Le milieu défensif du TFC, Etienne Didot, était l'invité du grand entretien de Sud Radio Sports. Au programme, l'opération compliquée de maintien de son club en Ligue 1, l'entraînement avec Pascal Dupraz et l'équipe de France, juste avant l'Euro. Judith Soula : Cela fait huit ans que tu évolues à Toulouse, tu es l'un des plus anciens de cette formation, comment vis tu cette situation d'urgence ?Etienne Didot : Ce n'est jamais simple de vivre des saisons comme ça, mais l'an passé c'était pratiquement le cas également, on a malheureusement eu cette mauvaise habitude. C'est vrai que c'était une saison compliquée, maintenant il nous reste le match de samedi pour encore espérer. Chaque week-end jusqu'à la fin ce sera comme ça.Vous avez deux réceptions d'affilées, Caen et Bastia, ce sont deux matchs à ne pas perdre ?Depuis le week-end où on a perdu à Lille c'est ce qu'on se dit, le coach nous l'a quand même rappelé, il faut déjà penser à Caen avant de penser à Bastia.Il y a eu une trêve internationale, comment vous l'avez vécu, vous n'avez pas eu peur que ça casse un peu votre dynamique même si on le rappelle, le dernier match a été perdu à Lille ?On a pas eu peur, depuis l'arrivée du nouveau coach, il y a de nouvelles choses à assimiler. J'espère que cette coupure va nous permettre de le faire encore plus vite. On s'est bien préparé, on est prêt pour attaquer le match contre Caen.Tu le disais vous avez un nouveau coach, y a-t-il eu un effet Dupraz, on l'a vu face à Bordeaux avec 4-0 c'était un match presque parfait ?Ça a commencé à Marseille même si malheureusement il n'était pas avec nous là bas. Un changement d'entraîneur, c'est ce qui est souhaité au niveau du club, ça réveille un peu tout le monde, il a ramené sa fraîcheur, une autre vision sur le groupe, sur le club ou sur le football. C'est vrai qu'on a pris 4 points en trois matchs, ce qui est pas mal. Après il faut toujours faire mieux dans l'urgence. Il nous a apporté pas de choses.Vous aviez besoin de confiance en fin de compte, tu sentais un groupe qui doutait ?C'est toujours délicat dans ces périodes là, des gars ont besoin d'être réconforté, d'autre ont besoin d'être bougé. Chaque cas est différent. L'entraîneur en place avant essayait également de le faire mais c'était compliqué. Tout le monde a essayé, là il y eu un changement qui amène d'autres choses, peut être que certains joueurs s'y retrouvent. J'espère que ça va nous maintenir.Deux changements quand même assez rapide, tu n'avais connu que Alain Casanova, tu étais arrivé avec lui. J'imagine que ce n'était peu être pas facile à vivre, tu t'étais peut être attaché à Alain ?Complètement, je suis arrivé en même temps que lui donc on a vécu beaucoup de moments ensemble. Son départ a été assez difficile, un an après il y a encore un changement d'entraîneur. On sait que dans les périodes compliquées, malheureusement, c'est souvent les entraîneurs qui trinquent. C'est dur pour nous de gérer ça émotionnellement parce qu'on sait qu'on a une grosse part de responsabilité. Maintenant à nous de tous faire pour essayer de maintenir le club et de ne pas gâcher le travail qui a été fait par Alain et par Denis avant.C'est la deuxième année que vous êtes dans cette situation, qu'est ce que vous avez appris de l'année dernière ?Pas suffisamment parce qu'on y est encore. On sait qu'on a eu des difficultés l'an passé, le groupe n'a pas beaucoup bougé donc on s'attendait à vivre un championnat compliqué mais peut être pas autant. On a bien commencé, on a fait des beaux matchs et ça nous a peut être endormi parce qu'on a pas pris les points nécessaires. Je pense qu'à un moment donné on les méritaient, on ne les a pas eu et ça s'est compliqué par la suite. On a pas suffisamment appris mais au moins dans les têtes on sait être costaud, on l'a montré l'an passé.Il y a eu un désamour du public à un moment donné, même une colère des supporters. Les critiques vous ont affectées ?