Aujourd'hui tu es sélectionneur de l'équipe de Rugby d'Algérie après en avoir été le capitaine. Vous vous apprêtez à vivre un rêve. Votre premier match officiel de rugby en Algérie. Comment en êtes-vous arrivé là ?Oui c'est vraiment un rêve qui va se réaliser. Ça a commencé il y a très très longtemps durant la colonisation française. Il a disparu durant quelques années et est revenu en 2006 quand mon frère a ramené un ballon de rugby sur la place de notre ville. Tout le monde la regardé avec des grands yeux. Il a commencé à bosser et il a créé une équipe. J'ai eu l'honneur de devenir le premier capitaine de cette équipe quand je jouais à Oyonnax. Et petit à petit on a fait notre petit bonhomme de chemin. On a cru à notre projet et la semaine prochaine on va jouer notre premier match officiel.Comment vous fonctionnez ?On se débrouillait comme on pouvait. Sur beaucoup de voyages, les joueurs se sont investis financièrement pour pouvoir participer à ces matchs. On a récupéré des sous à droite et à gauche comme on pouvait.Vous avez le soutien du ministère des Sports ou de la FFR ?Non. La fédération française a autorisé quelques matchs en France, mais durant quelques années on n'a pas eu beaucoup de soutien. Il y a eu plutôt de la sueur de la part du groupe de travail. Les soutiens sont arrivés après. Au mois de mai, on a fait un tournoi international reconnu par l'IRB. L'État algérien nous a beaucoup aidés pour cet événement. On sent un soutien fort de la part du pouvoir algérien aujourd'hui.Comment vous vivez dans l'ombre du football en Algérie ?C'est complètement différent. Le foot est vraiment très important en Algérie. Les gamins jouent tous au foot et le foot c'est leur vie. Nous, on ne se compare pas. La population est très jeune. Donc on va essayer. Il y a de la place pour tout le monde. On essaie juste d'exister et de faire parler de nous pour que des jeunes jouent au rugby.Vous voulez former des jeunes, mais aussi formez des éducateurs ?Bien sûr. On fait déjà des formations. On fait des formations reconnues par l'IRB. Dernièrement on a fait une initiation rugby dans une école. C'était une première dans notre pays.Aujourd'hui, comment tu constitues ton équipe ?C'est une équipe, mais aussi un groupe de travail. On n'a pas encore l'agrément de l'administration donc on ne peut pas faire libérer les joueurs qui jouent en Pro D2 et il y en a pas mal. Pour le moment on est affilié fédération. Quand on recevra les papiers officiels, on pourra appeler de très bons joueurs. Mais notre objectif c'est de former des joueurs. C'est pour ça que notre volonté de créer un championnat en Algérie est importante. Pour avoir 15% ou 20% de joueurs qui jouent en Algérie. On veut lancer le projet pour montrer aux gens la beauté de ce sport et des valeurs qu'il y a autour. On veut prouver en Algérie que le rugby et un sport magnifique qui peut aussi apporter en dehors du sport. À titre personnel, c'est aussi un rêve qui va se réaliser parce qu'on en parlait quand on était gamin. Ce sera gravé dans notre mémoire à vie.L'enjeu sportif est donc secondaire sur ce match ?Bien sûr que l'on veut gagner parce que la victoire est importante. On veut gagner. C'est vraiment le match qui fera que l'on va avancer plus vite.
Salim Tebani : "On veut que les jeunes jouent au rugby en Algérie"
Par Justin Boche
L'ancien joueur d'Oyonnax et actuel sélectionneur de l'équipe d'Algérie était l'invité exceptionnel de Judith Soula ce soir dans Sud Radio Sport avant le premier match officiel de l'histoire en Algérie de son équipe.