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Hugo Lloris : "Gagner l'Euro, ce serait grand"

Par Mathilde Régis

Hugo Lloris, capitaine des bleus, reçoit Sud Radio en exclusivité à Clairefontaine. Un entretien confidence diffusé dans Sud Radio Sports.

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Judith Soula : Nous sommes à Clairefontaine, dans le camp de base des bleus, l'Euro est dans quelques jours maintenant, quel est l'état d'esprit qui domine ?Hugo Lloris : Il y a pas mal d'excitation au sein de l'équipe, on a envie de bien faire, de prendre et de donner du plaisir à nos supporters. C'est dans ce sens-là qu'on travaille au quotidien pour pouvoir être prêt le jour J.Vous êtes capitaine de l'équipe de France depuis 2012, c'est votre deuxième participation à un championnat d'Europe et vous avez déjà vécu deux coupes du monde. C'est à chaque fois différent ?Il y a une saveur particulière cette fois-ci puisque ça se passe sur le sol français. Il y a donc encore plus d'engouement autour de cette compétition. Dans une carrière, c'est quand même assez rare de pouvoir disputer une grande compétition dans son pays. On aura à cœur de bien faire et de marquer cet Euro à titre collectif.À titre personnel, comment vous vivez le fait d'être coupé de tout le monde, de la famille, pendant une période donnée ?On commence un peu à avoir l'habitude avec une certaine expérience. Après, ce n'est pas facile tous les jours puisqu'on est père de famille, les enfants peuvent manquer. Mais il faut se dire, dans nos têtes, que pendant quelques semaines, on va vivre un grand moment intense, et on va essayer de le partager avec les 23 joueurs et le staff technique. Quelque part, on peut utiliser le terme de famille pendant cette compétition où l'on va vivre les choses 24 heures sur 24 ensemble.

"On a conscience du climat qui règne actuellement"

Il y a un climat pesant, mais le gouvernement a décidé de maintenir cet Euro. Est-ce que vous vous sentez investi, par rapport au contexte de la France, d'une mission particulière ?Je pense qu'il ne faut pas se rajouter trop de pression. Je pense qu'on a conscience du climat qui règne actuellement. Notre rôle c'est d'être acteur sur le terrain, de donner du plaisir. Cela reste avant tout une fête du football. On sait que le public français aime le football. C'est à nous de les rendre fiers de cette équipe nationale et de leur permettre certainement de penser à autre chose durant la période de compétition. Nous avons notre rôle à jouer, mais il ne faut pas non plus tout mélanger, on reste des sportifs. Notre responsabilité est engagée uniquement sur le terrain.Le GIGN va vous encadrer, on a vu que les forces de l'ordre sont présentes autour de vous. Cela perturbe-t-il la préparation ou vous n'y faites pas attention ?Il faut faire abstraction de tout ça, c'est le jeu qui nous guide avant tout. Mais on ne peut pas fermer les yeux et se boucher les oreilles non plus. Comme je l'ai dit, on a conscience du climat qui règne actuellement, et des risques qu'il peut y avoir. Mais je pense qu'il faut avant tout avancer tous ensemble avec confiance envers les services de sécurité qui seront mis à disposition autour des stades et qui géreront la sécurité de tous les supporters et de toutes les personnes impliquées dans le football.Ça va faire 4 ans que vous êtes capitaine, au départ on disait que vous étiez plutôt timide, est ce que vous avez le sentiment d'avoir pris de l'épaisseur dans votre rôle ?Je n'ai jamais été timide, c'est une étiquette. Réservé, je l'ai toujours été, car j'ai été éduqué de cette façon-là. Forcément, je suis différent par rapport à 2012. On prend de l'expérience en tant que joueurs dans sa carrière, mais également en tant qu'homme dans sa vie privée, ce qui permet de prendre davantage de confiance, d'avoir une certaine expérience et un vécu qui aide au quotidien.

"Si les joueurs sont là, c'est qu'ils le méritent"

