Avec la retraite d'Antoine Griezmann et les absences de N'Golo Kanté et Kylian Mbappé, Aurélien Tchouaméni va assurer l'intérim au poste de capitaine de l'équipe de France pour les matches d'octobre, confirmant qu'il est un des leaders de la nouvelle génération.
Comme Adrien Rabiot n'est pas là non plus, "Aurel" hérite également du rôle de patron du milieu des Bleus contre Israël, jeudi à Budapest en Ligue des nations.
Pour renouveler les leaders, "des relais ont été pris après la Coupe du monde au Qatar", répète le sélectionneur Didier Deschamps, qui a préféré "pour son expérience" Tchouaméni comme 132e capitaine des Bleus à Jules Koundé, Mike Maignan ou Ibrahima Konaté.
Le Madrilène aux 36 capes (3 buts) s'est imposé comme titulaire à la Coupe du monde 2022, il fait partie de la brigade qui a pris de l'importance dans le groupe après les départs d'Hugo Lloris, Raphaël Varane et Steve Mandanda.
Il colle à la mentalité de Deschamps, "un coach avec qui il y a eu pas mal de très bons résultats ces derniers temps en équipe de France", disait Tchouaméni pendant l'Euro.
"Je peux comprendre que pour certains qui veulent regarder du très beau jeu, on n'est peut-être pas l'équipe qui joue le mieux. Mais on est l'équipe qui se retrouve le plus souvent dans le carré final. Pour moi, c'est ce qui m'importe", ajoutait-il, sur la même longueur d'onde que son entraîneur.
- "Programmé pour le très haut niveau" -
Également très à l'aise devant la presse, un atout pour un capitaine, Tchouaméni, qui s'est dit "heureux" de cet honneur, a plusieurs cordes à son arc. Il a notamment lancé un média sur YouTube, The Bridge, où il fait dialoguer des champions et des entrepreneurs.
Dans une de ses émission de février 2024, il évoquait un des ressort de son appétit: "Quand vous avez réussi jeune, qu'est-ce que vous allez faire après? C'est pour cela qu'il faut se trouver un nouveau challenge, une nouvelle motivation, sinon on meurt".
Un de ses formateurs aux Girondins, Paul Frey, racontait à l'AFP avant le Mondial que "le gars était programmé pour +tuer+, pour être au très haut niveau", dès l'âge de 17 ans.
Passé par Monaco (de janvier 2020 à juin 2022) et désormais bien installé au Real Madrid, devenu pilier des Bleus, Tchouaméni a suivi une progression linéaire irrésistible. Ce brassard, "c'est une étape de plus pour lui", a commenté Deschamps
Cet athlète s'est aussi entouré d'une cellule personnelle de spécialistes, pour sa condition physique, sa diététique ou sa forme psychologique.
"Je travaille avec mon préparateur mental chaque semaine pour mettre en place des objectifs du week-end, toujours essayer de créer une nouvelle dynamique", explique Tchouaméni, très minutieux sur la partie hors-terrain.
- "Une suite logique" -
Sur la pelouse de Budapest, où joue Israël pendant la guerre, le "Merengue" pourrait se retrouver dans un rôle de sentinelle, surtout en l'absence de Kanté, blessé, et Rabiot, qui n'a pas encore assez rejoué avec l'Olympique de Marseille.
"Mon rôle, c'est de faire le lien entre l'attaque et la défense", détaillait-il pendant l'Euro, "d'apporter cette solidité défensive-là, que ce soit par l'impact dans les duels, par les récupérations de balles".
Il peut aussi se "projeter quand le jeu le demande, pour donner les meilleures balles possibles aux attaquants", soulignait-il.
Jeudi, il devrait se retrouver associé à Eduardo Camavinga, avec qui il joue au Real, et Youssouf Fofana, avec qui il a formé un duo pendant son année et demie à l'AS Monaco.
Ce dernier voit bien Tchouaméni en sentinelle. "Il est très content d'être à ce poste-là", assurait en Allemagne Fofana. Il peut "moins se projeter, ça c'est sûr, mais c'est un poste qu'il affectionne, être la rampe de lancement".
"+Aurel+ est toujours avide de travailler et de performer. Pour moi, c'est une suite logique qu'il joue à ce niveau-là", poursuivait le milieu passé depuis à l'AC Milan, "et je dirais même qu'il a encore beaucoup d'étapes à franchir".
Absent en septembre à cause d'une petite blessure, Tchouaméni va pouvoir se racheter de sa dernière sélection, le 9 juillet en demi-finale de l'Euro perdue contre l'Espagne (2-1), où il s'était fait mystifier par Dani Olmo sur le deuxième but de la "Roja". D'autant plus que cette fois, il porte le brassard.
Par Emmanuel BARRANGUET / Budapest (AFP) / © 2024 AFP