single.php

Foot: Platini, coups francs, coups durs et coups de théâtre

De Michel Platini, on a longtemps retenu ses coups francs lumineux ou ses réformes à l'UEFA. Mais les affaires ont brisé le parcours dirigeant du triple Ballon d'Or, une nouvelle fois acquitté en appel mardi par la justice suisse.

Fabrice COFFRINI - AFP/Archives

De Michel Platini, on a longtemps retenu ses coups francs lumineux ou ses réformes à l'UEFA. Mais les affaires ont brisé le parcours dirigeant du triple Ballon d'Or, une nouvelle fois acquitté en appel mardi par la justice suisse.

Quand le 29 juillet 2015, Platini - alors président de l'UEFA - annonce être candidat à la présidence de la Fifa, il est donné grand favori.

Coup de théâtre: il est bientôt rattrapé par ce fameux paiement de 1,8 million d'euros par Sepp Blatter, président de la Fifa, en 2011 pour un travail de conseiller achevé en 2002, sans contrat écrit prévoyant une telle somme.

Les deux hommes sont suspendus par la Fifa, perdent leurs postes et, après six ans d'enquête, sont renvoyés pour "escroquerie" devant la justice pénale suisse: d'abord en 2022 à Bellinzone, pour un double acquittement, et en appel début mars 2025 à Muttenz, avec le même résultat.

"Mon honneur est revenu", a estimé mardi l'ancien meneur de jeu des Bleus, qui vit aujourd'hui à Cassis (Bouches-du-Rhône) retiré du ballon rond, et consacre une grande partie de son énergie à tenter de laver son image.

Tout en colère rentrée, il a cependant estimé que ses "ennemis" avaient "gagné", puisqu'il a été écarté pendant dix ans du football mondial et s'estime désormais "trop vieux" pour y briguer de nouvelles responsabilités.

- Trajectoire longtemps linéaire -

Le footballeur français Michel Platini (de face) du club italien de la Juventus de Turin tente d'échapper au tacle d'un joueur du club finlandais F.C Haka Valkeakosten le 07 mars 1984 au stade de la Meinau à Strasbourg, lors des quarts de finale de la Coupe des Coupes de Football. (FILM) AFP PHOTO JEAN-CLAUDE DELMAS

Le footballeur français Michel Platini (de face) du club italien de la Juventus de Turin tente d'échapper au tacle d'un joueur du club finlandais F.C Haka Valkeakosten le 07 mars 1984 au stade de la Meinau à Strasbourg, lors des quarts de finale de la Coupe des Coupes de Football. (FILM) AFP PHOTO JEAN-CLAUDE DELMAS

JEAN-CLAUDE DELMAS - AFP/Archives

Il lui restera néanmoins à écarter les soupçons dans un autre dossier, celui de l'attribution du Mondial-2022 au Qatar, toujours en cours d'instruction en France.

En octobre 2015, Sepp Blatter avait évoqué une "interférence gouvernementale de Nicolas Sarkozy", alors président de la République, qui aurait entraîné une volte-face de Platini pour voter en décembre 2010 en faveur de la candidature qatarienne.

Le Français sera placé en garde à vue en juin 2019 mais aucune charge n'a pour l'instant été retenue contre lui dans les investigations menées depuis 2016 par le Parquet national financier (PNF) pour "corruption privée", "association de malfaiteurs", "trafic d'influence et recel de trafic d'influence".

Quoi qu'il en soit, ces affaires ont terni l'aura de ce petit-fils de modestes immigrés italiens dont la trajectoire fut longtemps linéaire.

Et spectaculaire, de son enfance à Joeuf (est de la France) à la présidence de l'UEFA décrochée en 2007, en passant par la gloire avec la Juventus Turin, la victoire à l'Euro-1984 et trois Ballons d'Or, record pour un Français (1983, 1984, 1985), ou encore le Mondial-1998 en France dont il fut l'un des grands ordonnateurs. Seul bémol, un bilan mitigé en tant que sélectionneur de l'équipe de France de 1988 à 1992.

Même la tragédie du stade du Heysel, qui avait fait 39 morts le 29 mai 1985 à Bruxelles, n'avait pas entamé son amour du football. Platini avait joué et gagné la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions contre Liverpool (1-0) juste après les scènes d'horreur, mais confié que cette finale ne l'avait "pas quitté" depuis.

- Légèreté -

L'ancien président de l'UEFA Michel Platini lors d'une conférence pour le 12e Congrès extraordinaire de l'UEFA, le 14 septembre 2018 à Lagonissi en Grèce

L'ancien président de l'UEFA Michel Platini lors d'une conférence pour le 12e Congrès extraordinaire de l'UEFA, le 14 septembre 2018 à Lagonissi en Grèce

ARIS MESSINIS - AFP/Archives

Ses amis assurent que l'homme, marié depuis 46 ans, père de deux enfants et grand-père de trois petits-enfants, n'a jamais changé.

Seule la tignasse bouclée s'est clairsemée, blanchie, et un embonpoint de notable a alourdi sa silhouette. Tout en étant à l'origine de nombreuses réformes majeures à l'UEFA, comme l'introduction du "fair-play financier" pour réguler les finances des clubs, "Platoche" - surnom qu'il déteste - a aussi conservé son côté potache, voire chambreur.

"Ce n'est pas parce que tu as tiré les boules que tu peux représenter la Fifa", a-t-il ainsi taclé l'actuel président de la Fifa, Gianni Infantino, qui fut son N.2 à l'UEFA et longtemps préposé aux tirages au sort en mondiovision.

Michel Platini, joueur de l'AS Saint Etienne, pose au stade Geoffroy Guichard de Saint Etienne en septembre 1981. AFP PHOTO

Michel Platini, joueur de l'AS Saint Etienne, pose au stade Geoffroy Guichard de Saint Etienne en septembre 1981. AFP PHOTO

STAFF - AFP/Archives

Reste que cette affaire du paiement controversé a mis au jour une certaine légèreté dans son rapport à l'argent. A la barre en Suisse, il a raconté lors des deux procès la genèse du contrat avec Blatter: "Sepp m'a dit +un million de quoi ?+. Et moi, pour rigoler, j'ai dit +des pesetas, des lires, des roubles, des marks, c'est toi qui décides+. Il m'a dit: +OK, un million de francs suisses+", a narré l'ex-capitaine des Bleus d'un ton espiègle, se disant pas très "concerné par l'argent".

A Saint-Etienne déjà, où il a été sacré champion de France (1981) après avoir remporté la Coupe de France avec Nancy (1978), son nom avait été au coeur de l'affaire de la caisse noire qui servait à payer les salaires des meilleurs joueurs.

Platini fut aussi cité dans les "Panama Papers", grande enquête sur les paradis fiscaux. Il avait alors fait savoir à l'AFP "que l'intégralité de ses comptes et avoirs (étaient) connus de l'administration fiscale suisse".

ybl-cda-pgr-kn/cfe/cpb/bm

AFP / Muttenz (Suisse) (AFP) / © 2025 AFP

L'info en continu
20H
19H
18H
17H
16H
14H
13H
Revenir
au direct

À Suivre
/