Discret mais essentiel, Ludovic Fabregas a été désigné en amont du Mondial-2025 nouveau capitaine de l'équipe de France de hand, opposée au Koweit jeudi (18h00) à Porec (Croatie), une "évidence" pour ses équipiers et la suite logique d'une carrière internationale précoce.
Le Catalan n'a que 28 ans mais fait partie depuis dix ans des murs de la maison tricolore, dont il est le pivot.
Au sens propre, par son poste sur le terrain, et désormais au sens figuré: cadre des Bleus, avec qui il a tout gagné (Mondial-2017, JO-2021, Euro-2024), Fabregas (1,98 m, 153 sél.) a pris du galon cet automne après que Luka Karabatic a décidé de céder le brassard à l'orée d'un nouveau cycle et après le camouflet olympique.
Clin d'oeil du destin, c'est déjà au relais du cadet des frères Karabatic qu'il avait été lancé dans le grand bain international, en juin 2015 contre la République tchèque, quelques semaines avant de souffler ses 19 bougies.
Et c'est tout naturellement que son nom est sorti des urnes, avec "100% des voix" selon Dika Mem, quand les Bleus ont été appelés début novembre à élire leur nouveau capitaine.
"Pour nous, c'était la suite logique", souligne Elohim Prandi, pour qui Fabregas "était déjà l'adjoint" de Karabatic.
"Ça ne pouvait être que lui", abonde Mem, son équipier pendant cinq saisons au FC Barcelone avant que Fabregas ne rejoigne à l'été 2023 Veszprem, grand club hongrois dont il est depuis cette saison le capitaine.
- "Pas un agité" -
"Tchiqui", son surnom en équipe de France hérité de ses débuts précoces - dérivé de "Chiquito", le petit en espagnol - a bien grandi.
"Pendant ces dix ans, j'ai beaucoup appris et progressé, en tant que joueur et en tant qu'homme. Ça me permet d'arriver à une certaine maturité pour assumer ces responsabilités", expliquait-il avant le début du Mondial.
Il ne les a jamais convoitées - "ça n'a jamais été un objectif" - mais d'après Mem le rôle "lui tient à coeur".
"Je suis sûr que ça va aussi l'aider à passer à un autre cap, notamment dans sa vie personnelle. Généralement, on pense qu'à 26-28 ans, on connaît tout" du métier, ajoute l'arrière droit.
Du poste de pivot, Fabregas en connaît toutes les facettes.
Cantonné dans ses premières années internationales à la défense, il double à partir du Mondial-2017 avec l'attaque, infatigable pour absorber les contraintes physiques au coeur de la défense adverse et le repli défensif. Des quatre pivots retenus par Guillaume Gille pour le Mondial (avec Luka Karabatic, Nicolas Tournat et Karl Konan), il est le seul dans ce cas.
Travailleur de l'ombre à un poste ingrat et énergivore, c'est avant tout par ses faits d'armes sur le terrain qu'il voit son rôle de capitaine.
"Il y a plusieurs définitions possible du rôle de capitaine, le meneur d'hommes, le performant sur le terrain. Pour ma part, j'essaie d'être le plus performant possible" explique Fabregas, qui lors de l'Euro-2024 reconnaissait être "discret dans le groupe" et "pas un agité au quotidien".
"Ludo a toujours été un leader naturel, sur le terrain ou en dehors, par sa manière de parler, posée, de s'affirmer par ses mots et son calme. Ce n'est pas forcément un bavard mais il a bien développé ça ces derniers temps", estime Nedim Remili, son coéquipier à Veszprem et depuis l'automne au sein de cette équipe de France revancharde.
Par Nicolas KIENAST / Porec (Croatie) (AFP) / © 2025 AFP