Ce mercredi, Sud Radio Sports s'est mis aux couleurs du TFC pour une émission spéciale en compagnie de l'entraîneur Pascal Dupraz et du capitaine de l'équipe cette saison, Nicolas Dieuze. Retour sur un maintien hors du commun assuré en Ligue 1 pour la saison prochaine. Sud Radio Sports : Depuis samedi dernier vous êtes le messie, le marabout, le sorcier du TFC. Tu es parvenu au maintien en Ligue 1 malgré les 10 points de retard du club. Tu as souvent dit que tu avais gardé les pieds sur terre, mais au niveau des médias et du public, il y a eu un avant et un après-Angers ?Pascal Dupraz : C'est parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne comprennent rien à ma façon de procéder. J'ai quand même quelques atouts à mon arc, encore une fois je fais preuve d'un manque singulier d'humilité. Songez plutôt qu'il existe peu d'entraîneurs qui font passer un club d'honneur régional jusqu'en Ligue 1 comme je l'ai fait avec Evian Thonon Gaillard. Ce n'est pas anodin comme parcours. Il a fallu un peu se relever les manches et faire preuve d'imagination quelquefois. Il a fallu aussi par le discours rassembler du monde, les politiques, trouver des joueurs, et puis croire à un truc fou. Quand j'ai entraîné le FC Gaillard en 91, les joueurs de l'époque me disent que je disais déjà que ce club serait un club professionnel.La mayonnaise a bien pris avec l'équipe du TFC, même auprès des gens, des Toulousains. Tu t'es vite intégré à Toulouse ?C'est une belle ville et les gens sont sympathiques avec moi. Dans quelque temps ils seront peut-être moins sympas si on n'obtient pas de résultats, mais j'en aurai les responsabilités. J'aimerai quand même édulcorer les propos dithyrambiques de Nico, c'est toujours les joueurs qui gagnent les matchs, c'est eux qui contribuent à l'exploit. Les entraîneurs, on est des metteurs en scène, certes, on a bien sûr un impact sur l'équipe, mais ce n'est pas moi qui marque les buts, qui centre, qui souffre, qui sus pour le coéquipier. Ce qu'il y a de superbe, et c'est ça l'exploit, c'est que sont les mêmes joueurs qui ne couraient pas beaucoup, mal, qui ne jouaient pas très bien et qui ne marquaient pas de points. Ils ne donnaient pas d'émotion et semblaient vides, c'est exactement les mêmes joueurs qui ont réalisé un parcours de 4e ou de 5e sur les 10 derniers matchs alors qu'ils sont 19e sur 28 matchs. C'est là où l'on se dit qu'il y a d'autres dimensions que celles qu'on maîtrise ou que les paramètres qu'on essaye de maîtriser et qu'on dit sportifs, il y a d'autres paramètres psychologiques qui interviennent.
"Tout ce que j'ai dit s'est réalisé"
Ça vous a surpris de transfigurer cette équipe à ce point ? Vous vous attendiez à une telle mesure, que ce soit dans le jeu, dans l'attitude du groupe et dans le rapport au public ?Si j'ai signé, c'est parce que j'avais cet espoir-là. Si vous reprenez mes déclarations au début et dans les temps de passage, vous vous apercevez que tout ce que j'ai dit c'est ce qui s'est réalisé. Ce n'est pas parce que je suis devin, mais parce que j'ai cru. Il a d'abord fallu convaincre le président. Je ne vais pas trahir les secrets de notre premier rendez-vous, mais quand il me demande de venir, il me met d'abord un premier tacle sur ma communication. Il me dit "moi je n'aime pas comment vous communiquez par rapport à vos actionnaires". Il m'a donné un deuxième grief puis il était au bout des griefs donc il a bien fallu qu’il me trouve quelques qualités, autrement, j'aurai considéré stupide de me faire venir en rendez-vous. Par contre, ce qui m'a surpris, c'est qu'il m'a dit qu'il fallait reconstruire, arrêter l'hémorragie et trouver un rebond pour bien appréhender la Ligue 2. Je lui ai dit que je ne comprenais pas : il reste dix matchs, trente points à prendre, je suis venu ici pour entraîner un club de Ligue 1, il y a un espoir et une chance sur deux : on descend ou on reste en Ligue 1. Je lui ai dit : "je vais essayer d'intervenir pour qu'on se maintienne".Le discours du match d'Angers a fait le tour des réseaux sociaux et va sans douter rester dans les annales des speechs de manager. C'était improvisé ou spontané ?Ma méthode est de préparer le dernier speech qui est souvent motivationnel, puisque la tactique a été faite avant. Ma manière c'est pendant la nuit, j'essaye de structuré les idées, c'est souvent aussi au feeling du moment, une dernière idée cinq minutes avant de rentrer. Je ne peux pas l'expliquer, car je ne l'écris pas.Il y avait aussi vidéo faite aux joueurs avec les familles, c'est une chose qu'on fait une fois ?C'est une idée, j'ai demandé à mes collaborateurs de préparer ces 18 petits spots, c'est du boulot quand même. C'est un des paramètres qu'il faut maîtriser, du métier, mais apparemment c'est un paramètre que je maîtrise bien, c'est les joueurs que j'ai coachés qu'ils le disent. J'ai reçu tout un tas de textos, j'ai des joueurs que j'ai coaché il y a plus de 25 ans qui m'ont dit avoir retrouvé des choses incroyables.
