Rien ni personne ne peut troubler Tadej Pogacar lorsqu'il est au départ des Strade Bianche: la superstar du cyclisme mondial a remporté samedi à Sienne pour la troisième fois la classique italienne malgré une chute à 50 kilomètres de l'arrivée et quelques contusions.
Comme le Suisse Fabian Cancellara dont il a égalé le record de victoires dans l'épreuve, Pogacar aura dès l'année prochaine un "sterrato", ces chemins de cailloux blancs qui sillonnent les collines toscanes, à son nom.
Un virage aussi va être désormais immanquablement associé au phénomène slovène: celui juste avant le redoutable secteur du Colle Pinzato, où il a chuté, avant de finir après une spectaculaire cabriole au milieu des ronces dans un fossé.
Malgré cette sortie de route et des plaies sur le flanc gauche et à la main droite, Pogacar, 26 ans, a vite pu reprendre la course, le maillot et le cuissard arrachés, mais la confiance à peine écornée.

Le Slovène Tadej Pogacar franchit la ligne d'arrivée après sa victoire dans les Strade Bianche le 8 mars 2025 à Sienne
Marco BERTORELLO - AFP
Il est vite revenu sur Pidcock, qui, le voyant fondre sur lui, s'est relevé et l'a attendu, puis il a profité du deuxième passage dans le Colle Pinzato pour lâcher le Britannique, vainqueur de l'épreuve en 2023, à 18 kilomètres de l'arrivée.
Un an après son impressionnant raid solitaire de 80 kilomètres, Pogacar a certes dû serrer les dents pour rallier la Piazza del Campo en vainqueur, mais il a encore écrit une nouvelle page d'histoire des Strade Bianche.
- Moyenne record -
Malgré sa chute, Pogacar, qui a devancé sur la ligne d'arrivée Pidcock d'1 min 24 sec et son coéquipier belge Tim Wellens de 2 min 12 sec, a établi un nouveau record avec une moyenne de 40,704 km/h.

Le Slovène Tadej Pogacar après sa chute dans les Strade Bianche qu'il a remportées pour la troisième fois le 8 mars 2025 autour de Sienne
Marco BERTORELLO - AFP
Le leader de l'équipe UAE est aussi le premier dans l'histoire de la classique, créée en 2007 et qui rêve de devenir un Monument, à s'imposer deux années de suite.
"Ce n'est pas la meilleure façon de gagner une course, mais cela reste une victoire", a-t-il insisté.

Le peloton durant la 19éme édition des Strade Bianche le 8 mars 2025 autour de Sienne
Marco BERTORELLO - AFP
"Je suis rentré trop vite dans le virage, c'est bizarre, car je connais pourtant bien cette route (...) Après ma chute, j'ai un peu paniqué, j'ai commencé à me poser plein de questions, +Est-ce que mon vélo est OK ? Est ce que ma montre est OK ?+".
"Il y avait plein de trucs qui se bousculaient dans ma tête, mais très vite, je me suis dit qu'il fallait revenir sur la tête et finir l'énorme travail réalisé par l'équipe", a-t-il poursuivi.
Reste à savoir si cette victoire dans la douleur va avoir un impact sur son calendrier.
Dans deux semaines, le champion du monde 2024 tentera de remporter Milan-Sanremo (22 mars), l'un des deux Monuments du cyclisme qui se refuse à lui et qui est son grand objectif du début de saison.
Cette chute aura en revanche peut-être mis fin à ses envies de s'attaquer pour la première fois à Paris-Roubaix.
Si Pogacar n'a pas voulu évoquer son programme, son directeur sportif Mauro Gianetti a écarté tout impact à moyen ou long terme de ces déboires toscans: "Tout va bien, il n'y a rien à craindre", a-t-il balayé.
En l'absence de Julian Alaphilippe, seul Français à s'être imposé à Sienne, en 2019, les coureurs tricolores n'ont pas été épargnés par les chutes et crevaisons.
Le meilleur d'entre eux, Jordan Labrosse (Decathlon AG2R), a terminé à la 17e place, à plus de cinq minutes de Pogacar, tandis que Romain Grégoire (Groupama-FDJ), cité au départ parmi les outsiders mais ralenti par une chute, s'est classé 52e. La formation Groupama-FDJ a également perdu, sur chute, David Gaudu, mais son équipe s'est voulue rassurante, évoquant "des plaies superficielles".
AFP / Sienne (Italie) (AFP) / © 2025 AFP