Ambitieux, entouré de près et bagarreur, Arthur Fils est à 20 ans le dernier Français encore en lice à Indian Wells où il tentera mardi, face à l'Américain Marcos Giron, de se qualifier pour son premier quart de finale d'un Masters 1000.
. Forme: ascendante
Après son abandon au 3e tour de l'Open d'Australie en janvier face à son compatriote Ugo Humbert, gêné à un pied, Fils (21e mondial) n'a gagné qu'un match en deux tournois ATP: une victoire logique contre Constant Lestienne (169e) à Rotterdam, où il a ensuite chuté face à Daniel Altmeier (93e). A Dubaï, il a perdu d'entrée et sans résistance face à Nuno Borges (38e).

Arthur Fils abandonne à l'Open d'Australie, le 17 janvier 2025 à Melbourne
WILLIAM WEST - AFP
Mais, à Indian Wells, c'est pour l'heure un tout autre visage qu'il montre avec, après une exemption de premier tour, une victoire logique contre le lucky loser Gabriel Diallo (88e) puis trois gros sets contre Lorenzo Musetti (16e).
. Environnement: sur mesure
Le jeune tennisman est accompagné sur le tournoi par l'un de ses deux entraîneurs, Ivan Finkus, mais pas Sébastien Grosjean. Son préparateur physique, son père, et son agent accompagnent aussi celui qui a monté sa cellule individuelle fin 2023 après son éclosion au plus haut niveau.
"C'est une mentalité différente. Ça change de la mentalité française où on va passer par cent chemins pour te dire quelque chose", dit-il à propos de Finkus, ancien coach de Marin Cilic, dernier ajout à son équipe. "S'il veut me dire que je suis nul et que je joue mal, il va me le dire et il aura raison."
"Je fais beaucoup de répétitions, beaucoup de paniers, chaque fois les mêmes coups. C'est une autre manière de travailler. Franchement, j'y prends goût. Ce n'est pas facile, mais c'est pour ça aussi qu'il est là et qu'il me coache", ajoute-t-il.
Le Français se sert de son clan pendant les matches, durant lesquels "la notion d'équipe est essentielle pour lui", explique à l'AFP son agent Philippe Weiss.
"Mais il est aussi indépendant, il a besoin de tranquillité, on ne fait pas forcément de repas collectif tous les soirs", poursuit ce dernier à propos du joueur, qui dîne parfois avec son pote Giovanni Mpetshi Perricard, éliminé au 3e tour en Californie.

Arthur Fils au 3e tour d'Indian Wells, le 9 mars 2025
MATTHEW STOCKMAN - GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP
. Côté court: le show et la bagarre
"C'est cool de jouer dans des atmosphères comme ça", avait apprécié Fils après sa rencontre intense et spectaculaire du 3e tour remportée en trois sets aux dépens de Lorenzo Musetti dimanche, après avoir sauvé avec panache une balle de match.
"On s'est dit plusieurs fois avec Ivan que je suis jeune, que j'ai beaucoup à gagner, donc il faut aller chercher les points sans jouer à reculons, raconte-t-il. Je suis content d'avoir sauvé la balle de match de cette manière-là. J'aurais pu louper le coup droit, j'aurais pu louper la volée, mais au moins, j'avais la bonne intention."
"Au fur et à mesure du match, quand on faisait des très bons points, des bons rallies, le public s'est un peu allumé, un peu chauffé", donnant une ambiance de grand match qui a plu au vainqueur.
. Ambitions: les sommets
Arrivé en tant que 21e mondial en Californie, Fils est assuré d'être pour la première fois N.1 français après le tournoi. Pas de quoi l'émouvoir.
"Etre numéro 1 français, ok c'est cool, mais ce n'est pas mon objectif principal. Ça veut juste dire que je continue à progresser. C'est bien, il faut continuer", affirme-t-il.
"Il a une vraie ambition, qu'il affiche. Il fait tout pour optimiser son potentiel. Il s'est approprié son projet avec sa cellule individuelle, qui est rare pour un Français à cet âge", dit encore son agent.
. L'adversaire en 8es: prenable mais attention
Opposé à l'Américain Marcos Giron, qu'il n'a jamais affronté, Fils prévient qu'il ne faut pas se fier à son classement mondial (48e), inférieur au sien: "c'est un bon bagarreur, il a battu Ruud (5e) et Popyrin (27e), il est chez lui, ça ne va pas être facile."
Par Robin GREMMEL / Indian Wells (États-Unis) (AFP) / © 2025 AFP