"Est-ce qu'ils sont suffisamment mes relais? S'ils l'étaient, on n'en serait pas là": avant le déplacement de Nice à Strasbourg samedi, l'entraîneur Franck Haise n'épargne personne, à commencer par ses leaders, censés prolonger son discours sur le terrain.
La dernière victoire niçoise remonte au 1er mars, à Saint-Étienne (3-1). Après un point pris sur douze, "Strasbourg est un défi magnifique, où on est vraiment outsider", indique Franck Haise. "Vu les dynamiques, on doit logiquement perdre, observe-t-il. Mais si cette série négative devait perdurer un match de plus, ça serait plus compliqué (pour l'Europe, Ndlr)."
Malgré cette urgence, le technicien se trouve devant un défi plus important: "Retrouver un état d'esprit collectif". "C'est au moment où on a le plus de monde, qu'on a perdu notre force collective, analyse-t-il. Ce n'est jamais anodin. Ce sont les attitudes, les comportements."
Et d'asséner: "S'il nous manque des choses ces dernières semaines, c'est parce que tous ne mettent pas toute leur énergie positive au service de l'équipe. Si vous voulez avoir des résultats, cinq ou six joueurs ne suffisent pas."

Les défenseurs nicois Dante et Youssouf Ndayishimiye stoppent le Lensois M'Bala Nzola lors du match de Ligue 1 disputé à l'Allianz Riviera le 8 février 2025
Valery HACHE - AFP/Archives
En début de saison, Haise avait instauré un conseil des sages au sein du vestiaire. Autour du capitaine Dante, il comptait sur Marcin Bulka, Pablo Rosario, Morgan Sanson, Gaëtan Laborde et Jérémie Boga.
Les trois derniers ont longtemps été blessés, mais sont désormais opérationnels. Or, comme dans toute construction humaine, les statuts ont évolué. Si les "historiques" demeurent essentiels, certains comme Youssouf Ndayishimiye, Evann Guessand et Jonathan Clauss ont pris du poids.
-"On se dit les vérités"-
"Les leaders ont leur importance", souligne Haise. Mais il y a "un manque". "Tous les messages, ceux des leaders, mais d'abord le mien, ne passent pas suffisamment bien, dit-il. Sinon, on aurait pris plus de points."
Leader technique, Boga assume sa "responsabilité". "A un moment, on doit plus échanger avec le groupe, faire parler notre expérience, convient-il. On se parle de plus en plus, on se dit les vérités les uns, les autres. Elles sont parfois difficiles mais on est professionnels. C'est pour le bien collectif. Il faut de prendre ses responsabilités individuellement, et assumer son rôle de leader."
Haise ne jette toutefois pas uniquement la pierre à ses hommes d'expérience. Il compte sur chacun pour "une prise de conscience, sinon à la fin, on aura beaucoup de regrets", prévient-il.

Les attaquants niçois Jérémie Boga et Evann Guessand affichent leur complicité contre lors du déplacement à Angers, le 1er septembre 2024
Jean-Francois MONIER - AFP/Archives
Et puis, "il faut avoir envie d'écouter les leaders, une capacité d'écoute, d'acceptation, poursuit l'entraîneur. C'est ça, la dynamique d'équipe, la cohésion. C'est le plus difficile, parce que ça dépend de chacun. Il ne faut pas que les mecs se disent: +Il n'y a que nos leaders+. C'est trop facile de dire: +Nos leaders faillent+. Ou alors: "C'est le coach+. Chacun doit être en capacité de se regarder, de demander ce qu'il fait pour l'équipe."
A six journées du terme du championnat, ce discours a fait grincer quelques dents en interne. Mais il a pour but de faire réagir. "Ce qui me fait le plus peur, c'est que je ne retrouve pas un groupe qui a envie de +performer+ ensemble, poursuit Haise. C'est ma crainte. Si je retrouve ça, il n'y aura pas de regrets."
Après avoir changé quelques routines cette semaine à l'entraînement, il a encore distillé le même discours. Et il compte aussi sur la réaction de ses cadres, tel Boga.
"On n'a plus de joker, conclut le champion d'Afrique. Ceux qui ont raté beaucoup de matches, eu une saison compliquée en raison des blessures, comme moi, ont envie de finir fort pour aider le club à atteindre ses objectifs. C'est très excitant."
Par Christophe BELLEUDI / Nice (AFP) / © 2025 AFP