Au lendemain de son premier titre de champion du monde en salle, sur 3.000 m, l'intraitable Norvégien Jakob Ingebrigtsen a doublé la mise en remportant dimanche l'or du 1.500 m, réalisant le même doublé qu'aux Championnats d'Europe il y a deux semaines pour conclure un hiver sans faute.
Ingebrigtsen a pris les devants à la mi-course et n'a plus laissé personne le dépasser. L'Autrichien Raphael Pallitsch a bien tenté à 450 mètres de l'arrivée mais s'est fait sévèrement éjecter, de quoi le pousser à déposer une réclamation qui n'a pas abouti.
Au final, Ingebrigtsen a coupé la ligne en 3 min 38 sec 79 pour devancer le Britannique Neil Gourley (3:39.07) et l'Américain Luke Houser (3:39.17).
Surtout, il brise enfin la malédiction en décrochant son premier titre mondial sur 1.500 m, lui le recordman du monde en salle de la discipline qui a fini trois fois deuxième sur la distance aux Mondiaux (2022 en salle et en plein air, 2023 en plein air) avant de terminer à une impensable 4e place aux JO de Paris.
Samedi, dans sa combinaison rouge au short tigré, Ingebrigtsen avait déjà dominé le 3.000 m, doublant dans les dernières dizaines de mètres l'Ethiopien Berihu Aregawi.
Là encore, il avait montré qu'il était roi en son royaume, idéalement placé derrière les Éthiopiens et intimant d'un geste sec de la main ses concurrents derrière lui de ne même pas tenter de le dépasser: il ne les laisserait pas passer.
"C'est assez unique", a réagi Ingebrigtsen après son doublé, pas vu depuis depuis 1999 et la légende éthiopienne Haile Gebrselassie. "Je me suis concentré sur moi, je pense que je m'étais bien préparé et ça a toujours été l'objectif. Je pense que je peux en faire encore plus et j'essaye de saisir toutes les occasions qui se présentent."
- "Plus je cours, plus j'apprends" -

Jakob Ingebrigtsen lors du 1.500 m des Championnats du monde en salle de Nankin, en Chine, le 23 mars 2025
Pedro Pardo - AFP
Cet hiver, Ingebrigtsen a enchaîné meetings et championnats, bien plus que ses plus grand rivaux, d'ailleurs absents à Nankin: huit courses en salle pour le Norvégien quand le champion olympique américain du 1.500 m Cole Hocker s'est limité à quatre départs et que le Britannique Josh Kerr, grand rival d'Ingebrigtsen, n'a pas couru du tout.
"Il faut courir beaucoup de courses pour être capable de répondre à tous les scénarios", estimait samedi Ingebrigtsen après le 3.000 m, souvent critique sur l'absence de ses principaux rivaux.
Dimanche, il a réussi mettre à profit les enseignements tirés, même si la concurrence était moindre, pour enfin gagner dans sa discipline préférée.
Et avec ce "double double" Euro/Mondiaux, le Norvégien conclut invaincu son long hiver, débuté en décembre par l'or aux championnats d'Europe de cross et rythmé, entre autres, par deux nouveaux records du monde (1.500 m et mile en salle) en février.
- Tsegay seule face au chrono -

L'Éthiopienne Gudaf Tsegay pose a côté du chrono de son record des Championnats du monde en salle du 1.500 m après son titre aux Mondiaux de Nankin, en Chine, le 23 mars 2025
Pedro Pardo - AFP
Sur le 1.500 mètres femmes, Gudag Tsegay est partie seule en tête et le public a bien cru qu'elle allait améliorer son propre record du monde en salle (3:53.09). L'Éthiopienne a finalement échoué de peu (3:54.86) mais signe tout de même un record des championnats et la quatrième meilleure performance de tous les temps.
La soirée a aussi été marquée par les sacres du Norvégien Sander Skotheim à l'heptathlon (6.475 points), de la Bahaméenne Devynne Charlton (60 m haies, 7.72), de l'Américain Josh Hoey (800 m, 1:44.77), de la Sud-Africaine Prudence Sekgodiso (800 m, 1:58.40), de l'Italien Mattia Furlani (longueur, 8,30 m) et du Néo-Zélandais Tom Walsh (poids, 21,65 m).
Les deux relais 4x400 m, remportés par les États-Unis, ont conclu des Mondiaux d'athlétisme en salle boudés par de nombreux grands noms, et où aucun record du monde n'aura été battu. Le prochain grand rendez-vous d'athlétisme aura lieu en septembre, avec les Mondiaux en plein air à Tokyo (Japon).
AFP / Nankin (Chine) (AFP) / © 2025 AFP