Le transfert du siècle se profile. Le footballeur brésilien Neymar est attendu à Paris ce jeudi, avant de devenir officiellement un joueur du Paris-Saint-Germain. Une arrivée qui explose tous les records. 222 millions d'euros de clause libératoire, 35 millions d'euros nets de salaire. Si ces chiffres font tourner la tête, Virgile Caillet, spécialiste du marketing sportif et invité du Grand Matin Été Sud Radio, présenté par Philippe Verdier, répond aux questions de Christophe Bordet et assure qu'un tel investissement peut s'avérer rentable pour le club parisien.
Christophe Bordet : En quoi consiste le montage financier prévu pour pouvoir accueillir Neymar au PSG ?
Virgile Caillet : Ces chiffres peuvent paraître indécents. On est quand même sur le transfert du siècle, ni plus ni moins. Un tel transfert, concernant un tel joueur, on est dans un contexte unique. Il s’agit d’une clause libératoire, ce n’est pas un transfert. Une clause libératoire, c’est que le club de Barcelone a fait signer un renouvellement de contrat à Neymar, dans lequel il y a une clause qui dit qu’il ne peut quitter le club qu’à condition de payer une clause libératoire. En général, on met une clause libératoire tellement haute qu’elle est dissuasive. Sauf que là, avec la puissance financière des Qataris, ils pourraient décider de faire jouer cette clause libératoire. On paie les 222 millions d’euros et dès lors, Neymar a le droit de signer dans le club de son choix, en l’occurrence le PSG. S’il y avait eu transfert, il aurait fallu que le PSG justifie auprès du fair-play financier, cet instance mise en place par l’UEFA, des rentrées d’argent, des recettes équivalentes à cet investissement.
Par rapport au marché des joueurs de foot, il y a quand même des règles à respecter, y compris financières, et on ne peut pas aller au-delà d’une certaine somme ?
Le fair-play financier est très simple. En deux mots, on n’a pas le droit de dépenser plus que ce qu’on gagne. C’est assez vertueux. Michel Platini a vraiment défendu ce projet. L’idée étant quelque part de niveler ou d’avoir une certaine équité entre les clubs. Là, dans ce cas de figure, les Qataris ne transgressent pas ce fair-play financier parce que ce n’est pas le club qui va recruter Neymar, c’est Neymar lui-même qui va payer sa clause libératoire, avec l’argent des Qataris. QSI, dans le cadre de la Coupe du monde Qatar 2022, signerait un contrat d’ambassadeur avec Neymar, ce qui est tout à fait légal et, dans le cadre de ce contrat, Neymar pourrait racheter sa clause libératoire et signer au PSG, ce qui permettrait au PSG de ne pas transgresser les règles du fair-play financier.
C’est très malin, en fait ?
C’est extrêmement habile. On contourne le fair-play financier mais c’est tout à fait légal et probablement que ça amènera les instances de l’UEFA à réfléchir à ce système de transfert.
Qu’est-ce que ça peut apporter à la Ligue 1 et quelles peuvent être les retombées ?
Est-ce qu’avec de tels investissements, on est capables de rentabiliser un joueur comme Neymar. Ma réponse serait plutôt oui. Je comprends que ça puisse interpeller le grand public, mais s’il y a bien un joueur qui est susceptible de rentabiliser un tel investissement, c’est Neymar. Il a 25 ans, c’est l’un des trois plus grands joueurs du football mondial. Les deux autres, Messi et Ronaldo, sont trentenaires. Neymar a cette capacité à dépasser les frontières. C’est une méga-star en Asie, une star en Amérique du sud, très connu aux États-Unis. Grâce à lui, le PSG va conquérir de nouveaux territoires, gagner de nouveaux sponsors, renégocier à la hausse ses sponsors actuels, faire exploser les chiffres de son merchandising, ses ventes de maillots… Tout un tas d’optimisations de ses recettes et de revenus additionnels qui pourraient lui permettre de rentabiliser cet investissement.
Ça pourrait aussi être rentable pour l’État français ?
Quid de la Ligue 1 et de la France ? C’est une véritable aubaine pour le football français. Un des trois top stars, probablement futur Ballon d’Or, qui va jouer en Ligue 1. Tous les regards, toute l’attractivité médiatique et marketing va se tourner vers la Ligue 1. Pour les autres clubs, c’est l’assurance d’un match de gala à guichets fermés, donc des recettes de billetterie très importante. Pour l’État français, ce sont des impôts, de la TVA, des charges sociales importantes. C’est tout bénéfice pour l’État français et pour la société en général parce qu’on va compter en dizaines de millions d’euros les retombées pour l’État français.
C’est donc gagnant-gagnant ?
Ça paraissait tellement inaccessible d’imaginer qu’un joueur de ce niveau-là puisse jouer en Ligue 1. Aujourd’hui, c’est une réalité. On est ravis. C’est gagnant pour le PSG, gagnant pour Neymar parce qu’il va doubler son salaire et gagnant pour le football français.