Il y a eu pas mal de choses qui sont venues perturber votre préparation, l'affaire de la sextape, la suspension pour suspicion de dopage de Mamadou Sakho ou le forfait de Raphaël Varane. En tant que capitaine, comment vous avez géré tout ça par rapport au groupe ?Ces derniers mois ont été plutôt difficiles pour le sélectionneur avec tout ce qu'il a pu se passer. Et puis la dernière nouvelle, même si ça reste du domaine du sportif avec Raphaël Varane et sa blessure, ça rajoute un élément en notre défaveur. Mais si les joueurs sont là, c'est qu'ils ont la confiance du sélectionneur, qu'ils ont réussi une belle saison en club et c'est qu'ils le méritent, tout simplement. Tout ce qui s'est passé n'enlève rien à notre ambition et à notre objectif. Les joueurs qui sont là sont des joueurs de grande qualité. Si on arrive à allier l'état d'esprit et cette envie de se surpasser tous ensemble, je pense qu'on peut tout à fait réaliser de grandes choses.L'objectif, c'est de gagner l'Euro ?C'est d'aller le plus loin possible. Il y a différentes étapes à travers la compétition, on a envie d'aller le plus loin possible, de bien faire. Le bilan, on pourra uniquement le tirer à la fin de la compétition.Un capitaine, c'est souvent le relai d'un groupe vis-à-vis du staff et du sélectionneur. Vous avez échangé beaucoup avec Didier Deschamps, avec le staff ?Ça ne dépend pas uniquement de ma personne. Il ne faut pas non plus enlever de l'importance à certains joueurs qui sont cadres, ont également leur importance au sein de l'équipe et sont des relais du sélectionneur. Dans l'échange avec mes partenaires ou avec le sélectionneur, on a tous un objectif en commun. Je pense que c'est à travers ces échanges qu'on peut également s'améliorer et se perfectionner.Qu'est-ce qui fait aujourd'hui la force de cette équipe de France ?Avec le talent qu'il y a dans cette équipe, si on arrive à allier l'état d'esprit et la bonne énergie, on peut faire de grandes choses. Si tout le monde a ce petit truc à l'intérieur de soi, cette petite flamme et cette envie de se surpasser pour cette équipe, pour ce pays, on peut faire de grandes choses.

"L'équilibre d'une équipe reste très fragile"

Vous n'êtes pas beaucoup à être à plus de 50 sélections dans ce groupe de 23 joueurs. Est-ce que vous ne craigniez pas un manque de maturité ?Les manques sont différents suivant les équipes, mais ils peuvent être gommés par la force d'un collectif. On sait très bien que tout peut aller très vite, d'un côté comme de l'autre. L'équilibre d'une équipe reste très fragile. Mais on peut très vite gagner en confiance, devenir et se sentir très fort. C'est l'objectif à travers cette préparation et les matchs de poule : gagner et se sentir en confiance. Avec l'apport de nos supporters, on pourra avoir ce sentiment de renverser des montagnes. Mais comme je l'ai dit, il faut être, non pas prudent, mais prendre les choses les unes après les autres. Le premier objectif sera le match d'ouverture, et ainsi de suite. On sait qu'après les poules, ce sont des matchs à élimination directe, ce qui rajoutera encore plus d'enjeux. Mais je pense qu'on sera tous prêts à subir tout ça.Vous jouez contre la Roumanie le 10 juin prochain. Le match d'ouverture est souvent le match qui donne le tempo de la compétition ?Le premier match est très important, mais quoiqu'il se passe, il restera encore deux matchs derrière. On a pu le voir en Coupe du Monde 2010, les Espagnols ont perdu leur match d'ouverture mais ils ont gagné la coupe du Monde. Il n'y a pas de recette miracle. Encore une fois, c'est à travers ce que l'on peut mettre dans nos performances qu'on peut faire de cet Euro une réussite.Se surpasser, c'est le message que vous voulez faire passer à vos coéquipiers ?Oui, mais c'est le sport de haut niveau qui veut ça, quelle que soit la discipline. Lorsqu'il y a une compétition, c'est pour repousser ses limites. Que ce soit à titre individuel ou à titre collectif, il faut prendre du plaisir, se lâcher. Ensuite, on pourra tirer un bilan à la fin de la compétition.

"Je conçois la réussite avec le mental et avec le travail"

Vous n'étiez peut-être pas prédestiné à cette carrière, comment est venue votre passion du football ?La passion est présente depuis le début. Même si j'ai commencé par jouer au tennis, c'était ma première passion avant tout. Je marchais à peine que je tenais déjà une raquette de tennis entre les mains. À la base dans notre famille, on était plutôt tennis que football. À travers des parties de football entre copains, j'ai découvert le plaisir du jeu. Et puis j'ai essayé, comme beaucoup d'enfants. On a la chance en France d'avoir de très bons éducateurs dans le football. Petit à petit, j'ai cultivé cette passion jusqu'à ce qu'elle devienne très importante, et professionnelle.Vous aviez un don ?Je pense qu'à la base, j'avais certainement un talent. Mais pour la suite, je conçois la réussite avec le mental et avec le travail. Le talent aujourd'hui, si on ne s'en sert pas de la bonne manière, ça ne sert pas à grand-chose, il faut l'utiliser au maximum.Est-ce que pendant cet Euro, il y a un buteur que tu redoutes ? C'est quoi le cauchemar pour un gardien ?Il y a de grands joueurs et de grandes nations du football. Mais il n'y a pas de cauchemar particulier en tant que gardien. Par contre, on se tient prêt à aider l'équipe au moment opportun. À travers la compétition, il y aura toujours des surprises. Le chemin est très long jusqu'au sacre, on va éviter de perdre de l'énergie à regarder les autres. On va se concentrer sur nous-mêmes.Qu'est ce qu'on peut vous souhaiter, à quelques jours du début de cet Euro ?Pas à moi personnellement, mais tout simplement à l'équipe de France, de gagner l'Euro. Ce serait grand.

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