Évidemment, ça touche toujours. Mais c'est compréhensible, j'ai été supporter aussi avant d'être joueur. Quand l'équipe perd on est toujours triste. Il y avait un ras le bol de la part des supporters, j'espère qu'on va réussir à regagner leurs cœurs. On a vu l'osmose qu'il y a eu contre Bordeaux à domicile, c'était magnifique, à nous de faire le même match contre Caen.Ce serait un exploit aujourd'hui de se maintenir ?Bien sûr, je pense qu'on est condamné à la ligue 2 par tout le monde. Donc faisons comme une équipe de Ligue 2 qui a envie de monter en Ligue 1, tout simplement. C'est plus positif, allons chercher la montée en Ligue 1.Quel est votre rôle au sein du groupe entant qu'ancien ?Je ne force pas ma nature, si des gars ont envie de discuter ou d'écouter, ils viennent vers moi naturellement. J'aime bien partager, mais je ne force pas non plus. J'essaye de me concentrer sur moi, de donner le maximum, si je peux aider par moment les plus jeunes j'essaye de le faire.On m'a dit que tu avais un côté chambreur, c'est pour détendre l'atmosphère ?Oui ça fait partie de mon caractère. J'aime bien rigoler et chambrer. Ça fait du bien aussi dans ces périodes là d'essayer de se détendre un peu et de relativiser surtout avec les plus jeunes. On l'a vu ces derniers temps, partout dans le monde il y a de grosses catastrophes, il faut tout donner, mais avoir l'esprit léger quand même.Cette saison tu as eu une période où tu jouais moins, comment tu l'as vécu ?Ça ne m'étais pratiquement jamais arrivé depuis le début de ma carrière, c'était particulier. Je n'ai pas lâché pour autant, je pense que je ne me suis jamais autant entraîné et donné à l'entraînement que dans cette période là, je me disais qu'en étant sérieux comme ça, ça allait revenir et c'est le cas, donc tant mieux. J'étais content de moi même car je me suis accroché, quand j'étais plus jeune ça aurait pu être plus dur, là j'ai relativisé.On dit que Pascal Dupraz est quelqu'un de très exigeant, de perfectionniste, vous le définiriez comme ça ?Oui complètement, je pense qu'il est imprégné du football et de sa mission. Dès les premiers mots, on a senti quelqu'un qui était investi à 600 % donc évidemment ça touche de suite. C'est vrai qu'il est très exigeant, mais c'est quelqu'un qui sait aussi être proche de ses joueurs.La lutte pour le maintien concerne dix équipes, on a l'impression que ça n'a jamais été aussi serré ce championnat ?C'est vrai qu'il est serré, que ce soit en haut pour la Champions League ou en bas pour le maintien. Je pense que le dernier week-end du championnat a détaché quelques unes des dix équipes. Je pense qu'on est 4-5 équipes à jouer le maintien même si tout le monde ne nous voit pas forcément le jouer. Nous on se compte dedans et on y croit bien.Le PSG a survolé ce championnat, vous en avez pensé quoi de ce champion de France cette année ?Je pense qu'ils ont recruté un ou deux joueurs qui ont rajouté de la valeur à leur effectif qui était déjà au dessus l'an passé, qui pouvait être accroché par moment, là c'est très compliqué pour les autres de lutter. Je pense que c'est bien pour le championnat et pour la France d'avoir une équipe à ce niveau là et qui peut gagner la Champions League. J'espère aussi que les clubs français vont quand même tout faire pour essayer de lutter contre eux quand même.Quelle autre équipe vous a fait forte impression en cette saison ?Comme ça je ne sais pas, il y a eu des matchs un peu compliqué tout le temps pour nous. Moi j'ai mon club d'où je suis originaire, Rennes, qui fait un bon championnat donc j'aimerais bien qu'ils accrochent une belle place.Vous avez joué plus de 400 matchs en Ligue 1, vous envisagez la Ligue 2 ?Je ne l'envisage pas jusqu'à la fin. On ne sait jamais ce qu'il peut se passer