Après bien des contretemps et polémiques, au bout de seulement treize mois de travaux, un tour de force salué comme "un miracle italien", la piste de bobsleigh, luge et skeleton des JO-2026 de Milan Cortina a été inaugurée mardi.
Mattia Gaspari ne remportera probablement pas de titre olympique dans moins d'un an (6-22 février), mais il est déjà rentré dans l'histoire des JO-2026.
Ce spécialiste de skeleton est le premier à avoir dévalé la très discutée piste de Cortina dans le cadre de sa pré-homologation, un processus indispensable pour s'assurer que la sécurité des sportifs est garantie.
Jusqu'à samedi, 60 lugeurs, équipages de bobsleigh et spécialistes de skeleton (luge tête en avant), italiens et étrangers, vont tester la piste à peine mise en glace, en dévalant les 1.749 m d'un toboggan de seize virages où la vitesse peut atteindre 140 km/h.

Vue aérienne de la piste de bobsleigh, luge et skeleton des JO-2026 le 25 mars 2025 à Cortina d'Ampezzo
Andrea BERNARDI - AFP
Lorsque les travaux de construction ont commencé, en février 2024, tardivement pour un projet de cette ampleur et complexité, beaucoup doutaient dans le monde de ces sports d'hiver parmi les plus confidentiels qu'ils pourraient être menés à bien.
Pas Matteo Salvini, le N.2 et ministre des transports du gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni.
Le dirigeant d'extrême-droite est celui qui a relancé fin 2023 au nom du "Made in Italy" le projet de construction d'une piste à Cortina alors que les organisateurs voulaient, faute d'une piste en fonctionnement en Italie, délocaliser les douze épreuves de bobsleigh, luge et skeleton en Autriche ou Suisse voisines.
- "Notre musée Guggenheim" -
"Je veux remercier les ouvriers qui sont venus du monde entier à Cortina pour réaliser ce miracle qui représente si bien l'Italie", a-t-il déclaré lors de l'inauguration.

Le N.2 du gouvernement italien et ministre des Transports Matteo Salvini lors de l'inauguration de la piste de bobsleigh, luge et skeleton des JO-2026 le 25 mars 2025 à Cortina d'Ampezzo
Pierre TEYSSOT - AFP
"Vouloir, c'est pouvoir, les ingénieurs et les architectes italiens sont sans égaux dans le monde", a-t-il martelé en comparant cette piste à la coupole de Brunelleschi, la plus grande du monde, qui couvre le Duomo de Florence.
"L'histoire est pleine d'Italiens qui ont osé (...) A l'époque on disait de cette coupole qu'elle ne tiendrait jamais le coup. Six siècles plus tard, elle est encore là. Cela vaudra aussi pour ceux qui disent que ces JO coûtent trop cher", a souligné M. Salvini.
Peut-être pour apaiser ceux qui s’inquiètent de l'avenir de cette piste après les JO-2026, le président de la région Vénétie Luca Zaia a présenté, lui, cette piste, la première au monde selon ses promoteurs à utiliser le glycol, et non plus l'ammoniaque, pour sa réfrigération, comme... "notre musée Guggenheim".
"Les gens viendront voir une grande réalisation en termes d'architecture et d’ingénierie", a-t-il estimé.
- 118 millions d'euros -
La construction de cette piste a été critiquée par les associations de protection de l'environnement inquiètes notamment de son utilisation et de ses coûts de fonctionnement après les JO-2026.

Vue générale de la piste de bonsleigh, luge et skeleton des JO-2026 le 25 mars 2025 à Cortina d'Ampezzo
Pierre TEYSSOT - AFP
Les derniers travaux (vestiaires, aires de départ et d'arrivée) seront finalisés d'ici novembre. Ce "centre de glisse" aura coûté 118 millions d'euros alors que le budget pour les JO-2026 est de cinq milliards, dont 3,5 Mds pour la construction et rénovation des sites sportifs et infrastructures de transport.
Le Comité international olympique qui aurait préféré qu'une piste existante à l'étranger soit utilisée, a longtemps suivi ce dossier avec beaucoup d'attention et un brin d'inquiétude, comme les fédérations internationales concernées.
"Construire une piste en 305 jours, cela n'a jamais été fait", reconnaît Ivo Ferriani, président de la Fédération internationale de bobsleigh et skeleton (IBSF) qui rappelle que la durée moyenne de construction d'un tel site est de 700 jours.
"Pour être honnête, je n'ai jamais vraiment douté. Cela a été un sacré défi, mais nous avons réussi à faire d'un problème un modèle", a estimé le dirigeant italien de l'IBSF.
Tout à son rêve olympique, le bobeur italien Patrick Baumgartner n'a lui non plus jamais douté.
"C'est une émotion incroyable de descendre cette piste. Cela fait quinze ans que je fais ce sport et c'est la première fois que je pilote sur une piste en Italie, à la maison", s'est réjoui le grand espoir italien, 5e de la Coupe du monde 2024-25 en bobsleigh à deux et à quatre.
Par Jérôme RASETTI / Cortina d'Ampezzo (Italie) (AFP) / © 2025 AFP