"Ca paraît complètement présomptueux, mai j'ai étais sur qu'on allait se maintenir"
Notre consultant rugby Benjamin Boyer avait dit que tu devais très bien connaître ces joueurs pour te permettre ça, car il ne faut pas aller trop loin et que l'émotion tue la performance ?Il y a quand même une part d'inquantifiable, on ne peut pas mesurer l'impact que le dernier speech va avoir sur la performance. Le discours, il se trouve qu'il a plu a beaucoup de monde parce qu'il a été filmé, mais est-ce cela a eu une incidence sur la performance des joueurs, même moi je n'en sais rien. Mais je sais que c'était ce qu'il fallait que je fasse. Je suis partie depuis le 1er mars sur mon idée, à savoir extrêmement positive, et faire croire ce que j'ai cru dans un premier temps et ce dont je me suis persuadé ensuite. Les évènements m'ont aidé à me persuader. Si on avait perdu le premier match à Marseille... C'est une vraie histoire. La veille de Marseille, je fais une syncope et je ne suis pas sur le terrain. Les gars me relèvent, me cois partir et ne me vois pas revenir et m'espère le lundi après avoir match nul et je ne suis toujours pas là. J'arrive le jeudi, ils ont des sourires, la première remarque que je leur fais c'est "alors, vous vouliez encore vous défaire d'un entraîneur ? Ben je suis là moi". Ensuite on bat Bordeaux 4-0, on se retrouve à sept points en deux matchs, ils font vite les calculs, et ainsi de suite. Quand on mord la poussière, les autres aussi, quand on se fait voler à Lorient, on ne prend qu'un point, mais les autres perdent. Le scénario s'emboite bien. Vous avez toujours utilisé de la communication positive aussi.C'était important parce que j'étais comme ça, j'étais dans cet état-là. Je savais qu'on allait se maintenir, ça paraît complètement présomptueux, mais j'en étais sûr. Même à la mi-temps à Angers alors que vous étiez mené 1-0 ce discours très positif à assurer à vos joueurs que vous alliez vous maintenir gagner ce match, comment le reçoivent-ils ?Ils étaient touchés à la mi-temps, c'est pour ça qu'il fallait que je parle comme ça. Des fois il n'y avait pas les caméras de Canal, mais pour certaines mi-temps j'ai envoyé du lourd ou je les aie pourri parce que c'est aussi ça le métier. Ça m'est aussi arrivé de leur dire de se réveiller sur cette période de 10 matchs, cette fois-ci je sentais que c'était de cette manière qu'il fallait procéder.
"En tant qu'entraineur, si jeux garder Wissam, je le garde"
Tu as rencontré le président pour discuter de la prochaine saison ? Le projet Pascal Dupraz à 100% est accepté, il adhère à toutes des requêtes ?On a discuté de la prochaine saison et de beaucoup d'autres choses, mais je ne vais rien vous dire. Je n'ai pas tant de requêtes que cela, mais j'ai fait part de mes remarques au président, il m'a fait part des siennes : ses attentes, il m'a fixé des objectifs, mais ce n'est pas à moi de les communiquer, quand il aura décidé de communiquer, je pense qu'il le fera.Il y a encore un espoir de garder Wissam Ben Yedder au TFC à l'année prochaine ?Moi en tant qu'entraîneur, si je peux garder Wissam, je le garde. Mais s'il a un deal avec le président, c'est logique qu'il s'en aille. S'ils ont un deal écrit, ils vont devoir le respecter, aussi bien l'un que l'autre. Mais ce n'est pas parce qu'on perd Wissam qui a fait quelque d'extraordinaire encore cette saison qu'il a battu son record de buts, c'est un contexte particulier ou au début ce n'était pas le grand amour entre lui et sa direction, ça prouve qu'on a perdu un bon joueur, mais il y en a beaucoup d'autres de bons joueurs, déjà à l'intérieur du groupe, et puis aussi on peut aller en chercher d'autres, car Toulouse est un club sain et compétitif qui doit séduire d'autres joueurs. Vous ne savez pas pourquoi il y en a un qui a annoncé ne plus jouer au Paris Saint-Germain la saison prochaine ? Parce qu'il va venir au TFC, mais le problème c'est qu'il y a un hic, le coach ne le veut peut-être pas celui-ci. Toulouse est une ville où évoluent de nombreux clubs sportifs en professionnel. Est-ce que ça a été une idée de prendre contact avec les entraineurs au rugby, au hand, au volley, etc ?Je suis dans l'échange, je suis quelqu'un de curieux. Je pense que c'est une qualité, il faut savoir s'ouvrir, il y a quelques fois des méthodes tirées d'autres sports que vous pouvez adapter au football et à son management. Ici, c'est une ville de plus grande ville sportive de France. Il y a des personnages, Ugo Mola, j'aimerai bien le rencontrer, j'ai rencontré dernièrement l'entraineur du rugby à Colomiers, c'est un vrai personnage. J'ai passé un super moment, juste le regard j'ai cru qu'il allait me tirer un coup de boule. C'était trop bon, son équipe est à son image. De toute façon les équipes sont à l'image des coachs. Mais encore une fois, il n'y a pas que ça, ce qu'il faut c'est que le public passe un bon moment. Pour qu'un supporter de football pardonne son équipe quelque soit le résultat, c'est qu'il ait le sentiment que le joueur ait tout donné.