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Robert Redeker : "Le foot est un paganisme à une époque où on ne croit plus en grand-chose"

Par Mathieu D'Hondt

Robert Redeker (Auteur du livre "Peut-on encore aimer le football?") était ce mercredi l'invité de Patrick Roger dans le Grand Matin Sud Radio.

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Peut-on encore aimer le football ? Telle est la question que se pose le professeur de philosophie Robert Redeker dans un livre éponyme (aux Éditions du Rocher), qu'il est venu nous présenter ce mercredi dans le Grand Matin Sud Radio.

"C'est le rôle du foot de rassembler parce qu'il n'y a plus rien qui rassemble dans nos sociétés"

Grand amateur de ballon rond, il dépeint dans son ouvrage un sport dont l'évolution a grandement modifié la perception. "Je dis bien 'encore' (dans le titre), cela veut dire que le football contemporain pose un certain nombre de questions qui peuvent conduire à une sorte de désaffection ou une sorte de désamour, nous explique-t-il ainsi.

"Les amateurs excessifs de football accordent trop aux joueurs et valorisent trop le foot. Il ne faut pas oublier que ce n'est qu'un jeu qui engendre des passions mais ces passions doivent avoir une certaine limite", poursuit-il. "Le football est un nouveau paganisme à une époque où les gens ne croient plus en grand-chose de transcendant. Un paganisme avec quand même un grand Dieu qui est, hélas, l'argent avec une sorte d'idolâtrie et de fétichisme. On voit des gens payer assez cher pour avoir un maillot, fabriqué au Pakistan, avec le nom de Messi ou Neymar", insiste-t-il encore. 

Hasard du calendrier, sa venue dans nos studios coïncide avec le jour de la finale de l'Europa League entre l'OM et l'Atlético de Madrid. Ce match - qui se déroulera dans l'antre de l'OL à Décines-Charpieu (Rhône), au grand dam de nombreux supporteurs lyonnais - suscite l'engouement de tous les fans de football, à l'exception peut-être de ceux du PSG. Pour notre invité, ce genre d'événement fédérateur représente l'essence même d'un football qui demeure l'un des ultimes facteurs de rassemblement au sein des sociétés modernes. "C'est le rôle même du football (de rassembler) parce qu'il n'y a plus rien d'autre, dans nos sociétés, qui rassemble les personnes, qu'elles soient de la haute société ou au RSA. Ils se retrouvent tous rassemblés mais c'est un rassemblement qui, bien entendu, ne dure pas. Ce n'est pas comme les grandes institutions d'autrefois qui soudaient longuement", tient-il toutefois à nuancer, évoquant notamment l'influence sociétale que pouvaient avoir, jadis, "l'Église" ou la "politique". "C'est un jeu mais tout ce qui tourne autour du football crée quand même, dans le pays, une sorte de climat d'obligation à s'y intéresser donc il y a une contrainte douce. Ce serait très difficile, pendant une Coupe du monde, de déclarer qu'on n'aime pas le football et qu'on n'aime pas l'équipe de France (...) Je constate que les gens qui n'aiment pas le football sont en position délicate, tous les 4 ans*, ou quand il y a une finale de Ligue des champions" , affirme-t-il par ailleurs.

*Les grandes compétitions internationales de football comme l'Euro et la Coupe du monde sont généralement organisées tous les 4 ans, les années paires.

>> Retrouvez l'intégralité de l'interview, disponible en podcast

 

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