La présence de Tadej Pogacar fait l'événement à Paris-Roubaix, mais le Slovène ne sera pas, pour une fois, l'indiscutable favori dimanche face à une concurrence terrible et des coureurs tous en grande forme.
Mathieu van der Poel, le spécialiste
Double vainqueur sortant, le Néerlandais fait figure de favori N.1 d'une course qu'il maîtrise à la perfection grâce à sa puissance dévastatrice et son pilotage parfait. Légèrement en-dedans au Tour des Flandres (3e tout de même) après avoir été malade la semaine précédente, il retrouve un terrain plus plat qui l'avantage dans son duel avec Pogacar. Le leader d'Alpecin peut devenir, à 30 ans, le troisième coureur à gagner Paris-Roubaix trois fois de suite après Francesco Moser (1978-1980) et Octave Lapize (1909-1911).
Tadej Pogacar, l'exception

Tadej Pogacar dans le Vieux Quaremont lors du dernier Tour des Flandres, le 6 avril 2025
DIRK WAEM - BELGA/AFP
Il est rarissime qu'un coureur avec sa morphologie figure parmi les prétendants à la victoire sur une course où le poids est un allié. Mais personne n'osera rayer le phénomène slovène de la liste VIP, tellement il écrase son sport. Reste la question de savoir comment et où il peut décrocher ses rivaux, sur des secteurs pavés difficiles voire dangereux mais plats. S'il y parvient, le leader d'UAE deviendra le troisième coureur (hormis l'Allemand Josef Fischer qui avait ouvert le palmarès en 1896) à gagner la "Reine des classiques" à sa première participation après le Français Jean Forestier en 1955 et l'Italien Sonny Colbrelli en 2021.
Mads Pedersen, le rêve d'une vie
Et si c'était son jour? A 29 ans, le surpuissant Danois court toujours derrière son premier Monument et Paris-Roubaix est son plus grand rêve. Or le coureur de Lidl-Trek est dans la forme de sa vie, comme il l'a encore prouvé avec sa deuxième place au Tour des Flandres, et le parcours lui convient parfaitement. "Ma campagne des classiques est excellente jusque-là et de tous les Monuments c'est celui qui me correspond le plus", dit-il. "Pour moi c'est le principal favori", assure même son directeur sportif Gregory Rast.
Wout Van Aert, de retour en forme

Le Belge Wout van Aert à l'entraînement à trois jours de Paris-Roubaix, le 10 avril 2025
FRANCOIS LO PRESTI - AFP
Donné perdu pour la patrie, le Flamand a cloué le bec à pas mal de détracteurs en Belgique avec sa prestation au Tour des Flandres (4e). Comme Van der Poel et Pedersen, le leader de Visma-Lease a bike devrait être encore plus à l'aise sur les pavés de Roubaix. "J'aborde la course avec confiance", souligne "WVA" qui avait terminé 2e en 2022 derrière Dylan van Baarle, son équipier de luxe dimanche, et troisième en 2023 malgré une crevaison dans le final. Dimanche, il espère pleinement ressentir les bienfaits de son long stage en altitude effectué en mars.
Filippo Ganna, prêt pour le combat
Le bison italien affiche lui aussi une forme éclatante depuis le début du printemps (2e de Tirreno-Adriatico et de Milan-Sanremo, 3e du Grand Prix E3, 8e du Tour des Flandres) et Paris-Roubaix est une course taillée pour son grand gabarit. Absent l'an dernier, sa sixième place en 2023 reste son meilleur résultat et le détenteur du record de l'heure compte faire beaucoup mieux. "Disputer Paris-Roubaix est comme monter sur un ring", souligne le coureur d'Ineos qui se dit prêt pour le combat.
Stefan Küng, le métronome suisse

Le Suisse Stefan Kung (Groupama-FDJ) durant A Travers la Flandre, le 2 avril 2025
Jan DE MEULENEIR - POOL/AFP/Archives
Troisième en 2022, cinquième des deux dernières éditions, le métronome suisse est un prétendant, même si cet abonné aux places d'honneur est sans doute moins rapide au sprint que les autres favoris. "Je veux prouver encore que je peux me battre pour le podium", insiste ce spécialiste du chrono qui reste sur une belle septième place au Tour des Flandres.
Jasper Philipsen, plus qu'un sprinteur
Deuxième ces deux dernières années derrière son coéquipier Van der Poel, le Belge a prouvé qu'il était plus qu'un sprinteur, mais un vrai coureur de classiques, comme en atteste aussi sa victoire à Milan-Sanremo en 2024. Il offre une alternative de choix à Alpecin si jamais Van der Poel est empêché. "Paris-Roubaix est la classique qui me convient le mieux. Et cet hiver, durant ma préparation, j'ai clairement senti que j'avais franchi une nouvelle étape", a-t-il déclaré mercredi après sa deuxième place au GP de l'Escaut.
Par Jacques KLOPP / Paris (AFP) / © 2025 AFP