Coupe du monde oblige, les débats enflammés sur la composition d'équipe des Bleus rythment les discussions des passionnés de football. Dans le pays aux 60 millions de sélectionneurs, chacun y va de son petit commentaire sur les titularisations d'untel ou untel. Les choix du sélectionneur, il en est justement question dans "La nuit des maudits" (Éditions Fayard), le dernier ouvrage de Karim Nedjari, qui revient sur l'épisode marquant de l'éviction de 6 joueurs (Nicolas Anelka, Martin Djetou, Pierre Laigle, Lionel Létizi, Ibrahim Ba et Sabri Lamouchi.) de la liste définitive des Bleus, juste avant le début du Mondial 98.
"Ibrahim Ba ne respectait pas la hiérarchie"
Invité de Patrick Roger ce lundi dans le Grand Matin Sud Radio, notre confrère a ainsi évoqué les coulisses de cette fameuse nuit et expliqué à quel point celle-ci avait été douloureuse pour les 6 bannis et notamment Sabri Lamouchi, l'ancien milieu de terrain de l'AJ Auxerre. "Les joueurs s'en sont 'sortis' mais avec beaucoup de peine. Sabri Lamouchi, aujourd'hui entraîneur du Stade rennais, est passé par trois ans de dépression. Dans ce milieu où on n'annonce pas ses failles, il a été difficile pour eux de revenir sur ces blessures (...) Lamouchi expliquait que pendant la Coupe du monde, il n'a regardé aucun match. À chaque fois qu'il y avait un match, il partait en forêt et montagne pour ne pas entendre le moindre bruit de clameur, tellement ça lui faisait mal", nous a-t-il ainsi raconté.
"Les joueurs apprennent depuis tout petit, depuis l'âge de 8/9 ans, à être sélectionnés donc ils savent la difficulté. Ils connaissent ce monde impitoyable, savent que le talent ne suffit pas (...) il faut être dans les bons réseaux, avoir les bons copains, il faut être bien avec les leaders", a-t-il par ailleurs poursuivi. "En 98, certains n'ont pas fait tout ce qu'il fallait. Ibrahim Ba, par exemple, ne respectait pas la hiérarchie imposée à Milan, où il jouait avec Marcel Desailly",a-t-il ajouté. Et l'intéressé de dresser un parallèle avec l'époque actuelle, constatant l'hermétisme du football moderne et le manque de proximité entre joueurs et journalistes. "En 1998, on avait accès aux joueurs, on pouvait discuter avec eux, on avait des entretiens individuels. Aujourd'hui, on a un joueur qui vient derrière un panneau publicitaire face à 40 journalistes. On ne sait plus ce qu'il se passe. À l'époque, on savait 1/3 de ce qu'il se passait à Clairefontaine, aujourd'hui, seulement 5 %", a-t-il ainsi déploré.
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