Plus acrobate que jamais, le Suisse Marco Odermatt s'est offert dimanche un quadruplé historique dans le slalom géant d'Adelboden, faisant exulter son public après avoir pris tous les risques.
Troisième de la première manche, le N.1 mondial a frôlé la sortie de piste en seconde manche avant de l'emporter avec 20/100e d'avance sur son compatriote Loïc Meillard, son dauphin de l'an dernier au classement général.
L'Italien Luca de Aliprandini, auteur d'une seconde manche éblouissante, monte sur le deuxième podium de sa carrière en Coupe du monde, à 34 ans, à 69/100e du crack du Nidwald.
L'exploit d'Odermatt, qui rejoint avec cette passe de quatre la légende suédoise Ingemar Stenmark (entre 1979 et 1982), valait bien une chanson: le Vogel-Lisi, hymne de l'Oberland entonné au micro par le champion avec le renfort de 25.000 spectacteurs en liesse, sous un ciel idéalement bleu après le brouillard de la veille.
"C'était un grand combat contre Loïc aujourd'hui. C'est toujours plus difficile de se battre contre un compatriote, car tu te sens un peu mal s'il finit derrière toi. Mais être les deux sur le podium comme il y a deux ans, on ne peut pas rêver mieux", a déclaré le triple détenteur du gros globe de cristal au micro de la Fédération internationale de ski.
- Odermatt en géant: la victoire ou rien -
Avec ce 42e succès en Coupe du monde, le génie du ski laisse nettement derrière lui ses déconvenues du début de saison en géant, avec deux éliminations à Sölden puis Beaver Creek, et gagne sa troisième épreuve d'affilée dans la discipline après Val d'Isère et Alta Badia.
Il conforte sa place de leader au classement général comme dans celui de la spécialité, avec respectivement 156 points et 101 points d'avance sur le Norvégien Henrik Kristoffersen - éliminé en seconde manche dimanche.
Et si la priorité de sa saison est clairement la vitesse, pour s'offrir dans deux semaines la mythique descente de Kitzbühel qui manque encore à son palmarès, le Suisse de 27 ans a une nouvelle fois étalé son immense classe de géantiste.
Parti trop timidement en première manche, il avait repris 42/100e à Loïc Meillard dans le seul mur final ; et en deuxième manche, osant comme toujours les trajectoires les plus directes, il s'est plusieurs fois rétabli avec une vivacité hors normes.
Il faut remonter à presque deux ans - le géant de Palisades Tahoe en février 2023, où il avait fini deuxième - pour voir Odermatt ailleurs que sur la première marche du podium quand il termine un géant.
Battu par son partenaire d'entraînement après l'avoir dominé en première manche, Loïc Meillard manque certes un succès qui aurait été le plus beau de sa carrière, mais se rassure en géant après un début de saison mitigé.
- Anguenot éliminé -
Il efface aussi sa déception de samedi dans la station de l'Oberland: arrivé avec le dossard rouge de leader du slalom, il était parti à la faute en première manche d'une course très éprouvante finalement remportée par Clément Noël.
Côté français, Alexis Pinturault, triple vainqueur du géant d'Adelboden mais toujours en reconstruction après une grave blessure au genou gauche il y a un an, a fini 12e à 2 sec 58 d'Odermatt, suivi de Thibaut Favrot, 13e à 2 sec 66.
"C'est mon meilleur résultat en géant depuis le début de la saison, sur une piste qui est compliquée, difficile", s'est néanmoins satisfait Pinturault, qui veut désormais s'entraîner pour préparer le super-G de Kitzbühel le 24 janvier.
Léo Anguenot, monté sur le premier podium de sa carrière en décembre dans le géant d'Alta Badia (2e), est parti à la faute en première manche, à l'abord du mur final, après un excellent début de course qui le mettait au niveau des meilleurs.
La Coupe du monde masculine de ski alpin se poursuit la semaine prochaine dans la vallée voisine, à Wengen, avec un super-G vendredi et une descente samedi sur la piste du Lauberhorn, la plus ancienne et la plus longue du circuit mondial, avant un slalom dimanche.
Par Coralie FEBVRE / Adelboden (Suisse) (AFP) / © 2025 AFP