonnage. Il va apprendre. Les aînés doivent participer à cet apprentissage. Moi je suis plutôt celui qui les dérange, j'ai beaucoup d'exigence vis a vis d'eux, notamment au niveau du comportement. Je génère la prise en charge des anciens qui vont les récupérer, et jouer le rôle de grand frère. Si j'étais trop protecteur, il y aurait peut-être un comportement inverse. On ne leur fait pas vivre un calvaire, mais quand ils rentrent, ils ont des devoirs, et aucun droit. Ils sont là pour servir l'équipe de France et non pour se servir.Le mondial 2017 en France, serait votre dernière échéance, est-ce que l'on peut réellement programmer sa fin en tant qu'entraîneur ?Non, ce serait présomptueux. Ce sont les événements qui décident de la suite. Avec ce que j'ai gagné, c'est sûr qu'il y a peu de gens qui viennent me bousculer, donc il faut que moi je sois capable de me bousculer. Ce que les autres ne me disent plus, il faut que je sois capable de le percevoir par moi-même. Mais ce qui est sûr, c'est que j'ai le sentiment d'avoir fait mon temps. D'avoir apporté ce que j'avais à apporter. Je peux apporter de l'aide à ceux qui m'entourent, mais viendront le moment où ils auront besoin que je m'éloigne pour laisser libre cours à leurs propres expériences. Je peux partir aujourd'hui avec le sentiment du devoir accompli, mais je n'ai pas besoin d'y être, je pourrais déjà être passé à autre chose. J'essaye juste de faire en sorte que la transmission se passe le mieux possible. Et que notre équipe continue à avoir d'aussi bons résultats. La question que je me pose tous les matins, c'est de savoir si les gens se sont habitués à moi, si je suis encore là, car je fais partie des meubles, que personne n'ose me dire de m'éloigner ? Ou est-ce que j'ai encore une forme d'utilité ? Tant que je pense que je peux encore être utile, je m'applique à l'être, mais en libérant de plus en plus d'espace à d'autres. C'est un métier compliqué, mais que je réalise aujourd'hui avec plus de facilités qu'au début, ça, c'est sûr, mais qui ne se pratique pas que sur le terrain. Sélectionneur, c'est quelqu'un qui pèse sur la Fédération, qui travaille sur les grands projets, donc c'est un rôle en relation avec les partenaires et la cellule dirigeante. Un rôle qu'il faudra continuer à jouer. L'enjeu pour le handball français c'est de maintenir sa présence sur la scène du sport français. C'est devenu un des sports les plus pratiqués en France, avec une audience toujours plus forte. Il faut installer dans la durée ce système. D'ici deux ans, on aura notre petit Marcoussis à nous, ce qui est une révolution. Ces projets doivent être accompagnés, je suis de plus en plus occupé par ces choses-là et je m'éloigne de plus en plus du bord du terrain. Il faut associer les générations et préparer l'avenir des plus jeunes.

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