dans une carrière, j'ai 32 ans, je n'ai jamais joué en ligue 2 et j'espère ne jamais le connaître parce que ce serait une désillusion de descendre. Mon frère avait marqué le but de la montée en Ligue 1 pour le TFC. Chez moi en chambrant on espère que ce ne soit pas moi qui fasse la descente. Ça me tient vraiment à cœur.Ton frère t'en parle souvent de ce but ?Oui parce qu'il avait vécu une saison magnifique, il y avait une belle ferveur, les matchs étaient magnifiques. On en a beaucoup parlé évidemment.Il te reste un an de contrat au TFC, en cas de descente tu resterai à Toulouse où il y a une clause ?Il n'y a pas de clause, ce sont les dirigeants qui rencontrent les joueurs et selon les souhaits des dirigeant et du joueur les deux partis s'arrangent. Je n'ai pas forcément pensé à ça pour l'instant, je suis attaché au club et à la région également, on fera le point en fin de saison. Je n'ai pas encore mis cette option là car j'espère qu'on va rester en première division.Est ce que dans le futur une carrière d'entraîneur pourrait t'intéresser, tu penses à ta reconversion ?J'y ai pensé, ça fait longtemps que je le prépare parce que je sais que ça arrive vite en tant que footballeur. Une reconversion dans le milieu du football oui, mais entant qu'entraîneur je ne pense pas, même si je suis imprégné de mon rôle sur le terrain, je ne me vois pas forcément l'être.Pour revenir au TFC, tu parlerai d'opération commando, il faut être dans cet esprit là pour décrocher ce maintien ?Ce sont des grands mots qu'on utilise souvent mais c'est un peu ça. On a même pas parler des autres matchs qui nous reste mais d'abord de Caen. On a fait un faux pas à Lille, ce qui ne nous permet pas d'en faire beaucoup d'autres, il faut absolument gagner ce match. Si on peut faire un match commando contre Caen ce sera parfait.Tu n'a connu que deux clubs, Rennes et Toulouse, on peut dire que tu es un fidèle ?On ne peut pas dire le contraire, dans le football actuel ça se fait de moins en moins. J'ai toujours eu besoin de me sentir bien quelque part pour être heureux dans ma vie. À Rennes je me sentais très bien, les choses ont fait que j'ai du partir. Ici j'ai tout de suite senti une grande confiance de la part du club. J'aurai pu faire d'autres choix mais j'ai préféré la continuité et je ne regrette rien.Quel regard tu portes sur ton club formateur de Rennes ?Je trouve que depuis deux ans ça bouge, ça fait du bien. À un moment donné c'était dur, le club avait du mal a évoluer. Depuis un ou deux ans, malgré les changements d'entraîneurs, je trouve que les ambitions sont réelles et ça me fait plaisir. Ça me ferait plaisir que le club touche la Ligue des Champions car je n'étais pas loin de l'avoir avec eux, à un but près et à une seconde près on n'avait pas été qualifié alors j'espère que cette année ils y arriveront.Tu y retournes souvent ?J'ai beaucoup d'amis là bas et toute ma famille en Bretagne donc oui. J'ai passé plus de dix ans là bas.Il y a un ami avec qui tu as été formé, c'est Yoann Gourcuff, qui retrouve le plaisir de marquer, ça te fait plaisir ?Oui je l'ai regardé, j'étais content pour lui. Je pense qu'il a vécu des périodes très compliquées. J'espère qu'il va enfin s'épanouir pour faire une fin de carrière extraordinaire parce qu'il a quand même donné du spectacle à tout le monde, des buts et quelques saisons incroyables. Ce serait bien qu'il retrouve ce niveau là.Les blessures, c'est le pire pour un joueur ?Oui je pense qu'il n'y a pas pire, quand on est au niveau de Yoann, être autant arrêté n'est pas facile. J'espère pour lui, vu le match qu'il a fait à Marseille, qu'il va continuer comme ça.On dit souvent que les footballeurs sont des égoïstes, tu partages ce sentiment ?Non, pas forcément. Je pense qu'il faut dans une équipe quelques égoïstes parce que ça fait aussi avancer et bouger les choses. Je