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Podcasts, séries et pêche à la ligne, les drôles d'occupations des marins du Vendée Globe

Comment combattre l'ennui autour du monde ? Dans les quarantièmes rugissants ou à côté du Cap Horn, les navigateurs du Vendée Globe ont toujours disposé d'une multitude d'activités pour tromper la routine... Mais leurs passe-temps ont bien changé au fil des années.

Loic VENANCE - AFP

Comment combattre l'ennui autour du monde ? Dans les quarantièmes rugissants ou à côté du Cap Horn, les navigateurs du Vendée Globe ont toujours disposé d'une multitude d'activités pour tromper la routine... Mais leurs passe-temps ont bien changé au fil des années.

En 1990, le marin Titouan Lamazou est le premier de l'histoire à franchir la ligne d'arrivée de l'Everest des Mers, dont la dixième édition s'élance dimanche des Sables-d'Olonne.

Marin de profession mais artiste dans l'âme, il était parti 109 jours plus tôt des côtes françaises avec dans son voilier seulement quelques livres offerts par ses proches.

"Ils ne savaient pas combien de temps on allait partir. La plupart offraient des bouquins, j'aurais pu faire une bibliothèque. Je n'ai pas tout embarqué... je ne suis pas parti pour être bouquiniste, je suis parti pour gagner", remarque-t-il amusé auprès de l'AFP en 2024.

"J'ai pris deux petits bouquins, parce qu'ils étaient assez fins et écrits d'un auteur que je ne connaissais pas à l'époque: Alvaro Mutis. Ces deux bouquins, je les ai lus en boucle pendant le Vendée", se souvient-il en pensant aux temps calmes de sa traversée.

- Playlist en pagaille -

"Je m'étais dit aussi que j'allais dessiner, que je ferai un petit dessin chaque jour et que ça ferait un carnet. J'ai commencé, mais ces bateaux ne sont absolument pas confortables : ils vibrent tout le temps, ils tapent dans l'eau", dit Lamazou, qui a rapidement arrêté.

Trente cinq ans plus tard, les bateaux sont encore très inconfortables à mener autour du monde, mais la technologie à bord a beaucoup évolué. Grâce au système Starlink, qui équipe une bonne partie la flotte, certains marins ont accès à internet en permanence.

La skipper Clarisse Crémer à bord de son Imoca 60 "L'Occitane en Provence" avant le départ du Vendée Globe, course à la voile en solitaire autour du monde, le 6 novembre 2024 aux Sables-d'Olonne.

Loic VENANCE - AFP

Dans les coups durs ou au beau milieu de la pétole, ils peuvent donc s'appuyer sur les services de streamings musical populaires utilisés habituellement à terre. Des skippers ont même bénéficié de playlists personnalisées concoctées par leurs proches.

"Les bruits du bateau sont tellement violents parfois. Lors du dernier Vendée, j'ai beaucoup écouté les musiques de Ben Mazué et Pomme, cela me permettait de souffler de temps en temps", explique Clarisse Crémer (L'Occitane en Provence).

Pour la benjamine des partants Violette Dorange (Devenir), le voyage sera plutôt accompagné par la voix de l'artiste américaine Billie Eilish et les rares moments de creux seront passés sur sa liseuse remplie de livres numériques.

De son côté, Yoann Richomme (Paprec Arkéa), l'un des favoris, compte "bien rigoler un peu de temps en temps" grâce aux podcasts des Grosses Têtes et se tenir informé de l'actualité en lisant régulièrement Le Monde au réveil.

- Game of Thrones autour du monde -

"Je suis quelqu'un qui a tendance à s'ennuyer très vite et je n'aime pas particulièrement la solitude, j'aime être au courant de ce qu'il se passe, reconnait le Varois, je peux aussi appeler souvent mes proches pour me remonter le moral".

"On a quand même pas énormément de temps pour s'ennuyer", affirme l'expérimentée Samantha Davies (Initiatives Coeur) qui part pour son quatrième tour du monde en solitaire.

"On passe beaucoup de temps devant les logiciels de cartographie et quand on a rien à faire, c'est souvent le moment d'envoyer des vidéos pour communiquer sur notre projet", dit-elle.

Le skipper français Guirec Soudée sur son monocoque Imoca Freelance.com, au large de Concarneau, le 5 avril 2024.

Le skipper français Guirec Soudée sur son monocoque Imoca Freelance.com, au large de Concarneau, le 5 avril 2024.

LOIC VENANCE - AFP/Archives

Seule exception à la règle pour cette compétitrice née : lorsque les enjeux sportifs ont disparu, comme en 2020, où elle a choisi de terminer hors course après avoir percuté un ofni.

"Là je me mettais un peu moins de pression du coup... On m'avait filé tout Game Of Thrones sur une clef USB. J'avais dévoré toutes les saisons avant mon arrivée, c'était énorme", rigole la Britannique.

Par esprit d'aventure ou par souci de budget, certains marins ont tout de même choisi de se passer du dispositif hyper-connecté d'Elon Musk.

"Je ne suis pas trop Netflix dans les mers du Sud, par contre j'ai prévu des fils de pêche pour tenter d'attraper des bons poissons et changer un peu du lyophilisé", lâche le jeune Guirec Soudée (Freelance.com).

Paul Meilhat (Biotherm), lui, tente de philosopher : "Après des années de préparation et trois semaines de village, on sera seul en mer. La course, c'est la priorité, mais je pense que je vais essayer d'apprécier de m'ennuyer de temps en temps".

Par François D'ASTIER / Les Sables-d'Olonne (France) (AFP) / © 2024 AFP

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