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Foot: Bordeaux rétrogradé en National, chronique d'une chute annoncée

Un monument à terre: les Girondins de Bordeaux, six fois champions de France, ont accepté mardi leur rétrogradation en National (3e division) et vont se tourner vers le tribunal de commerce, en espérant éviter une liquidation pure et simple.

Philippe LOPEZ - AFP/Archives

Un monument à terre: les Girondins de Bordeaux, six fois champions de France, ont accepté mardi leur rétrogradation en National (3e division) et vont se tourner vers le tribunal de commerce, en espérant éviter une liquidation pure et simple.

Le club où ont brillé Alain Giresse, Jean Tigana, Zinédine Zidane ou encore Bixente Lizarazu, n'était jamais descendu aussi bas depuis l'acquisition du statut professionnel en 1937, même s'il marche sur un fil depuis des années, en raison de difficultés financières chroniques.

Déjà rétrogradé administrativement en 2021 (de L1 à L2) et en 2022 (de L2 à National), il avait été repêché in extremis avant le début de la saison.

C'était encore le scénario espéré le 9 juillet, après la sanction prononcée en première instance par la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion), mais le repreneur espéré, Fenway Sports Group, a définitivement jeté l'éponge lundi, comme l'ont confirmé mardi les Girondins.

En conséquence, le club "s'est désisté de l'appel", "accepte" sa "rétrogradation administrative" et "sera à nouveau convoqué pour présenter son budget devant la DNCG", déclarent encore les Girondins dans un communiqué.

- "Échec" -

"Je suis profondément attristé par cette rétrogradation qui sanctionne le club mais aussi tout un territoire", a réagi le maire de Bordeaux Pierre Hurmic, disant constater "l'échec d'un modèle économique à bout de souffle".

L'élu, qui promet de "continuer à aider les Girondins", a suggéré un nouvel modèle de club s'inspirant par exemple de certains clubs espagnols comme l'Athletic Bilbao, propriété de ses "socios" (supporters-actionnaires). "Des réflexions sont en cours sur ces thèmes-là", a-t-il assuré.

La présidente de la Métropole de Bordeaux, propriétaire du stade Matmut Atlantique, s'est pour sa part dite "déçue de cette issue", alors que la collectivité avait fait "un effort supplémentaire important".

Stade Matmut Atlantique qui accueille les rencontres des Girondins de Bordeaux, à Bordeaux, en France, le 14 avril 2024

Stade Matmut Atlantique qui accueille les rencontres des Girondins de Bordeaux, à Bordeaux, en France, le 14 avril 2024

ROMAIN PERROCHEAU - AFP/Archives

"Le premier pas que l'on a fait c'est l'abandon de créance (à hauteur de 20 millions d'euros) et la baisse du loyer", que la Métropole était prête à baisser à "2 millions d'euros par an en Ligue 1 et 600.000 euros en dessous de la Ligue 1", contre 4,7 millions aujourd'hui, a précisé à l'AFP Christine Bost, prête à soumettre ces propositions au vote des élus métropolitains en septembre.

Selon une source proche du club, la perspective de devoir attendre ce vote a refroidi les "avocats frileux" du groupe américain, propriétaire de Liverpool, d'autant que les représentants de Fenway ont dit "aux Girondins qu'en rachetant après (un éventuel) redressement judiciaire, ils feraient une bonne affaire".

- Liquidation ou redressement judiciaire -

En cessation de paiement, le club va désormais se tourner vers le tribunal de commerce, a-t-on indiqué de source proche des Girondins.

Thibaud MORITZ - AFP/Archives

Les équipes de Gérard Lopez, qui a refusé de remettre la main à la poche cet été après avoir investi près de 60 millions d'euros aux côtés de ses associés de Jogo Bonito depuis 2021, vont tenter d'apporter des garanties pour que l'instance privilégie le redressement judiciaire à la liquidation.

"Cette option permet d'écraser les dettes et le passif du club. Ça coûte de descendre d'une ou de deux divisions, mais c'est un bon compromis", jugeait-on la semaine dernière dans l'entourage du club, dont les joueurs sont actuellement en stage en Espagne.

Dans l'hypothèse d'un redressement judiciaire, les Girondins espèrent pouvoir rester en National et conserver le statut professionnel ainsi que leur centre de formation mais ils risquent d'être rétrogradés d'une division supplémentaire (National 2), au niveau amateur.

Comme celui des joueurs, l'avenir du personnel administratif (90 salariés) est en suspens. "C'est vraiment difficile à vivre", a déclaré à l'AFP un salarié, qui a requis l'anonymat.

"On a peur du licenciement", confie Yannick Patanchon, jardinier. "On attend, on a rendez-vous avec les syndicats demain, on n'en sait pas plus..."

Villy Testedor, supporter de 18 ans, vit, lui, "un drame". "On a tous grandi avec Bordeaux et on veut voir nos enfants grandir avec Bordeaux. Bordeaux c'est un club historique, il n'a pas le droit de disparaître", a-t-il déclaré à l'AFP.

Les supporters risquent de devoir attendre longtemps pour voir le club dépoussiérer son palmarès fort de six championnats de France (1950, 1984, 1985, 1987, 1999, 2009), quatre Coupes de France (1941, 1986, 1987, 2013), trois Coupes de la Ligue (2002, 2007, 2009) et une finale de Coupe de l'UEFA en 1996.

rap-ni-jed-gf/bdu/bm

Par Raphaël PERRY et Gaël FAVENNEC / Bordeaux (AFP) / © 2024 AFP

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