ne trouve pas forcément, en tout cas j'en connais beaucoup qui ne le sont pas.L'équipe de France joue ce soir un deuxième match de préparation de l'euro face à la Russie après avoir dominé les Pays Bas, elle vous plaît cette équipe de France ?Je trouve qu'il y a beaucoup de jeunes très bons joueurs qui arrivent. Ce soir j'ai envie de voir ce que ça donne vraiment, si proche de l'Euro, en tout cas j'espère qu'ils arriveront à nous faire rêver.Tu as bien connu André-Pierre Gignac à Toulouse, il est en train de se faire une place dans ce collectif, tu penses qu'il peut décrocher son ticket pour l'Euro ?Complètement, tout le monde le pensait un peu mort après son départ au Mexique mais il enchaîne les buts et les belles performances . Son club fait de grosses prestations, il revient et a marqué contre l'Allemagne la dernière fois. J'espère qu'il en sera en tout cas.Le point fort de l'équipe de France, tu dirais que c'est quoi ?Je pense qu'il y a un groupe assez homogène, des joueurs de très grandes qualités dans beaucoup de postes. Je ne trouve pas qu'elle soit dépendante de certains joueurs, c'est important. Il y a un gros milieu de terrain qui peut être impressionnant. On sait que si le milieu de terrain d'une équipe tourne bien c'est plus facile, ils peuvent s'appuyer là-dessus.C'est plus un collectif cette équipe de France que des individualités comme l'était à l'époque l'équipe de Didier Deschamps ?Il y a beaucoup de bons joueurs avec Griezmann, Martial, Pogba, Lassana Diarra qui revient ou Matuidi… Il y a beaucoup de bons joueurs et un bon gardien, je pense vraiment que l'équipe de France a une chance de s'imposer à l'Euro.Quel est son point faible, si elle en a un. Hugo Lloris disait hier de faire attention aux coups de pieds arrêtés ?Quand on fait une fixation sur quelque chose c'est souvent là que ça continue donc il faut qu'ils soient tranquille avec ça. Ça va rentrer dans l'ordre. Peut être qu'elle prend un peu trop de buts par moment donc au niveau défensif il a y peut être un petit soucis mais qui peut être réglé à mon avis.Quelle est l'équipe la mieux armée pour inquiéter les bleus à l'Euro ?Il y a toujours les grosses nations comme l'Allemagne, l'Espagne et l'Angleterre qui revient bien. Il y aura des concurrents sérieux, c'est sur. Mais c'est en France, il y aura un engouement extraordinaire, il faudra compter là dessus.Beaucoup parlent de la Belgique, elle peut être l'équipe surprise ?C'est vrai que chaque grand club européen voit maintenant des joueurs belges donc c'est vrai qu'ils ont une sélection très forte. Je pense qu'ils peuvent exploser à cet événement.Concernant les événements tragiques que la France et la Belgique ont connu récemment. Selon toi, il ne faut pas l'annuler l'Euro ?Surtout pas, je pense que ce serait leur faire trop d'honneur à ces gens là. Ça doit être une fête, c'est des moments extraordinaires les championnats, les coupes du monde, l'Euro ou les J.O. Les gens vont vivres des moments magnifiques, il ne faut surtout pas annuler ça.Tu as vécu les sélections avec les moins de 18, les moins de 19, c'est un regret de ne pas avoir connu la grande équipe de France ?Non, j'ai fais deux ans d'équipe de France espoir, c'est la porte de l'équipe de France. Mais je pense que mes plus belles saisons à ce moment là ont été interrompu par des blessures quand j'étais au top et moins loin de l'équipe de France. Je pense que physiquement il faut enchaîner les saisons de très bons niveau. Je n'avais peut être pas les qualités pour y être.
Etienne Didot : "Comme si on cherchait la montée en Ligue 1"
Par Mathilde Régis
Le milieu défensif du TFC, Etienne Didot, était l'invité du grand entretien de Sud Radio Sports. Au programme, l'opération compliquée de maintien de son club en Ligue 1, l'entraînement avec Pascal Dupraz et l'équipe de France, juste avant l'Euro.