Tadej Pogacar a clos sa magistrale campagne de classiques avec un nouveau récital solitaire dimanche à Liège-Bastogne-Liège où il a de nouveau plané au-dessus de la concurrence.
C'est à l'issue d'une course sans suspense et d'un certain ennui que le champion du monde a remporté sa troisième Doyenne, aussi parce que celui qui était censé lui donner la réplique, Remco Evenepoel, ne s'est pas pointé au rendez-vous.
Inexistant, le Belge a terminé très loin, à plus de trois minutes du Slovène, expliquant ensuite qu'il n'était "pas un robot" après avoir vu toute sa préparation hivernale bousillée par sa collision avec un véhicule de la Poste belge en décembre.
Au bout d'une campagne "éprouvante" mais "parfaite", Pogacar avait lui encore largement les réserves pour survoler une nouvelle fois les débats et s'imposer avec un peu plus d'une minute d'avance sur l'Italien Giulio Ciccone et l'Irlandais Ben Healy.
Ce dernier a résumé le sentiment général en tombant dans les bras de Pogacar à l'arrivée avant de lui demander: "Quand est-ce que tu prends ta retraite ?" "J'ai un contrat jusqu'en 2030", lui a répondu l'ogre slovène en éclatant de rire.
"Je peux m'estimer heureux et chanceux d'être si bon dans ce que je fais", a ensuite déclaré en conférence de presse le triple vainqueur du Tour de France qui s'est envolé comme prévu dans la côte de la Redoute à 34 km de l'arrivée, accélérant très tôt dans la montée alors que Remco Evenepoel traînait environ en trentième position.
Le Belge avait déjà compris "que le meilleur n'allait pas sortir". "Je ne peux pas m'attendre à des miracles sur chaque course. Je dois simplement l'accepter. Je n'ai pas pu m'entraîner correctement et cela s'est vu", a dit le double vainqueur de la Doyenne, seulement 59e.
- Facilité déconcertante -

Le Slovène de l'équipe UAE Tadej Pogacar lors de Liège-Bastogne-Liège, en Belgique, le 27 avril 2025
Etienne GARNIER - BELGA/AFP
Vissé sur sa selle, Pogacar s'est, lui, détaché avec une facilité déconcertante face à un plateau totalement résigné.
"J'ai décidé de tester mes jambes un peu et voir au sommet si l'écart était suffisamment important pour continuer seul. Je me sentais bien donc j'ai décidé d'y aller", a-t-il expliqué.
Pogacar parti, l'intérêt de la course s'est rapidement déporté sur la bataille pour la deuxième place.
Un groupe de quatre poursuivants s'est d'abord dégagé avec Tom Pidcock, Ben Healy, Giulio Ciccone et Julian Alaphilippe qui, avant d'exploser dans la Roche-Aux-Faucons, la dernière difficulté du jour, s'est montré impressionnant dans le Redoute où Romain Bardet a connu un incident mécanique pour sa dernière Doyenne.
Au final, Ciccone a battu Healy au sprint, résistant de justesse au retour d'un gros peloton d'une quarantaine de coureurs, dont Axel Laurance, premier Français avec une belle huitième place.
Avec son troisième succès dans la cité ardente, après ceux de 2021 et 2024, Pogacar s'ancre un peu plus dans la légende du cyclisme.
- Son neuvième Monument -

Le Slovène de l'équipe UAE Tadej Pogacar lors de Liège-Bastogne-Liège, en Belgique, le 27 avril 2025
MAARTEN STRAETEMANS - BELGA/AFP
Le leader d'UAE devient le deuxième coureur après Eddy Merckx, considéré comme le plus grand de tous les temps, à remporter la même année le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège.
Le champion du monde en titre, qui avait écrit au feutre sur son dossard un mot en la mémoire de la mère de sa compagne, décédée il y a trois ans, est même le premier à monter sur le podium de six Monuments consécutifs.
Le Slovène compte désormais neuf succès dans les cinq plus grandes classiques du calendrier, rejoignant Fausto Coppi, Sean Kelly et Costante Girardengo à la troisième place du palmarès de tous les temps.
"On me pose la question tout le temps, mais je ne suis pas là pour écrire des livres. J'essaye de m'amuser et rien d'autre", a-t-il déclaré lorsqu'on l'interrogeait sur la trace qu'il était en train de laisser.
Sa victoire à Liège parachève une campagne des classiques intense où il aura brillé sur tous les fronts.
Il la termine avec quatre victoires (Strade Bianche, Tour des Flandres, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège) et trois autres podiums en sept courses (deuxième de Paris-Roubaix et de l'Amstel Gold Race, troisième de Milan-Sanremo).
Il en retiendra d'abord "les victoires" mais aussi l'expérience "fabuleuse" de Paris-Roubaix où il n'aurait "jamais imaginé être capable de faire une telle course".
"Content de rentrer à la maison et d'oublier un peu le cyclisme", il va désormais faire une grosse pause avant le Critérium du Dauphiné en juin pour préparer son prochain grand objectif: le Tour de France (5-27 juillet) où il visera une quatrième victoire.
Par Jacques KLOPP / Liège (Belgique) (AFP) / © 2025 AFP