single.php

L'argent de Cyréna Samba-Mayela sauve les Bleus de l'athlétisme de la faillite olympique

La médaille d'argent de Cyréna Samba-Mayela sur 100 m haies samedi a sauvé l'équipe de France d'athlétisme du zéro pointé pour ses Jeux olympiques à domicile.

Kirill KUDRYAVTSEV - AFP

La médaille d'argent de Cyréna Samba-Mayela sur 100 m haies samedi a sauvé l'équipe de France d'athlétisme du zéro pointé pour ses Jeux olympiques à domicile.

La future cloche de la cathédrale Notre-Dame a été actionnée par l'Américaine Masai Russell, comme par tous les champions olympiques d'athlétisme depuis 10 jours, mais c'est bien Cyréna Samba-Mayela qui a sauvé les Bleus sur le gong, au dernier jour de compétition au Stade de France, grâce à une médaille d'argent qui récompense sa saison de la confirmation.

Qualifiée de justesse en finale, Samba-Mayela, bandeau rouge dans les cheveux et sourire au départ, a su profiter à fond de son exil tout à gauche de la piste, dans le sens de la course, au couloir N.2, loin des regards et du féroce combat des lignes intérieures, réservées aux meilleurs chronos des demi-finales.

D'après l'analyse détaillée de la course par World athletics, la Française était même en tête sur les 8e, 9e et 10e haies, avant de voir l'Américaine la doubler sur les dix derniers mètres sans obstacle.

Allongée sur la piste, en pleurs après la confirmation de la photo-finish, Samba-Mayela a décroché en 12 sec 34 (-0,3 m/s de vent) l'argent et donc la première médaille olympique de sa jeune carrière, elle qui est déjà championne d'Europe du 100 m haies et double médaillée mondiale du 60 m haies en salle (or en 2022, argent en 2024) à seulement 23 ans. La dernière française médaillée olympique sur la distance, Patricia Girard, avait pris le bronze en 1996 à Atlanta.

- "Année stressante" -

"Quand vous me voyez pleurer à la fin, une fois que je vois mon nom sur l'écran, ça a été beaucoup de stress qui s'est évacué, parce que cette année a été très stressante", a-t-elle expliqué.

La Française Cyréna Samba-Mayela après sa médaille d'argent sur le 100m haies, aux JO-2024 au Stade de France, le 10 août 2024

La Française Cyréna Samba-Mayela après sa médaille d'argent sur le 100m haies, aux JO-2024 au Stade de France, le 10 août 2024

Martin BERNETTI - AFP

Ce grand talent, championne de France senior à 19 ans déjà en 2020, s'est pleinement épanoui cette saison en rejoignant l'Irlandais John Coghlan en Floride en novembre 2023, après plusieurs années dans le groupe de l'ex-triple sauteur Teddy Tamgho à l'Insep.

"J'ai été confrontée à une culture que je ne connaissais pas, à devoir parler une autre langue, vivre loin de ma famille, de mes proches, ça a été très +challengeant+."

Après avoir changé complètement sa technique de franchissement des haies, selon son coach, Samba-Mayela réussit en 2024 une saison exceptionnelle.

Elle a amélioré quatre fois le record de France cette année jusqu'à le porter à 12 sec 31 pour devenir championne d'Europe à Rome en juin.

Mais une infection au Covid quelques jours plus tard avait contrarié ses plans et freiné sa progression. Obligée de traverser l'Atlantique pour faire constater sa maladie aux Championnats de France à Angers, elle avait manqué plusieurs semaines d'entraînement, ne retrouvant la forme qu'au fil des tours aux Jeux de Paris.

Sa médaille sauve l'équipe de France d'athlétisme du désastre et de son premier zéro aux JO depuis Sydney en 2000.

- Tual 6e -

Les Bleus ont été dans l'ensemble décevants sur la piste violette du Stade de France, très peu d'entre eux parvenant à se hisser à leur meilleur niveau ou à se dépasser. Une habitude depuis 2019 au niveau international.

Le Français Gabriel Tual (en bleu, au centre) lors de la finale olympique du 800m, au STade de France, le 10 août 2024

Le Français Gabriel Tual (en bleu, au centre) lors de la finale olympique du 800m, au STade de France, le 10 août 2024

Martin BERNETTI - AFP

Un grand nombre des tricolores qui ont brillé dans l'enceinte dionysienne s'entraînent à l'étranger, de quoi interroger un modèle fédéral de plus en plus critiqué, alors que des élections en fin d'année doivent marquer la fin d'un cycle.

Samba-Mayela s'est en effet épanouie aux Etats-Unis. L'inconnu Clément Ducos, 4e du 400 m haies vendredi, s'entraîne aussi de l'autre côté de l'Atlantique, alors qu'Alice Finot, 4e et recordwoman d'Europe du 3.000 m steeple se prépare dans son coin en Espagne.

"C'est un bilan décevant", a admis le patron des Bleus Romain Barras.

"On se heurte à un niveau mondial qui est encore un petit peu haut. On a une génération, on le voit, qui arrive, une équipe de France qui est dynamique (...) on a cette sublime médaille d'argent, je pense que c'est vraiment dans cette dynamique-là qu'on doit s'engouffrer", a-t-il ajouté.

Quelques minutes avant le 100 m haies, Gabriel Tual, autre chance de médaille française, avait pris la 6e place du 800 m, subissant la dernière ligne droite d'une course disputée sur un tempo fou.

En fin de soirée, les deux relais 4x400 m n'ont pas réussi à créer l'exploit.

A la bagarre pour les places d'honneurs, les Français vice-champions du monde (Muhammad Abdallah Kounta, Gilles Biron, Téo Andant et Fabrisio Saïdy) ont vu leur dernier relayeur tomber après une bousculade, pour couper la ligne en 9e et dernière position, loin des vainqueurs américains.

Le relais féminin (Sounkamba Sylla, Shana Grebo, Amandine Brossier et Louise Maraval), 5e d'une finale écrasée par les Américaines, a réussi à établir un nouveau record de France en 3 min 21 sec 41, contre 3 min 22 sec 34 pour un quatuor emmené par Marie-José Pérec en 1994.

rg-es-vg-pyv/obo

Par Pierrick YVON, Elodie SOINARD, Valentine GRAVELEAU, Robin GREMMEL / Paris (AFP) / © 2024 AFP

L'info en continu
07H
04H
23H
21H
19H
18H
17H
16H
Revenir
au direct

À Suivre
/