Sur le podium, mais déjà au bord de la crise de nerfs: de nouveau sèchement battu à domicile vendredi, cette fois par le promu Auxerre, l'OM traverse une période compliquée et son entraîneur Roberto De Zerbi, furibond, s'est même dit prêt à quitter le club.
Avec trois ou quatre questions, de longs monologues enragés en guise de réponses, des journalistes qui échangent des regards interdits et quelques membres du club qui déambulent au fond de la salle en fixant le bout de leurs chaussures, la conférence de presse de De Zerbi vendredi soir restera à coup sûr comme l'un des moments forts de la saison marseillaise.
"Je viens de la rue, je suis direct, je ne parle pas pour parler. Je l'ai dit à Medhi Benatia (conseiller sportif, NDLR) et à Pablo Longoria (président de l'OM): si je suis le problème, je suis prêt à partir. Je laisse l'argent et je rends mon contrat", a lâché l'Italien, plein de colère et de frustration.
"Je ne vis pas pour la 2e place, pour le classement ou même pour la victoire. Je n'en ai rien à foutre. Jouer au Vélodrome est un privilège", a ajouté le coach marseillais, dont l'équipe, effectivement toujours 2e (en attendant les résultats de Monaco et de Lille), n'a pris que cinq points en cinq matches à domicile, un succès contre Nice, deux nuls face à Reims et Angers et deux raclées infligées par le PSG (3-0) et Auxerre (3-1).
- "Ca me rend fou" -
"Je suis venu à Marseille pour le Vélodrome, pour jouer au Vélodrome. Et je ne réussis pas à faire en sorte que les joueurs donnent ici ce que je vois à l'entraînement et à l'extérieur. Donc c'est de ma faute, c'est ma responsabilité", a poursuivi De Zerbi. "J'ai du mal à comprendre ça, ça me rend fou", a-t-il encore lancé, avant de répéter: "Si je suis le problème, je m'en vais".
Dans la foulée, un porte-parole du club s'est efforcé de contenir le départ d'incendie en décrivant un De Zerbi "entier, venu à l'OM pour le Vélodrome et terriblement frustré de ne pas réussir à y gagner".
Mais le technicien italien, tête de gondole du "projet sur trois ans" présenté par la direction du club à l'opinion publique et au propriétaire Frank McCourt (présent au stade vendredi), peut-il vraiment partir?
"Il est le bon coach. Ce sont les joueurs qui doivent donner les réponses. On a zéro doute sur le coach", a répondu vendredi soir à l'AFP un membre de la direction.
"Ca ne vient pas de lui, c'est nous, les joueurs, qui devons prendre nos responsabilités. Lui fait les efforts, donne son cœur, nous on doit mettre plus pour tourner la page", a de son côté assuré le capitaine Leonardo Balerdi.
- Symptômes récurrents -
De fait, alors que l'OM finira le week-end au pire à la quatrième place, et même si le club a montré par le passé qu'il savait créer des crises à partir de rien, un départ de De Zerbi trois mois à peine après son arrivée est très improbable.
La saison dernière, marquée par une succession de secousses et par l'impuissance et la résignation de trois coachs (Marcelino, Gennaro Gattuso et Jean-Louis Gasset), fait figure de contre-exemple absolu et la direction du club peut difficilement se permettre un nouveau chamboule-tout.
Mais certains symptômes récurrents posent tout de même question. Gattuso lui aussi disait "ne pas comprendre" et "ne pas y arriver" et Gasset voyait également dans son vestiaire de "braves garçons" qui se transformaient en trop gentils garçons les soirs de matches.
Surtout, comme Andre Villas-Boas ou Jorge Sampaoli avant lui, De Zerbi a buté vendredi sur un des schémas les plus classiques de la L1: bloc bas et transitions rapides. Le Portugais et l'Argentin avaient fini par trouver des solutions. Comme sa direction n'a pas l'intention de le laisser filer, l'Italien va devoir trouver les siennes.
Par Stanislas TOUCHOT / Marseille (AFP) / © 2024 AFP