Lille est au pied de son plus grand défi de la Ligue des champions: affronter le Real Madrid et ses quinze titres au Stade Pierre-Mauroy, où Kylian Mbappé pourrait effectuer son retour en France avec le grand d'Espagne.
Dans cette compétition, il n'y a pas mieux, comme en attestent les quinze coupes aux grandes oreilles qui garnissent l'immense armoire à trophées du Real, bien plus que les sept de l'AC Milan, deuxième club le plus titré. Cette domination historique au sein de la plus prestigieuse compétition européenne entre clubs s'est encore affirmée lors de la dernière décennie, qui a vu la Maison blanche la gagner six fois, dont la saison passée.
Une victoire du Losc mercredi soir (21h00) serait donc un immense exploit devant la constellation d'étoiles madrilènes: de Vinicius à Jude Bellingham en passant par Luka Modric, Rodrygo et Kylian Mbappé, invité surprise dans le groupe malgré une gêne à la cuisse gauche qui devait l'en écarter.
La participation du capitaine de l'équipe de France au match a pris de l'épaisseur dans la soirée, où on l'a vu courir et sauter en apparence normalement dans l'enceinte de la banlieue lilloise lors du traditionnel toro qui a ouvert l'entraînement collectif.
"Il s'est rétabli très rapidement, il s'est seulement entraîné individuellement hier, il n'a pas perdu sa condition physique, avait affirmé son entraîneur Carlo Ancelotti quelques minutes plus tôt. S'il n'y a pas de risque, il jouera dès la première minute."
La présence de Mbappé signerait son retour sur une pelouse française depuis son départ du Paris Saint-Germain vers la capitale espagnole l'été dernier.
"On prépare le match avec deux options: s'il joue ou s'il ne joue pas, a indiqué l'entraîneur lillois Bruno Genesio. Mais on prépare le match aussi face à l'équipe qu'on va affronter, pas seulement face à un joueur."
Quoi qu'il en soit, il ne retrouvera pas son petit frère Ethan (17 ans), milieu de terrain lillois qui s'est blessé, devant renoncer à ce duel tant attendu entre Mbappé.
- À 17 ans, "Bouaddi débutera" -
Au-delà de la belle histoire de cette fratrie, l'absence d'Ethan Mbappé est un souci de plus pour l'entraîneur des Dogues Bruno Genesio, déjà privé de son maître à jouer britannique Angel Gomes, suspendu, de son détonateur Hakon Haraldsson et de Ngal'ayel Mukau, blessés, ainsi que du métronome de la saison dernière Nabil Bentaleb, toujours écarté des terrains pour un problème au cœur.
L'arrivée du Portugais André Gomes était un choix malin pour renforcer le milieu de terrain mais trop tardif: il n'est pas inscrit sur la liste du club nordiste pour disputer la phase de ligue.
C'est donc Ayyoub Bouaddi, le jour de ses 17 ans, qui accompagnera le capitaine Benjamin André, comme l'a révélé Bruno Genesio.
Une grande partie de la performance lilloise repose en tout cas sur son entraîneur de 58 ans, capable de coups d'éclat sur la scène européenne, comme sa victoire à Manchester contre le City de Guardiola (2-1) en septembre 2018 qui lui avait valu le surnom affectif de "Pep" Genesio.
- "Jouer sans pression" -
Il lui faudra gagner la bataille tactique face à Ancelotti, l'un des maîtres stratèges du football mondial.
"Si on se présente sur le terrain en se disant que le match est perdu avant même de le jouer, il vaut mieux rester à la maison, souligne l'ancien entraîneur de Rennes et Lyon. La bonne approche, c'est de croire en nous, croire que c'est possible. La deuxième condition, c'est de jouer notre jeu (...) sans aucune pression. On a tout à gagner: si on perd, ce sera juste la normalité, et tout autre résultat qu'une défaite sera perçu comme un mini-exploit ou un grand exploit."
Après une série de cinq matches sans victoire, dont une défaite à Lisbonne face au Sporting (2-0) pour démarrer leur campagne européenne, les Lillois se sont rassurés au Havre (3-0) le week-end dernier, leur buteur Jonathan David en particulier grâce à un triplé.
À Madrid, le Real sort d'un match nul chez son voisin l'Atlético (1-1), et bafouille son football dans la victoire depuis le début de la saison. Que Lille en soit sûr: cela ne l'empêche pas de gagner.
Par Remi BOUVERESSE / Camphin-en-Pévèle (France) (AFP) / © 2024 AFP