Champion de France en 2012 et installé en Ligue 1 depuis plus de 15 ans, Montpellier a été officiellement relégué samedi, avant même son match contre Reims dimanche, aboutissement logique d'un exercice raté de bout en bout par un club fragilisé économiquement depuis quelques années.
Douze défaites d'affilée depuis le mercato, 13 points de retard sur le premier non-relégable, attaque à l'arrêt (22 buts seulement), défense aux abonnés absents, trois entraîneurs consommés: l'équipe montpelliéraine, très tôt en difficulté, a plongé à pic en seconde moitié de saison, sans le moindre ressort, ni réveil de cadres pointés du doigt.
Samedi, c'est le nul du Havre contre Monaco (1-1) qui a condamné le club héraultais: alors qu'il ne leur reste que quatre matchs à jouer, dont la réception de Reims dimanche, les Montpelliérains ne peuvent plus rattraper les Normands, actuellement en position de barragistes.
"Nous remercions nos fidèles supporters pour le soutien durant cette saison très difficile. Nous aurons besoin de votre passion et vos encouragements pour la saison à venir. Les Pailladins ne lâchent rien", a écrit le club sur son compte X, actant la descente à l'étage inférieur.
Mais cette saison manquée de A à Z est aussi l'aboutissement d'un déclin amorcé depuis 2021 sous l'effet du fiasco Mediapro et de la dégradation des droits télé, desquels Montpellier, club de milieu de tableau, était très dépendant.

Téji Savanier à Montpellier le 6 avril 2025
GABRIEL BOUYS - AFP
Avec une affluence modeste au stade de la Mosson et la construction d'une nouvelle enceinte repoussée depuis dix ans, la famille Nicollin, propriétaire du club, n'a pas réussi à trouver d'autres ressources et s'est retrouvée prise au piège d'une masse salariale trop importante.
- mercato fatal -
Faute de moyens financiers, Montpellier a encore dû cet hiver compenser avec le transfert de ses meilleurs joueurs offensifs, Akor Adams, Arnaud Nordin et Mousa Tamari, un choix qui s'est révélé fatal sportivement.
Si Laurent Nicollin, successeur de son père +Loulou+, fondateur du club décédé en 2017, avait jusque-là un temps d'avance dans sa gestion, il a cette fois couru en vain après un destin qui lui échappait.
"Il y a eu une faillite de la direction, des coachs, des joueurs. C’est un tout qui a fait que ça ne va pas. Le mal est profond. Ce n’est pas que cette année", a-t-il ainsi expliqué lors de l'intronisation de son nouvel entraîneur Zoumana Camara.

Laurent Nicollin à Montpellier le 10 novembre 2024
Sylvain THOMAS - AFP
Et, depuis la retraite du capitaine Vitorino Hilton en 2021, Montpellier n'a jamais réussi à renouveler les cadres de son vestiaire, censés accompagner les jeunes du centre de formation tout en assumant leurs responsabilités sur le terrain.
Si le meneur de jeu et ancien capitaine Téji Savanier a masqué longtemps certaines carences, il a sombré cette saison et son influence s'est diluée. Les autres, Jordan Ferri, Wahbi Khazri ou Andy Delort, n'ont jamais pris le relais.
- l'épisode Sakho -
"Il y a des personnes qui n’ont plus et qui n’auront plus à porter le maillot de la Paillade parce qu’elles ne sont pas représentatives de ses valeurs. Les cadres ont fauté, les jeunes n’ont pas su prendre le pouvoir", a encore lâché Nicollin, désireux de se séparer de la plupart des trentenaires.
Revenu aux commandes en février 2023, Michel Der Zakarian avait pourtant restauré un cadre de travail et de vie propice à la performance, avant une altercation avec Mamadou Sakho qui a fragilisé son pouvoir et rompu les liens avec son vestiaire.
"L'épisode Sakho a laissé beaucoup de traces sur le coach. Michel avait lâché en début de saison. À partir du moment où il a lâché, les joueurs ont lâché, tout le monde a lâché. J’ai essayé, mais je n’ai pas réussi à trouver les leviers", a encore récemment raconté Nicollin.
Der Zakarian a été écarté après la débâcle (5-0) à domicile devant Marseille, le 20 octobre, et son successeur Jean-Louis Gasset, tout aussi expérimenté, n'a pas non plus trouvé la clé pour remettre d'aplomb une équipe défaillante physiquement et mentalement.
Juste avant la trêve, elle a chuté dans de rares profondeurs (4-0) en 32e de finale de la Coupe de France face au Puy-en-Velay, un club de National 2 (4e division). Le symbole de la déliquescence et de la chute libre d'un club qui semblait être une valeur sûre de la L1.
AFP / Montpellier (AFP) / © 2025 AFP