"Cette enquête était visiblement anxiogène pour tous les acteurs de ce dossier, parce qu’il n’y avait effectivement pas beaucoup de volontaires pour venir témoigner ou décrypter cette ambiance générale. On sent que c’est assez pesant". Au micro du 10h-12h de Sud Radio animé par Valérie Expert, le journaliste Jérôme Pierrat n’y va pas par quatre chemins pour évoquer son dernier documentaire centré sur le club de football de l’Olympique de Marseille et ses liens avec le milieu marseillais. Une enquête sensible pour laquelle le journaliste ne s’est toutefois pas senti en danger. "Il n’y a pas eu de menaces directes, tout le monde nous a laissé travailler. On a bien senti qu’on n’était pas trop les bienvenus et qu’on tapait un peu trop dans la fourmilière, mais ça n’a jamais été très prononcé…", souligne-t-il.
Dans cet épisode de Pièces à convictions diffusé ce soir, Jérôme Pierrat revient sur les coulisses du célèbre club marseillais, actuellement sous enquête pour des activités présumées frauduleuses dans le cadre de transferts de certains joueurs dans les années 2000. "Je travaille beaucoup sur les questions de banditisme et de crime organisé, notamment à Marseille. On entendait depuis des années des rumeurs autour du parasitisme du club de foot par le milieu. Jacques avait lui-même réalisé un sujet il y a 15 ans déjà sur l’entrisme de ces messieurs au sein du club, et cerise sur le gâteau, au-delà de ces rumeurs, une enquête judiciaire a été ouverte il y a quelques années autour de plusieurs transferts de joueurs dans lesquels le milieu aurait mis la main pour récupérer les énormes commissions", indique-t-il.
Pressions, intimidations, extorsions, Francis le Belge, Jean-Luc Barresi...
Le journaliste insiste par ailleurs sur l’importance de certains témoignages en particulier, notamment celui "d'un agent de joueurs, Frédéric Dobraje, le seul à avoir osé brisé le silence face caméra. Il raconte lui-même comment il a été approché à quinze ans d’écart par deux équipes. D’abord celle de feu Francis le Belge, et plus récemment où il désigne nommément Jean-Luc Barresi". Jean-Luc Barresi, un nom qui revient régulièrement dans ce documentaire. "C’est une figure du milieu marseillais. Il avait pendant très longtemps un casier judiciaire vierge, notamment lorsqu’il a obtenu sa licence d’agent. Depuis, il a été condamné (assez légèrement) dans une affaire de racket sur le port de Marseille. Il a passé en parallèle une licence d’agents de joueurs, très officielle. Les enquêteurs ont découvert qu’il était derrière un certain nombre de transferts. Lui dit que tout est légal, car c’est habillé juridiquement de façon complexe, mais les enquêteurs soupçonnent des pressions, menaces, extorsions, etc.", rappelle Jérôme Pierrat.
Ce dernier évoque également le témoignage de Rachid Zeroual, vice-président du club de supporters des Winners. "Il était mis en cause par pas mal de gens dans ce dossier. Il faut savoir qu’il y a une guerre d’agents sous-jacente à l’OM, au-delà du milieu, avec d’un côté le clan Bernès-Deschamps, et de l’autre le clan Anigo-Barresi. C’est une guerre commerciale. Les premiers disent que les autres s’appuient sur les clubs de supporters pour faire un peu de pression et faire un peu ce qu’ils veulent. Rachid Zeroual, lui, s’en défend en disant "pas du tout, mais face aux menaces et accusations portées contre moi, j’ai dû aller m’expliquer et attraper Deschamps par le col pour lui demander d’arrêter de médire sur moi car c’est une ville dangereuse et la rumeur peut être assez vite mortelle". Il l’assume complètement", déclare-t-il.
Réécoutez en podcast toute l’interview de Jérôme Pierrat dans le 10h-12h de Sud Radio